La réussite insolente de ses meilleurs sprinteurs conjuguée à l’épanouissement de certains jeunes talents permet à l’équipe belge Lotto-Soudal d’afficher un très joli bilan comptable en cette fin d’année 2015. 39 bouquets de janvier à octobre et une neuvième place au classement World Tour – soit le meilleur résultat depuis 2012 – laissent donc une excellente impression aux observateurs, conscients d’avoir assisté à l’exercice le plus abouti de la carrière d’André Greipel, au sommet du sprint mondial. La fiabilité de l’Allemand fut en effet plus que déterminant pour palier lors de certaines occasions quelques petites déceptions, qui ne suffisent pas à obscurcir, loin de là, le tableau de la troupe menée par Marc Sergeant.

Trois raisons d’être satisfaits

La domination d’André Greipel sur les sprints massifs. Reconnu pour sa régularité année après année, Greipel n’avait jusque là jamais autant levé les bras sur les plus grandes épreuves du circuit. Parce qu’en 2015, l’Allemand a mis de côté ses habitudes consistant à tout exploser durant les trois premiers mois de la saison. Cette fois, il a été au top entre avril et septembre, et ça change tout. Vainqueur d’une étape sur le Giro et surtout de quatre bouquets sur la Grande Boucle, il a écrasé à la régulière ses concurrents, avec en point d’orgue l’arrivée finale sur les Champs-Elysées. En l’absence de Kittel, la place de patron du sprint était vacante, et à 33 ans, André Greipel a saisi ce qui était peut-être l’opportunité de sa vie. Mais en plus de ça, on a découvert Greipel dans un rôle d’électron libre sur le Tour des Flandres, durcissant la course dans le Molenberg, ou vainqueur en terrain vallonné. A croire qu’il a été inspiré par son compatriote John Degenkolb…

Tim Wellens, symbole du dynamisme régnant. Le puncheur belge au caractère offensif et bien trempé s’est jusque-là toujours vu récompensé lorsqu’il a pris les choses en main. En 2014, il avait réalisé un véritable numéro pour s’offrir l’Eneco Tour, terminé au pied du podium sur le Tour de Lombardie, et achevé son premier grand tour, le Giro. Et cette saison, il a confirmé sa progression linéaire, avec à la clé une deuxième victoire d’affilée au général de l’ancien Tour du Benelux, un premier succès sur une course d’un jour estampillée World Tour – le Grand Prix de Montréal -, un top 10 sur Paris-Nice, et une 15e place à Milan-Sanremo. Il a ainsi définitivement éclipsé le trop irrégulier Jelle Vanendert, et semble parfaitement bien s’entendre avec Tony Gallopin, au profil complémentaire.

Tiejs Benoot, entre Paris-Roubaix et le Dauphiné. Si il y a bien un coureur de l’équipe qui est sorti du lot pour sa première saison professionnelle en World Tour, c’est Tiejs Benoot. Le Gantois aime sa Flandre natale et a pris les rênes de sa formation avec un culot monstre sur le Ronde. Cinquième, il a paru tout aussi lucide que les grands spécialistes, et a pris rendez-vous avec les prochaines éditions. Mais s’il offre plus de garanties que son expérimenté camarade Jürgen Roelandts sur les flandriennes, Benoot possède bien d’autres atouts. 4e du Samyn, 6e d’À Travers la Flandre, 6e de la World Ports Classic, dauphin de Greg van Avermaet sur le Tour de Belgique, 8e au sommet de Villars de Lans sur l’étape la plus folle du Critérium du Dauphiné, 19e sur la Clasica San Sebastian, 8e de l’Eneco Tour, 5e du Grand Prix de Montréal et 4e de Paris-Tours, le nouveau phénomène du cyclisme belge brille partout. Il faut juste qu’il fasse attention à ne pas se disperser…

Deux raisons d’être déçus

Limitée en montagne. En ce qui concerne les classements généraux, les maillots rouges se sont clairement montrés décevants. Si l’on excepte les placettes récurrentes de Bart de Clercq, malheureux deuxième du Tour de Pologne, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Maxime Monfort, toujours aussi discret en course, n’a pu faire mieux qu’une onzième place à Milan, au terme d’un Tour d’Italie visiblement trop difficile pour l’ancien sixième de la Vuelta. Quant à Jürgen van den Broeck, la poisse ne semble jamais le quitter, alors qu’il semblait revenir à un niveau convenable. Quatorzième en Romandie, il aurait pu espérer bien mieux sur le Giro qu’une douzième place bien terne, s’il n’avait pas perdu cinq minutes sur chute dans la descente du Passo Daone… Enfin, constamment à l’oeuvre dans le rôle du baroudeur infatigable, Thomas de Gendt n’a jamais montré le moindre signe d’aisance dans les massifs montagneux, à des années lumières de sa victoire en haut du Stelvio en 2012. Marczynski et Valls, qui arriveront en 2016, ne sont pas des sur-hommes capables de combler un vide aussi grand.

La chute effroyable de Kris Boeckmans. S’il ne s’agit pas d’une déception sportive, le gadin monumental de Kris Boeckmans sur la huitième étape de la Vuelta risque de laisser des traces pendant un petit bout de temps chez l’ancien coureur de Vacansoleil. L’ex-champion d’Europe sur route espoirs s’est vu stoppé net par un traumatisme crânien, trois fractures aux côtes et une hémorragie située au niveau du poumon. Il a même fallu plonger le coureur âgé de 28 ans dans un coma artificiel pendant seize jours pour qu’il ressorte finalement guéri au bout d’un mois. On ne veut bien évidemment pas lui jeter de mauvais sorts, mais cela pourrait avoir un impact sur la suite de sa carrière. Victorieux à neuf reprises en 2015, on lui souhaite la même résurrection qu’Esteban Chaves, donné perdu pour le cyclisme après une fracture de la main au Trofeo Laigueglia, ou encore Andrey Amador, laissé pour mort au fond d’un ravin par une mafia costaricienne.

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