Paris-Roubaix a sonné le glas des flandriennes, et il est temps de passer aux bilans. Fabian Cancellara et Niki Terpstra ont tous les deux décroché un monument, forcément synonymes d’une campagne réussie. A l’inverse, on a trop peu vu celui que l’on attendait comme le principal rival du Suisse, Tom Boonen. Voici les tops et les flops de cette campagne flandrienne.

Ils ont fait mieux que prévu

Niki Terpstra : Il a sauvé à lui seul le bilan de la formation de Patrick Levefere sur ces classiques flandriennes. Après une saison 2013 dépourvue de succès, l’ancien coureur de la Milram a mis fin à la série noire d’Omega-Pharma Quick-Step et à faire taire les nombreuses critiques qui s’abattaient sur l’équipe belge. Présent du week-end d’ouverture jusqu’au vélodrome de Roubaix, il aura réalisé une campagne des classiques complète. 2e du GP E3, 5e de l’Omloop Het Niewsblad, 6e du Tour des Flandres et du Dwars door Vlaanderen, il a été capable de réaliser d’excellentes performances malgré des aptitudes physiques limitées. Et bien sûr, il a remporté un monument, presque au nez et à la barbe de son leader Boonen. À l’instar de son compatriote Servais Knaven en 2001, il a parfaitement profité du marquage sur ses deux coéquipiers pour remporter l’Enfer du Nord ; dans son style particulier, en attaquant dans les derniers kilomètres. En fin de contrat cette saison, ses performances tombent à pic. Il n’est pas impossible de le voir leader l’an prochain, sous d’autres couleurs.

Greg Van Avermaet : Après de bons résultats en 2013 sur les flandriennes, l’ancien pensionnaire de l’équipe Silence-Lotto a plus que répondu présent. Propulsé leader par Alan Peiper pour la première fois de sa carrière chez BMC, il a enfin montré qu’il avait les épaules pour assumer ce statut. Après avoir été présent dans le final du GP E3 et avoir fini deuxième de l’Omloop Het Nieuwsblad, il a impressionné l’ensemble des observateurs sur le Ronde. Très fort et excellent tactiquement, le Flamand n’est pas passé loin de la victoire finale, seulement battu par l’ogre Cancellara. Alors certes, il ne parvient toujours pas à remporter de très grande course malgré sa pointe de vitesse, et sa deuxième place derrière Stannard sur l’ancien Het Volk a été vivement critiqué. Mais à n’en pas douter, ce n’est que partie remise pour Van Avermaet, qui rejoint enfin les grands noms parmi les coureurs qui comptent sur les classiques. Enfin, une chose est sûre : Greg Van Avermaet est bien plus fort que lorsqu’il n’a pas à cohabiter avec Philippe Gilbert.

John Degenkolb : On l’attendait sur Milan-Sanremo, mais c’est sur les classiques pavés qu’il a brillé. Souvent comparé à son idole Erik Zabel, le sprinteur de l’équipe Giant n’était pas loin d’un exploit que même son mentor n’avait jamais réalisé. Présent dans le final du Grand Prix E3 et du Tour des Flandres sans pour autant être capable de jouer la victoire, c’est sur des profils plus plats que ses qualités ont été les plus en vue. Il a tout d’abord remporté pour la première fois, dans un sprint royal face à Arnaud Demare et Peter Sagan, Gand-Wevelgem. Sacré mise en bouche, avant un Paris-Roubaix où l’Allemand a été très étonnant. Il a fallu attendre le Carrefour de l’Arbre pour qu’il lâche quelques longueurs, lorsque Vanmarcke et Cancellara lançaient les grandes hostilités. Mais le regroupement qui a suivi lui a donné l’opportunité de sprinter pour la deuxième place, et Degenkolb ne s’est pas raté. Désormais, il se pose comme un futur épouvantail sur l’Enfer du Nord, et il pourrait, ces prochaines années, succéder à Josef Fischer, seul allemand vainqueur à Roubaix en 1896.

Ils ont tenu leur rang

Fabian Cancellara : Sa campagne de classiques peut être analysée de deux façons différentes. La première, en regardant son palmarès, qui en ressort grandit. Vainqueur pour la troisième fois du Tour des Flandres, il est devenu co-recordman de victoires sur l’épreuve – avec Magni, Museeuw et Boonen. Une semaine plus tard, il a terminé sur le podium de Roubaix, plutôt satisfait. Et on le comprend compte tenu de la difficulté à réaliser le doublé. Mais la deuxième façon d’analyser cette campagne, c’est en se focalisant sur la domination de Cancellara. Même si le Suisse reste inconstablement l’un des hommes forts des classiques, il n’est aussi impressionnant que par le passé. Lors des deux monuments, il n’a jamais réussi à lâcher Sep Vanmarcke ; mais l’inverse fut presque vrai quand le Belge pris les devants dans le Paterberg. L’écart entre Spartacus et les autres s’est rétrécit. A 33 ans, serait-ce lé début de son déclin ? Malgré tout, pas d’affolement. Son sens tactique demeure parfait, on l’a vu sur le Tour des Flandres, où il a maté ses trois adversaires flamands au sprint. Le grand Cancellara n’est peut-être plus là, mais le Cancellara gagnant, si.

Sky : Dominatrice sur les grands tours, la formation britannique a toujours eu du mal sur les classiques flandriennes. Pourtant, c’est sans doute l’année où on attendait le moins les Anglais – suite, notamment, au départ de Matthew Hayman – qu’ils ont le plus surpris. De la course d’ouverture remportée par Ian Stannard à la septième place de Geraint Thomas sur Paris-Roubaix, la formation de Dave Braiford aura été présente sur chacune des classiques. Grâce, surtout, au Gallois de naissance. Dans le top 10 des deux monuments pavés, Thomas a également terminé sur la troisième marche du podium du GP E3 après une attaque décisive sur le Vieux Quaremont. Si la déception Boasson Hagen se confirme année après année, elle est compensée par une nouvelle découverte : Bradley Wiggins. Placé sur le Tour des Flandres, l’ancien vainqueur du Tour a impressionné sur l’Enfer du Nord, neuvième à l’arrivée en terminant dans le groupe des cadors. Sa progression les années prochaines, comme celles de Stannard et Thomas, sera à surveiller.

Sep Vanmarcke : Le jeune Courtraisien est devenu un véritable leader. Après une progression linéaire et parfaite de quatre ans, marquée par sa deuxième place sur Paris-Roubaix en 2013, il est tout simplement devenu le principal concurrent de Fabian Cancellara. Présent dans le top 5 de chacune des classiques auxquelles il a participé, le Belge s’est montré particulièrement régulier pour un coureur de 25 ans. Personne n’a réussi à le lâcher à la régulière sur les pavés durant ces six semaines de compétitions, pas même Boonen ou Cancellara, peu de coureurs peuvent en dire autant. Cependant, il lui manque encore un petit quelque chose pour s’imposer. Le leader de l’équipe Belkin a cruellement manqué de lucidité dans le final du Tour des Flandres, offrant la victoire à Cancellara, comme un an plus tôt sur Paris-Roubaix. Avec l’expérience, Vanmarcke apprendra à ne plus se faire avoir. Mais dès la saison prochaine, il n’aura plus le droit de perdre de cette façon, et sera attendu au tournant. Il doit commencer à gagner sur les grandes flandriennes.

Ils ont déçu

Lotto-Belisol : C’est la grande déception de ces classiques. L’équipe de Marc Sergeant aura loupé comme jamais cette période cruciale pour les Belges. Tout a commencé très mal, dès le week-end d’ouvertement. Ridicules tactiquement, les équipiers de Jurgen Roelandts et d’André Greipel avaient été au abonnés absents, lâchés dès les premiers secteurs pavés. La suite ? Une catastrophe. Fracture de la clavicule pour l’Allemand sur Gand-Wevelgem et abandon de Roelandts sur le Tour des Flandres, après une chute que l’a également privé de l’Enfer du Nord. L’équipe belge ressort de cette campagne de classiques sans aucun résultat significatif, outre la sixième de Tony Gallopin sur le GP E3 qui résonne plus comme un lot de consolation qu’autre chose. Marc Sergeant et ses coureurs vont devoir se remettre en question pour redorer leur blason. Pour rappel, la dernière victoire de l’équipe belge sur un monument pavé remonte à 2003, avec la victoire de Van Petegem sur Paris-Roubaix.

Tom Boonen : Nul besoin d’être un grand spécialiste pour noter l’échec du coureur de Mol lors de ces classiques. 7e du Tour des Flandres et 10e de Paris-Roubaix, la déception ne peut être compensée par sa seule victoire du printemps, sur Kuurne-Bruxeles-Kuurne. Trop court physiquement sur le Ronde, il ne peut plus jouer la victoire sans une préparation parfaite. Avec la fausse couche de sa femme et sa blessure à la main lors du GP E3, il a été très perturbé ; irrémédiable pour un garçon qui n’est plus capable de gagner sans être à 100% de ses capacités physiques et mentales. Parce que le Flamand n’est plus assez fort sur les monts pavés. Il n’a plus son accélération d’antan qui lui permettaient de suivre les attaques de Cancellara dans le Vieux Quaremont ou le Paterberg. Pour ce qui est de Paris-Roubaix, il ne faut jamais l’enterrer. C’est sa course et il rêve d’un cinquième succès, qui en ferait le seul recordman de victoires. Mais le temps passe, et ces objectifs élevés sont sans doute de plus en plus illusoires.

Peter Sagan : Le coureur de Žilina a déçu, surtout dans la manière. Après une grande campagne 2013, il n’a pas semblé avoir progressé Malgré sa victoire sur le GP E3, il n’a pas été flamboyant, décroché par le duo Tersptra-Thomas sur le Vieux Quaremont avant de revenir pour lever les bras. 10 jours plus tard, sur le Ronde, c’est encore dans ce mont que ses ambitions se sont envolées. Trop court sur les monts pavés, alors même que l’an dernier, il suivait Cancellara jusqu’à quelques mètres du sommet du Paterberg. Mais outre ces performances, c’est surtout son anxiété qui a marqué. Très nerveux dans les moments décisifs, il n’avait pas l’air d’avoir retenu les leçons de ses échecs passés. Avec en plus de ça une équipe incapable de l’aider, Sagan n’avait aucune chance. Il a montré des signes d’encouragement sur Paris-Roubaix, en anticipant sur le plat et en tentant de forcer la décision. Mais ces tentatives ont aussi prouvé sa peine à suivre les meilleurs sur les secteurs pavés. Le leader de la Cannondale est encore jeune, mais après cinq années professionnelles, il a montré pour la première fois des signes de stagnation.

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