La plupart des audacieux auront gardé un arrière-goût amer du Grand Prix de Québec. Si les attaques ont été maîtrisées par les grosses équipes comme BMC et Katusha, c’est bel et bien Rigoberto Uran qui s’est imposé, en décramponnant ses adversaires à l’issue d’un relais très appuyé sous la flamme rouge. Le parcours du Grand Prix de Montréal a lui toujours offert une course de mouvement. Pour les puncheurs, c’est donc l’une des dernières opportunités pour s’illustrer avant les championnats du Monde qui auront lieu dans deux semaines.

– Les Favoris

**** Michael Matthews : On ne change pas les bonnes habitudes du côtés des australiens d’Orica – GreenEDGE. Quand Gerrans avait réalisé le doublé Québec-Montréal il y a douze mois, toute l’équipe océanienne s’était mise à sa disposition. Michael Matthews profitera donc du même travail de sape de la part de ses coéquipiers, déjà très en jambes vendredi. Dans un dernier kilomètre nécessitant énormément de puissance, celui qui a porté le maillot rose en mai s’est permis le luxe de devancer Alexander Kristoff, bien que surpris par Rigoberto Uran. Habitué à se faire la peau pour croire en ses chances en cas de sprint, voici le client numéro un en cas d’arrivée groupée, ce qui fut le cas l’an passé.

**** Greg van Avermaet : Il y a deux jours, Greg van Avermaet s’était mis à la planche pour son compatriote Philippe Gilbert, plus à l’aise dans la configuration du final québecois. Mais le profil du Grand Prix de Montréal, plus vallonné, offre bien plus de chances aux attaquants, et le Flamand devrait s’y illustrer peu importe le scénario de course. Capable d’attaquer dans des pourcentages élevés mais aussi de sprinter pour la gagne, l’autre étoile de l’équipe BMC prétend elle aussi à un poste de leader de la sélection belge à Richmond. Sur une excellente dynamique estivale, il n’a donc pas vraiment le droit à l’erreur.

– Les Outsiders

*** Julian Alaphilippe et Rigoberto Uran : Très actif durant le premier acte canadien, le puncheur français pensait certainement opérer la sélection dans un peloton encore consistant à l’approche du dernier tour. Et bingo, son partenaire Rigoberto Uran l’a emporté. Si l’équipe Etixx peut compter sur de nombreux atouts, c’est bel et bien l’audacieux Alaphilippe qui pourrait tirer les marrons du feu sur le parcours de Montréal, plus propice aux détachements de petits groupes sur les différentes côtes du circuit. Mais, si le Colombien possède des jambes de feu, il ne fait aucun doute qu’il tentera de réaliser le doublé. Lui aussi est un homme polyvalent.

*** Diego Ulissi : L’Italien, vainqueur d’étape sur le Giro, tient une bonne forme en cette fin d’été. Actif en août, il vient de prendre la cinquième place du Grand Prix de Québec, sans avoir vraiment bougé auparavant dans la course. S’il décide de passer à l’offensive, par exemple dans la sélective côte Camilien-Houde, ses chances de victoire pourraient plus facilement se concrétiser. À l’image de ce qu’à fait Rigoberto Uran avant l’emballage final, Ulissi et les autres doivent se débarrasser des sprinteurs. Et ce, si possible, en durcissant la course sans trop attendre.

*** Bauke Mollema : Sixième en haut du vieux Québec, le Néerlandais Mollema peut se satisfaire de cette place d’honneur, sachant que le profil n’était pas vraiment là pour l’avantager. Grimpeur avant tout, il attend logiquement les difficultés de la ville de Montréal pour sortir du peloton, et tenter une offensive dans le dernier tour de circuit. Le scénario idéal pour lui serait d’accrocher un petit groupe, et de sortir en solitaire au sommet de la Polytechnique, ou les pentes atteignent une déclivité de 11%. Après avoir gagné sa première course par étapes dans l’Alberta, Mollema veut sa première classique.

*** Tony Gallopin : Sûr de lui, Gallopin n’a pas tenté de sortir du peloton dans la côte de la Montagne, et a du se contenter d’un accessit sur les hauteurs de Québec. En retrouvant sa grinta offensive, le Francilien peut viser plus haut, et miser sur ses qualités en vitesse pure pour espérer régler une dizaine d’hommes au sprint, sur la très cassante avenue du Parc. Ayant déjà gagné de belles victoires en prenant l’initiative, le porteur du maillot Lotto-Soudal a toutes les clés en main pour rassurer Bernard Bourreau avant l’échéance américaine de fin septembre.

– À ne pas sous-estimer

** Tom-Jelte Slagter et Ryder Hesjedal : Toujours en difficulté dès que la barre kilomètrique dépasse les 200 kilomètres, Slagter s’est cependant toujours mis en valeur dans ce genre de classiques. Quatrième cette année à Québec, il prouve encore une fois qu’il possède d’excellentes qualités de puncheur. Mais sa relative timidité en course laisse penser qu’il aura plus de mal à rééditer ce résultat sur un circuit plus agressif comme celui de Montréal. Le héros national Ryder Hesjedal pourrait alors en profiter. Fidèle soutien et seizième vendredi, il a déjà terminé sur le podium le dimanche à deux reprises. Il sera survolté, et ne lâchera rien, bien entendu.

** Alexander Kristoff : Grand favori de la première des deux classiques canadiennes de septembre, Alexander Kristoff a laissé passer sa chance, et a montré que le scénario parfait ou les équipes de sprinteurs contrôlent l’intégralité de la course possède toujours une faille. Moins explosif que son rival Matthews, on le voit moins disputer la gagne à Montréal que vendredi à Québec. De plus, ne pas trop se faire remarquer serait un bon moyen d’éviter la pancarte aux Mondiaux. Gerrans, imbattable au Canada, l’avait dans le dos à Ponferrada, et avait justement échoué.

** Warren Barguil : Tout aussi plaisant à voir courir sur les Grands Tours que sur les classiques, le Breton ne chôme pas pour sa découverte du week-end canadien. Neuvième du Grand Prix de Québec, il trouvera à Montréal un terrain plus adapté à son caractère casse-cou. En 2011 et 2012, des duos et trios ont su résister au retour du peloton des favoris. Alors, pourquoi ne pas s’en inspirer ?

* Rui Costa : Le Portugais est un ancien vainqueur du Grand Prix de Montréal. C’était en 2011, quand il évoluait encore au sein de l’équipe Movistar. Parti en compagnie de Pierrick Fédrigo et Stefan Denifl à sept kilomètres de l’arrivée, il avait trouvé les ressources suffisantes pour battre le français au sprint et contenir le kilomètre lancé de Philippe Gilbert. Toutefois, depuis son abandon prématuré au Tour de France, Costa semble émoussé, et n’est pas à son meilleur niveau.

* Lars-Petter Nordhaug : Autre nom inscrit au palmarès de cette jeune classique, celui de Lars-Petter Nordhaug. Toujours très discret, l’infatigable Norvégien portera les espoirs de top 10 d’une équipe Sky qui a perdu Bernhard Eisel sur chute. Régulier, il ne faudra pas le sous-estimer, puisque quand Nordhaug est là, la victoire lui échappe rarement.

* Robert Gesink : Pour terminer de se remémorer les souvenirs des années précédentes, notons la présence du premier vainqueur de l’épreuve, Robert Gesink. Très en verve quand il fait le détour par le Canada au lieu du Tour d’Espagne, Gesink se contente rarement de suivre, et n’hésite pas à faire le spectacle. Sur une course ouverte comme celle-là, c’est toujours bon à prendre.

Mentions : Romain Bardet, Davide Formolo, Jakob Fuglsang, Roman Kreuziger, Michal Kwiatkowski, Arthur Vichot, Paul Voss et Adam Yates.

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