La frustration est à la hauteur de l’attente. La montagne Liège-Bastogne-Liège, encore une fois, a accouché d’une souris. On osait espérer une course de mouvement, après trois années d’ennui. La neige et la nouvelle difficulté qu’était la Rue Naniot devaient aider. Il n’en a rien été. Wout Poels a gagné, et tout le monde reste sur sa faim.
C’est donc ça, un Monument ?
A trois kilomètres de l’arrivée, au moment d’entamer cette inédite Rue Naniot, on comptait encore plus de 40 coureurs dans le peloton. C’est ce qu’on espérait éviter cette année, mais il faudra revenir en 2017 pour voir si certains daignent prendre des risques en sortant plus tôt. Les patrons attendus, de Valverde à Alaphilippe en passant par Rodriguez ou Gerrans, n’ont pris aucune initiative, alors même que les seconds-couteaux Albasini, Poels, Costa et Sanchez s’enfuyaient. Ils ont eu ce qu’ils méritaient. Sur un Monument comme Liège-Bastogne-Liège, les grands leaders se doivent de prendre la course en main. Mais ce dimanche, on n’a vu que leurs équipiers. Zakarin a bien bossé, mais Rodriguez est resté planqué. Comme Valverde, qui a envoyé au charbon Betancur à deux reprises sans jamais bouger de sa selle ensuite. Le Colombien, d’ailleurs, a été le premier à lancer une attaque – si l’on met de côté les échappées du début de course. C’était à 20 bornes de l’arrivée, dans la Roche-aux-Faucons. Et après lui, on s’est encore regardé…
Rosa et Zakarin ont bien tenté leur chance dans la côte de Saint-Nicolas, sans plus de réussite. Et finalement, c’est à trois kilomètres de la ligne que tout s’est joué. Triste scénario pour un Liège que l’on se prenait à rêver fantastique, grâce notamment à la météo. Mais la réalité a pris le dessus, et nos espoirs – un peu trop utopiques – se sont envolés. Bien sûr, l’histoire est belle pour Wout Poels, qui avait quitté le Tour de France 2012 avec un rein et un poumon touchés, la rate percée, trois côtes cassées et une carrière mise entre parenthèse. Mais on attendait tellement plus de « LBL », que l’on classe comme un Monument – avec tout l’engouement et l’excitation que cela implique – mais qui ne cesse de décevoir. Depuis trois ans, la course se jouait dans la côte d’Ans, après la flamme rouge. Cette année, c’est parti d’un peu plus loin, sans que ça suffise à faire retomber l’ennui. C’était trop peu. On était à des années lumière du spectacle attendu par tout un peuple.
Circulez, il n’y a plus rien à voir
A rajouter des difficultés de plus en plus proches de l’arrivée, les organisateurs ont sans doute contribué à cette course d’attente, bien loin de ce qui fascine les amateurs de vélo sur les flandriennes par exemple. Dans les dix derniers kilomètres, il y avait ce dimanche trois difficultés : la côte de Saint-Nicolas, la Rue Naniot et la côte d’Ans. Sur le Tour des Flandres, il n’y en a aucune. Le sommet du Paterberg, dernier mont pavé du parcours, se trouve à presque 13 kilomètres d’Audenarde. C’est peut-être un point sur lequel il faudra se pencher en vue des années futures, car on a du mal à croire que le problème vienne des coureurs. Or, sur le dernier mois, alors que les flandriennes nous ont fait vibrer pendant près de trois semaines, les ardennaises nous ont proposé des courses indignes de leur prestige. Heureusement, ça n’a duré qu’une semaine, et on va pouvoir passer à autre chose.
Très bonne analyse. A ce rythme la, je me demande si on ne va pas voir un sprinter gagner une de ces courses. C’est très probable sur l’amstel et de moins en moins impossible sur liege.
Bonne analyse, je partage tout à fait.
Enorme contraste entre les flandriennes et les ardennaises, et ça ne date pas de cette année malheureusement. On a même pris plus de plaisir sur les Strade Bianche!
Il y en a un que tout ça doit bien faire marrer- ou pas – c’est notre ami Tinkoff, lui qui prône un dépoussiérage du cyclisme, et en particulier du culte des “soit-disant” grandes courses historiques…
Serieux les strade bianche ont été super, la plus belle course de l’année por l’instant. En y repensant après avoir lu ton comm j’ai encore plus l’impression d’avoir bien perdu mon temps hier en regardant les 50 derniers km…
Que dire de plus. La course a été très décevante un peu comme d’habitude maintenant avec les ardennaises et d’autres courses. C’est aussi le cas des grands tours à 4 ou 5 cols par étape qui se jouent dans les derniers kms du dernier. Pour la course il faut féliciter ceux qui ont pris la dernière initiative. Poels est un beau vainqueur tout de même.Parce qu’il est vainqueur. Les français : Barguil fait une bonne place mais il n’a pas pu influer sur la course, Alaphilippe s’est un peu grillé derrière ses équipiers quand son équipe a imprimé le train dans la côte de St Nicolas. Il l’a payé sur la fin. Bardet était bien placé avant les dernières difficultés mais ses petites accélérations dans St Nicolas pour se porter en tête (et se retourner aussitôt) n’ont servi à rien. De plus il est toujours mal à l’aise dans les côtes finales à fort % comme on l’a vu dans la côte pavée. Une déception. Woecler a fait du Woecler mais trop loin de l’arrivée.
Le sommet du ridicule était quand même la monté de st nicolas.Même à 5km de l’arrivée tout le monde trouve le moyen de se marquer.
Et pourtant, quand on arrivait sur le Boulevard de la Sauvenière, ça arrivait bien écrémé, en solo ou en petits groupes.
Façon de courir “à l’époque ” (pas si lointaine pourtant) ou courses actuelles cadenassées ?
certainement un peu des deux. Le gros problème c’est que les côtes courtes font de moins en moin smal à un peloton. le niveau c’est sans doute resseré. Sans remonter à Merckx dans la cote de Stockeu, j’espère qu’on reverra des attques à la schleck qui était parti à 20km. Ca smble le bout du monde au vu des dernières editions.
En effet, on a l’impression que désormais les coureurs ne savent même plus comment attaquer, le comble étant Betancur, qui prenant quelques mètres dans Saint Nicolas se relève, dommage pour la Movistar. La concentration des côtes dans les derniers kms n’arrange rien, et des équipes comme Etixx, préfèrent faire rouler chacun de leurs coureurs plutôt que de tenter de dynamiter dès la Roche aux Faucons en les lançant à l’offensive. Peut être que la réduction du nombre de coureurs pourrait influencer cela, néanmoins, aujourd’hui et dans de nombreux sports, la tactique revient souvent à préférer ne pas perdre plutôt que de gagner, certes un top 10 sur une telle course n’est pas anodin et requiert énormément d’efforts, mais seul le vainqueur reste, on a désormais l’impression que le coureur se dédouane devant son DS, “tu as vu j’étais présent, j’ai fait dans les 10”. Mais qui se souviendra dans 5 ans de la 10ème place de Diego Rosa ?
Un cyclisme mondialisé, qui n’est plus à deux vitesses avec l’arrêt du dopage institutionnalisé et où les méthodes d’entraînement sont progressivement accessibles à tous les coureurs pros, ça donne ce genre de course, il ne manque plus que des initiatives pour s’échapper de la meute tout en risquant de perdre. Les pavés et les monts flandriens opère une sélection plus flagrante que sur l’asphalte, aux coureurs les + forts de forcer la décision + tôt. Andy Schleck avait lancé une offensive victorieuse dans la Roche aux Faucons en 2009 donc rien n’empêche un coureur ambitieux de le faire.
Probablement que les coureurs ont plus peur de perdre que l’envie de gagner. Donc certains coureurs du top 10 ont pu avoir une place d’honneur et des points World Tour qu’il n’aurait probablement pas eu s’ils avaient attaqué plus tôt étant donné que les équipes Etixx et Movistar contrôlaient la course. D’ailleurs, on peut voir que ces équipes ont rien au final donc peut-être que leur tactique n’était pas si bonne au final…
Cette édition a gelé les initiatives, pire pour le spectateur que les 2 dernières, qui avaient vu de l’animation un peu plus tôt dans la course. Les Movistar ont contrôlé comme Orica il y a 2 ans, mais ont complètement raté leur final. Betancur aurait dû mieux joué le coup au lieu de simplement servir d’accélérateur au peloton… Mais les consignes d’équipe…
Cette nouvelle côte pavée change peut-être le profil du vainqueur au détriment des grimpeurs plumes, cela peut varier certaines éditions mais j’espère que ça ne sera pas systématique… Il faudrait davantage penser à ajouter des difficultés autour de la Roche aux faucons plutôt que dans le final…
Cependant, ce sont les coureurs qui font la course, et trop peu ont décidé de tenter leur chance, au moins pour l’honneur, plutôt que d’exploser en tout anonymat dans St-Nicolas…
Il faut dire que, le niveau des coureurs s’étant considérablement resserré, les places sont chères dans les effectifs WT, et qu’on préfère se montrer dans un top 20 final plutôt que dans l’animation de la course…