Le Tour de Pologne, qui débute demain par une étape en circuit dans les rues de la capitale Varsovie, est réputé pour offrir une semaine de course des plus ouvertes, ou les favoris annoncés sont souvent débordés par des outsiders profitant de la condition de reprise des grands noms de la feuille de départ. L’an dernier, Rafal Majka avait cependant fait honneur à son statut de meilleur grimpeur en lice, en s’adjugeant son tour national. Cette année, les spectateurs amassés le long des routes acclameront haut et fort le nom de Michal Kwiatkowski. Le champion du monde, battu par Moreno Moser en 2012, aura la pancarte ces prochains jours.

Les favoris

**** Michal Kwiatkowski : Fort de la tunique arc-en-ciel, Kwiatkowski a réussi à faire abstraction de l’habituelle malédiction pour remporter l’Amstel Gold Race, ou encore terminer deuxième de Paris-Nice derrière l’imbattable Richie Porte. Mais depuis son début de saison satisfaisant, le protégé de Patrick Lefévère ne s’est plus signalé sur les courses auxquelles il eut pris part. Néanmoins, la présence du Tour de Pologne dans son calendrier devrait le survolter. Excellent puncheur, capable d’aller gratter des bonifications un peu partout, Kwiatkowski a déjà porté le jaune deux jours dans son pays natal. Cette année, il veut la gagne, et rien d’autre. Ce qu’il pourra espérer décrocher durant le contre-la-montre final, à Cracovie. Si la forme est au rendez-vous, il s’agit sans doute du candidat le plus complet à la victoire finale, de quoi en faire un favori naturel.

**** Sergio Henao : Aux côtés de Moser et Kwiatkowski, Sergio Henao était le troisième larron de l’édition 2012, portant au pouvoir la jeune génération. Depuis, le Colombien a pris de la bouteille, mais n’a toujours pas réussi à gagner une course d’une semaine parmi les épreuves World Tour. Deuxième du relevé Tour du Pays Basque cette année, Henao a également pris la septième place de Liège-Bastogne-Liège, et la troisième du Tour de Californie. Auteur de sérieux progrès dans l’exercice solitaire, celui qui avait terminé neuvième d’un Giro peut espérer ravir la première place à l’arrivée, à condition de faire parler la poudre dans les circuits de Zakopane et Bukowina. Il lui faudra nécessairement créer la différence à un moment ou un autre.

Les outiders

*** Robert Gesink : Sixième à Paris, Gesink sort d’un mois de juillet abouti. Avant de couper pendant un bon mois jusqu’aux classiques canadiennes, faisant office de point de départ du sprint final automnal, le Néerlandais de l’équipe Lotto-Jumbo a décidé de faire le détour en Pologne. Spécialiste des courses par étapes, il a déjà terminé deuxième d’un Tour de Pologne, et c’était en 2007, derrière Johan Vansummeren. Alors, pourquoi ne pas profiter de sa belle dynamique pour signer un nouveau podium en Europe Centrale, voire mieux ?

*** Ion Izagirre : Le Basque est devenu au fil de années une valeur montante des courses d’une semaine. Même son équipe Movistar ne s’y trompe pas, lui laissant de plus en plus de libertés, et ce même en présence des leaders habituels de la formation espagnole. Troisième au Pays Basque en devançant entre autre Nairo Quintana, le garçon de 26 ans reste principalement sur deux places consécutives de dauphin en Pologne. En 2013, Pieter Weening l’avait battu dans le chrono final, mais celui-ci faisait presque quarante kilomètres, tandis que l’an dernier, il lui a manqué huit secondes pour détrôner Rafal Majka. Le tenant du titre est justement absent. Une occasion à saisir pour le cadet d’une fratrie qu’on dit convoitée de toute part sur le marché des transferts.

*** Ilnur Zakarin : Le Russe a réalisé des mois d’avril et de mai de très haute volée. Neuvième du Tour du Pays Basque, il est allé chercher à la surprise générale et au panache la victoire finale sur le Tour de Romandie, au nez et à la barbe de Thibaut Pinot, Christopher Froome, Vincenzo Nibali, Nairo Quintana, mais surtout de son coéquipier Simon Spilak, vert à l’arrivée. Vainqueur d’étape par la suite sur son premier Tour d’Italie, Zakarin a fait une entrée fracassante parmi les meilleurs, et se doit de confirmer. Le Tour de Pologne pourrait lui convenir, avec un chrono final pas trop long, et plusieurs étapes pour costauds. Il sera à surveiller dans les ascensions répétées de l’avant-dernière étape.

** Przemyslaw Niemiec : Le capitaine de route de la Lampre évoluera également à domicile. Cinquième l’année dernière, Niemiec arrive toujours à se sublimer pour les grands évènements, comme en témoigne ses grosses performances sur le Tour d’Italie en 2013, mais ne peut effacer le poids des années qui commence à le rattraper. À 35 ans, sa saison 2015 est pour l’instant anonyme, si l’on excepte une douzième place en mars à Tirreno-Adriatico. Son épreuve de prédilection servira une fois de plus comme tremplin au dernier Grand Tour de l’année, la Vuelta. Mais à l’expérience, il pourrait bien faire mieux qu’un top 10 à Cracovie.

** Fabio Aru : Déjà l’année passée, le Sarde attirait toutes les attentions au départ du Tour de Pologne. Et pour cause, sortant d’un Giro brillant, Aru y opérait sa course de reprise, avant de mettre cap sur le Tour d’Espagne. Le programme est similaire en 2015, et nul ne connaît le véritable état de forme du mystérieux grimpeur d’Astana. Cité comme favori il y a un an, il avait terminé anonyme 64ème. On ne va donc pas trop s’aventurer sur ses chances de victoire finale, mais son standing suffit de faire de lui un candidat crédible au maillot jaune, s’il en a les jambes, et l’envie.

À ne pas sous-estimer

** Moreno Moser : Où est passé Moreno Moser ? Le neveu du célébrissime Francesco, coureur mythique des années 70 et 80, semble n’avoir jamais encaissé la pression due à sa prometteuse saison 2012, ou rappelons-le, le Transalpin avait enchaîné les victoires sur le Trofeo Laigueglia, le GP de Francfort, et bien évidemment le Tour de Pologne. Également victorieux des Strade Bianche l’année suivante, Moser a disparu des écrans radars depuis. Mais heureusement, il a eu la bonne idée d’y pointer à nouveau le bout de son nez pendant le Tour d’Autriche. Victorieux au sprint de la dernière étape, il a mis un terme à deux années de disette. Le retour de Moser est-il acté ?

** Christophe Riblon : L’expérimenté baroudeur de l’équipe savoyarde AG2R la Mondiale a fait du Tour de Pologne l’un de ses nouveaux moments incontournables de sa saison, après le Tour de France. Vainqueur à l’Alpe d’Huez sur la Grande Boucle de 2013, Riblon avait alors étonné son monde en s’imposant sur la deuxième étape de montagne, puis en cédant seulement sur le fil le maillot jaune, au terme du chrono. Le natif de Tremblay-en-France a même récidivé en 2014, terminant au pied du podium pour pas grand chose. Répondra t-il présent une troisième année de suite ?

* Robert Kiserlovski : Très bon grimpeur, le Croate n’a pas été à son avantage en cette saison 2015, devant successivement travailler pour Alberto Contador et Rafal Majka. Mais assez régulier dans ses efforts, l’ancien coureur de Liquigas pourrait trouver un terrain à sa convenance pour signer un nouveau top 10. Cependant, il serait bien inspiré d’attaquer si ses jambes lui permettent, car le contre-la-montre n’est pas du tout sa spécialité.

* Darwin Atapuma : En 2013, quand il portait encore le maillot Colombia, Atapuma s’était fait remarquer en remportant en solitaire l’étape de Bukowina Tatrzanska, un classique du Tour de Pologne. Septième du Tour de Catalogne en début d’année, puis seizième du Giro, Atapuma a pris de la caisse, et aura carte blanche chez BMC. Il serait étonnant de le voir rester tranquillement au chaud.

* Sébastien Reichenbach : Treizième de son Tour de Suisse, et deuxième de ses championnats nationaux, Sébastien Reichenbach sera le meilleur atout de la formation IAM Cycling pour le classement général. Mais le Valaisan aurait probablement préféré un parcours un petit peu plus sélectif pour s’exprimer, lui qui aime les longs cols alpins.

Mentions : Carlos Betancur, Lawson Craddock, Philip Deignan, Davide Formolo, Benat Intxausti, Davide Rebellin, Ivan Santaromita, Diego Ulissi, Petr Vakoc et Jürgen van den Broeck.

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