On avait quitté Bauke Mollema profondément déçu sur les Champs-Elysées. Dauphin de Chris Froome à mi-Tour, le Néerlandais s’était complètement écroulé lors des deux dernières étapes alpestres, l’ayant éjecté du top 10. Après un court break, ce coureur à la remarquable régularité s’est relevé de la meilleure des façons, décrochant sa plus belle victoire sur la Classique de Saint-Sébastien. Et c’est mérité.

Il rompt la tradition

D’habitude, c’est toujours un coureur qui finit fort la Grande Boucle qui parvient à tirer son épingle du jeu, sur les deux cent kilomètres tracés en pleine province du Guipuzkoa. Luis Leon Sanchez en 2012, Tony Gallopin en 2013, Alejandro Valverde en 2014, illustrent le fait que le rythme accumulé en France est souvent déterminant, même si El Imbatido avait souffert en troisième semaine. Au même titre, Adam Yates, bien que peu en vue sur l’édition 2015 du Tour de France, avait pu devancer des adversaires tels Philippe Gilbert, en coupure pendant l’été. Mollema, a réussi à se refaire la cerise, plantant la banderille décisive au sommet de la dernière difficulté de l’épreuve. Un scénario devenu immuable, par ailleurs regrettable, mais qui n’enlève en rien le mérite du nouveau vainqueur, qui inscrit pour la première fois de sa carrière son nom au palmarès d’une course d’un jour World Tour.

Un CV à remplir

Jusque là, le garçon ne possédait que trois autres victoires professionnelles. Une au sprint, sur une étape de transition du Tour d’Espagne 2013 au final débridé, le général du Tour de l’Alberta en septembre dernier et la Japan Cup, en clôture de la saison 2015. Des références qui montrent que ce pur produit de la maison Rabobank, où il y a plus ou moins passé neuf années, à bel et bien l’habitude de briller en deuxième partie de saison. Et donc en Espagne. Quatrième de la Vuelta en 2011, derrière Cobo, Froome et Wiggins, mais devant Menchov et Nibali, il s’était alors révélé au grand public. La « Clasica », fait partie des courses qu’il affectionne. Restant sur quatre tops 10 consécutifs, dont une deuxième place en 2014, Mollema tourne très souvent autour du pot sur les grandes occasions. Habitué à disputer les classiques ardennaises, il avait à chaque fois pris place parmi les dix premiers lors du triptyque de 2012.

Défendre son territoire

Une belle prestation qui pourrait par ailleurs le remettre sur les bons rails en vue de la course en ligne des Jeux Olympiques, qui aura lieu dans une petite semaine, au Brésil. Le tracé étant favorable à un grimpeur, l’homme de Groningue fera partie des candidats naturels à une médaille. Si ses adversaires se regardent encore au sommet de la dernière ascension, nul doute qu’il sera en première ligne pour espérer tirer les marrons du feu. Mais c’est peut-être à plus long terme que Mollema pense. Le mercato ne commence officiellement que le premier août, mais les rumeurs vont déjà bon train dans les coulisses du peloton. Et parmi elles, l’hypothétique arrivée d’Alberto Contador chez Trek-Segafredo grossit. Plus tôt dans l’année, les médias italiens avaient fait l’écho de l’intérêt porté par le co-sponsor transalpin, prêt à sortir le chéquier, pour convaincre Vincenzo Nibali de rejoindre la même formation. Quoi qu’il en soit, le statut de leader de Mollema est potentiellement menacé, et ses défaillances en troisième semaine de Grand Tour ne parlent pas pour lui. Sauf avec ce genre de succès, qui parvient souvent à gommer les imperfections précédentes. À surveiller.

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