Baroudeur de l’extrême, Stefano Pirazzi anime le Giro dès qu'une occasion se présente - Photo Bardiani
Baroudeur de l’extrême, Stefano Pirazzi anime le Giro dès qu’une occasion se présente – Photo Bardiani

Sur le Giro, les organisateurs font souvent la part belle aux étapes de moyenne montagne, généralement piégeuses avec leurs routes et côtes dont eux-seuls ont le secret. Et quand les baroudeurs entrent dans leur terrain de prédilection, on ne peut oublier un homme : Stefano Pirazzi. Pratiquement toujours à l’attaque quelque soit le terrain, il est devenu au fil de ces trois dernières années un symbole de combativité sur les courses transalpines. Troisième à Vajont hier, il ne s’arrêtera sûrement en si bon chemin !

Un véritable baroudeur de l’extrême

Stefano Pirazzi est à des années-lumière des tactiques de plus en plus attentistes de certains, et ça tombe bien. Du mouvement que diable ! Nous voilà servi rien qu’avec la présence du latin de la formation Bardiani qui a donc en sa possession une arme redoutable. Illustrant parfaitement la dynamique ultra-offensive de certaines équipes continentales, il ne manque pas de se faire remarquer et son absence de victoire chez les pros sonne comme une anomalie pour les observateurs aguerris. C’est un coureur rare, “à l’ancienne”, adepte des chevauchées annoncées comme désespérées. La solitude ne lui fait pas peur, la preuve en est avec 240 kilomètres réalisés en tête sous un soleil écrasant lors d’une étape du Tirreno 2012. Il a également une grande faculté à saisir les bons coups et les échappées victorieuses, à défaut de pouvoir s’y s’imposer. Comme si la chance ne voulait finalement pas sourire aux audacieux, représentée par l’épisode de Rocca di Cambio, où, seul en tête, il commet une erreur d’appréciation en se trompant de route, laissant la victoire à Paolo Tiralongo.

Ayant des libertés qui ne méritent pas d’être remises en question, ses performances se limitent toutefois à son propre territoire. Faute d’invitations, ses grands rendez vous sont les courses à étapes de son pays. Pas encore solide sur les classiques, il semble vouloir se spécialiser dans les victoires de prestige. Pirazzi doit donc passer un cap, tout en gardant sa combativité exemplaire qui doit être perçue comme un modèle dans les écoles. A 26 Ans, il incarne encore la jeunesse fougueuse, comme son coéquipier Battaglin, ou encore De Marchi et Rabottini. Si les tactiques dites modernes consistent en un attentisme grappillant de plus en plus la folie du cyclisme, c’est un mal pour un bien pour les coureurs de sa trempe qui doivent aller au forceps pour en profiter. En ce Giro mouvementé, il a déjà commencé son opération séduction en allant plusieurs fois disputer la gagne. Sans compter qu’ après son podium au barrage de Vajont, il est plus que jamais dans le coup pour le maillot bleu de meilleur grimpeur. Enfin la consécration ?

Une moisson de points jusqu’à Bardonecchia

A l’heure actuelle, si la victoire d’étape reste un rêve pour n’importe quel coureur, l’objectif premier est de ramener le maillot bleu à Brescia. Pas une mince affaire vu le menu proposé à partir de samedi, mais le garçon en a les capacités. Tout d’abord, depuis le départ napolitain, il n’a cessé de prendre un maximum de points au sommet des côtes et des quelques cols, en témoignent ses raids sur les routes de Pescara et de Vajont. Avec 46 points au compteur, il a tiré son épingle du jeu sur les terrains casse-pattes qui ont tant fait tourner les têtes des principaux favoris. En tirant un bilan sur ce même classement de la montagne, on observe que Giovanni Visconti, animateur de la première semaine pour ce maillot décrochera logiquement en montagne, et que ses seuls rivaux potentiels pour l’instant font partie de la horde sud-américaine. Uran peut devenir un sérieux candidat « indirect » si il se montre davantage fringuant dans les finals d’étapes, tandis qu’il faudra aussi surveiller un autre spécialiste des cimes abruptes, le Vénézuélien d’Androni, Jackson Rodriguez. La formation italienne est managée par notre consultant Gianni Savio, qui nous avait confié vouloir saisir la perche si on lui la tend.

Si Pirazzi résiste à ses poursuivants, nul doute qu’il pourra enfin savourer l’un des accomplissements de sa carrière. Car si le pluriel est de rigueur, il serait ainsi surprenant de ne pas le voir continuer sur sa lancée pour devenir enfin un redoutable chasseur d’étapes. A n’en pas douter, plusieurs victoires de prestige l’attendent, lui permettant de se forger un sacré palmarès s’il en fait de véritables objectifs sans toutefois perde son esprit d’attaquant. L’équipe de Bruno Reverberi peut donc se targuer d’avoir depuis ses débuts un coureur des plus atypiques qui ne manque pas de popularité auprès des tifosi ! Est alors venu le moment de concrétiser tout ça, et le Graal semble proche. Reste à maintenir le cap jusqu’à Brecia, pas forcément de tout repos…

Alexis Midol


 

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.