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Notre chroniqueur Gianni Savio évoque l’actualité cycliste sans langue de bois, comme toujours – Photo Tim de Waele

Juste après la journée de repos, voici la deuxième chronique de notre expert, Gianni Savio. Après une semaine de course sur le Tour d’Italie, il évoque le duel entre Vincenzo Nibali et Bradley Wiggins, et nous confie comment il voit la suite pour le Britannique. Mais il livre aussi à la Chronique du Vélo ses sentiments concernant sa propre équipe, Androni. Un riche entretien sans langue de bois, encore une fois.

Quand Nibali prend le dessus…

Nibali a sérieusement pris le dessus sur Wiggins. J’avais imaginé un duel 50-50 entre Bradley Wiggins et Vincenzo Nibali, mais là, il faut dire qu’il tourne largement en faveur de l’Italien. J’ai été surpris, parce que dans la première partie du Giro, surtout dans le contre-la-montre de Saltara, on s’attendait tous à ce que Wiggins s’impose et prenne le maillot rose, or il n’en n’a rien été. Néanmoins, il faut le dire, il n’a pas eu de chance. Il a eu beaucoup d’incidents mécaniques, et a eu un changement de vélo chaotique. Je crois qu’il a été marqué psychologiquement et que cela aura une influence pour la suite.

Alors, au moment où je vous parle, si Bradley Wiggins veut renverser la situation et redevenir un favori crédible au maillot rose, lui et son équipe doivent changer leur façon de rouler. Jusqu’à maintenant, Wiggins et Sky étaient habitués à prendre un grand avantage dans les chronos, pour ensuite mettre à contribution l’équipe afin de défendre le maillot de leader. On a finalement quelque chose de totalement différent, et il faudra attaquer ! Wiggo et la Sky doivent prendre des risques et forcer leur nature ! Parce que dans le cas contraire, il ne pourra pas bousculer Vincenzo Nibali pour la victoire finale. Aujourd’hui, c’est la première grosse étape de montagne avec l’arrivée en haut du Montasio, et à mon avis, elle aura son importance pour la fin du Giro. Le premier moment fort fut après l’étape chronométrée, aujourd’hui on aura le deuxième. Au terme du long chrono de Saltara, on a pu lister ceux qui étaient vraiment en mesure de remporter le Giro. Ce soir on verra cette pré-sélection se préciser.

Difficile de prévoir la stratégie de la Sky

Il est difficile de répondre aux interrogations autour de la Sky sans savoir ce qu’il se passe en interne. Mais je pense quand même qu’ils vont considérer et analyser petit à petit toutes les options qui s’offrent à eux. Sergio Henao me vient naturellement à l’esprit, il s’est très bien défendu sur le contre-la-montre de samedi, et il est un grimpeur supérieur à Wiggins. Après, Dave Brailsford, le directeur sportif du Team Sky, connaît bien les différents aspects qui rentrent en jeu, comme l’aspect technique, sportif bien sûr, mais également humain voire intellectuel de ses coureurs. Il prendra à coup sûr la bonne décision.

Je parle sans doute davantage de Sergio Henao – que je considère supérieur sur les forts pourcentages –  mais il ne faut pas non plus oublier Rigoberto Uran. A propos d’eux, on a pu entendre qu’ils étaient sur le départ, mais je pense qu’on n’est pas encore à un stade assez avancé de la saison pour pouvoir se prononcer. Les médias cherchent toujours des scoops, c’est normal, ça fait partie du métier (rires). Mais il est sans doute trop tôt pour savoir si Uran et Henao vont changer d’équipe. Vous savez, chez nous en Italie, les médias ont évoqué pendant longtemps un possible départ de Pellizotti afin de devenir le capitaine de route de Nibali chez Astana. On a aussi parlé de Felline chez Omega et Cannondale… Je n’y fais pas attention car souvent ce ne sont que des rumeurs.

Satisfaction au niveau d’Androni

Tout le monde le reconnaîtra, notre bilan est positif. On a même été proches de gagner une étape! Fabio Felline a d’abord pris la deuxième place à Serra San Bruno, puis ce fut au tour de Mattia Gavazzi, 5e à Margherita di Savoia. Mais malheureusement, il a souvent joué de malchance. A Naples, il était très bien positionné et était très confiant concernant ses chances de jouer la victoire face à Mark Cavendish, mais Francesco Chicchi est tombé juste devant lui… Dans cette sixième étape, il prend donc une jolie place d’honneur mais aurait pu faire mieux si il n’avait pas été gêné dans son placement puisque ses coéquipiers Felline et Ermeti ont été pris dans la chute massive… Mais ce qui est très important, c’est qu’on a vu presque tous les jours le maillot Androni Vénézuéla à l’écran. Nous avons amené du spectacle sur la route en attaquant comme toujours, et c’est notre rôle ! Nous avons certainement été l’une des équipes les plus combatives de ce début de Giro.

Pour le reste, même si Stefano Pirazzi porte aujourd’hui le maillot bleu, on pourrait saisir l’opportunité d’engranger quelques points si elle se présente. Et pour ce qui est de notre homme fort pour le classement général, Franco Pellizotti, il visait mieux que la place qu’il occupe actuellement – 19ème – mais il ne va pas s’arrêter la. Disons qu’après l’exercice solitaire de Saltara, il s’est « sauvé » ! Il n’était pas bien mais a quand même limité la casse. Etant en progression constante, il aura largement de quoi récupérer pour être au top sur les étapes décisives, je l’espère ! Je reste optimiste pour notre objectif prioritaire qu’est la victoire d’étape qui nous est si chère. Et si en plus on pouvait finir dans le top 15 du Giro, ce serait parfait.

Propos recueillis par Alexis Midol


 

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