En ayant remis à l’honneur certaines difficultés des classiques printanières comme juge de paix de l’Eneco Tour, les organisateurs de l’épreuve néerlando-belge ont réussi à attirer un plateau de plus en plus significatif depuis 2012. Si les meilleurs rouleurs peuvent encore espérer s’imposer au général, les spécialistes des classiques ardennaises et flamandes ont bien souvent le dernier mot, grâce à un dernier week-end corsé. Ainsi, l’édition 2015 devrait sourire aux hommes du mois d’avril, comme Philippe Gilbert, Niki Terpstra, Greg van Avermaet, ou encore Tim Wellens. Le tenant du titre aura fort à faire pour conserver son bien.

Les favoris :

**** Philippe Gilbert et Greg van Avermaet : Le duo de la BMC fait forte impression sur le papier. Réunissant toutes les qualités pour briller sur un parcours équilibré, empruntant les côtes de Liège-Bastogne-Liège, de l’Amstel Gold Race, et les pavés du Tour des Flandres, la forme du moment des deux compères est tout aussi remarquable. Gilbert, qui avait survolé la saison 2011 et terminé cette même année deuxième de l’Eneco, vient de remporter le GP Pino Cerami, l’étape reine du Tour de Wallonie, et a réglé au sprint le premier groupe de poursuivants derrière Adam Yates sur la Clasica San Sebastian. Concernant van Avermaet, on se souvient tous de sa frustration légitime après avoir été renversé par une moto dans la Bordako Tontorra, après avoir attaqué dans le final de la classique de Saint-Sébastien. Vainqueur d’une étape sur le Tour devant Sagan, il avait ouvert son compteur 2014 sur l’ex-Tour du Benelux, en haut du Mur de Grammont. Deux excellentes cartes donc pour l’équipe de Jim Ochowicz, qui devra intelligemment gérer ses poulains, afin d’en tirer le maximum.

**** Lars Boom : Le Néerlandais est un fin connaisseur des pièges de l’Eneco Tour. Lauréat de l’épreuve estivale en 2012 grâce à son coup de force au sommet du « Muur » , Boom reste sur une deuxième place en 2014. Leader après le chrono, il s’était ensuite incliné de peu suite au gros numéro de Tim Wellens, vainqueur en solitaire à la Redoute. Très solide face à la montre, flahute hors pair, il s’est également découvert des qualités de puncheur. Victorieux sur le tout récent Tour du Danemark, sa condition paraît optimale pour l’un de ses objectifs annuels. Un tour en guise de consolation, après avoir échoué au pied du podium sur Paris-Roubaix il y a quelques mois.

Les outsiders :

*** Tim Wellens : Le Tour de France n’aura pas été à l’avantage du coureur originaire de Saint-Trond. Celui qui avait inscrit son nom au palmarès de l’Eneco Tour en août dernier, réalise même une saison plutôt moyenne, avec comme rare coup d’éclat des placettes au Pays Basque, et une dixième place finale sur Paris-Nice. Mais le Belge n’a pas perdu pour autant son panache, et c’est bien cet atout qui pourrait lui permettre de garder son titre à la maison, face à la concurrence annoncée. Bien accompagné avec entre autre le prodige Tiejs Benoot, le voici qui entre dans sa période de l’année préférée. Il sera une nouvelle fois un candidat sérieux à la victoire finale.

*** Niki Terpstra : Depuis son triomphe au vélodrome de Roubaix, l’année dernière, Niki Terpstra ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et continue de vouloir garnir un peu plus son palmarès. Vainqueur du Tour du Qatar en février, et champion de son pays en juillet, le Hollandais a montré de belles facultés de résistance sur le Tour de Wallonie. Vainqueur de la première étape en bon baroudeur, le coureur d’Etixx-Quick Step a très bien tenu le coup dans l’ascension de la Citadelle de Namur et du Mur de Thuin. Déjà bien placé sur le dernier Eneco Tour à la veille de l’arrivée, il avait fini par être disqualifié en raison d’un coup d’épaule à l’encontre de Maarten Wynants. Capable de s’immiscer dans des bons coups pendant les premiers jours en cas de bordures, Terpstra devra forcer la décision dans le chrono d’Hoogerheide pour gérer son avance afin d’espérer l’emporter.

*** Jens Keukeleire : L’homme polyvalent de la formation Orica-GreenEDGE n’est pas le nom le plus ronflant qui puisse exister au moment d’aborder le départ. Mais le sprinteur de formation, passé par l’équipe Cofidis pour y effectuer ses débuts professionnels, a pris de la bouteille. Vainqueur d’étapes du Tour de Burgos, il avait terminé huitième de l’Eneco Tour il y a un an, et s’est encore signalé par ses bonnes performances sur le dernier “Enfer du Nord”. Sixième, Keukeleire semble avoir franchi un nouveau palier, et a déjà connu la gagne au Plat Pays. C’était en 2012, lorsque l’équipe australienne remportait le contre-la-montre par équipes autour de Sittard. Il sera l’un des favoris pour l’étape des pavés.

*** Andriy Grivko : Lars Boom fait partie des favoris les plus cités pour la semaine de course qui s’annonce, mais au sein de la même équipe Astana, personne ne parle de l’Ukrainien Andriy Grivko. Et pour cause, l’expérimenté capitaine de route du team kazakh ne fait que très peu parler de lui en dehors des classements. Mais cela fait désormais plusieurs années que le garçon s’exprime pleinement sur cette épreuve quelque peu atypique, qui semble très bien lui convenir. Troisième en 2013 et quatrième en 2014, parviendra t-il à faire mieux ?

À ne pas sous-estimer :

** Julian Alaphilippe : Quelle stratégie l’équipe Etixx de Patrick Lefevere va t-elle adopter sur cet Eneco Tour ? Faire de Terpstra son leader unique, ou accorder à Julian Alaphilippe autant de libertés qu’au premier cité ? Dans le top 10 à San Sebastian pour sa rentrée, le Français est d’attaque pour la deuxième moitié de l’été. Pourquoi pas nous refaire un coup à la manière de Tim Wellens, l’an passé, qui avait renversé le général sur l’étape la plus vallonnée ? La sixième étape, menant le peloton d’Heerlen à Houffalize, lui offrira diverses possibilités d’attaque.

** Jan Bakelants : Quatrième de l’Eneco Tour en 2013, le Belge de l’équipe AG2R fait partie des outsiders pour les places d’honneur. Bon puncheur, à l’aise sur les courses d’une semaine, il lui manque cependant un petit peu d’agilité sur les pavés et des références contre-la-montre pour viser plus haut. Cette année, ses meilleurs résultats ont été réalisés sur le Critérium International, avec une sixième place finale, et au Tour de Suisse, ou il a terminé deuxième de l’avant-dernière étape.

* Danny van Poppel : Benjamin de la Grande Boucle à l’occasion du grand départ de Corse en 2013, l’ancien coureur de la Vacansoleil fait partie des grosses côtes de cet Eneco Tour, sous le maillot de l’équipe Trek. Migrant progressivement vers un profil de sprinteur-puncheur, le Batave de 22 ans a gagné en costaud deux étapes au Tour de Wallonie, dont la dernière en s’extirpant du peloton dans les passages les plus durs du fameux Mur de Thuin. Il se testera sans doute dans cette nouvelle configuration, laissant à Giacomo Nizzolo le soin de disputer les sprints massifs.

* Marco Marcato : Leukemans, 38 ans, n’est plus aussi compétitif qu’auparavant sur les Monuments et les courses importantes. C’est pourquoi Marcato, troisième du Tour du Danemark, devrait endosser le leadership de l’équipe invitée Wanty – Groupe Gobert sur l’Eneco Tour 2015. Coureur de classiques, il aura de quoi tirer son épingle du jeu à la vue du profil des trois dernières étapes.

* Edward Theuns : Enfin, dans une course assez ouverte dans laquelle les audacieux pourront être récompensés, citons le leader du classement individuel UCI Europe Tour, Edward Theuns. Espoir du cyclisme mondial, il a fait étalage de son talent pendant la première partie de saison, s’adjugeant le Tour de Drenthe, assurant à son équipe Topsport un doublé sur À Travers la Flandre, une victoire aux Quatre Jours de Dunkerque, et déjà 40 tops 10 tous classements confondus depuis le mois de janvier ! Il aura à cœur de prolonger sa belle série.

Mentions : Andrey Amador, Manuele Boaro, Simon Geschke, Wilco Kelderman, Ramunas Navardauskas, Filippo Pozzato, Aleksejs Saramotins, Simon Spilak et Sébastien Turgot.

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