Après un Tour de France raté, le manager belge John Lelangue a été remplacé par Allan Peiper. L’Australien a eu comme mission de donner un nouveau souffle à un effectif vieillissant, qui a déçu depuis la victoire de Cadel Evans sur la Grande Boucle. À l’approche des premières classiques, le nouveau manager a décidé de prendre des décisions radicales, qui font débat.
Gilbert absent du Ronde, Van Avermaet propulsé leader
Les résultats de la formation américano-suisse sur les classiques depuis sa création sont clairement décevants. Malgré un effectif pléthorique en talents, les coureurs John Lelangue n’ont réussi qu’a remporté qu’une Flèche wallonne et un Paris-Tours. Un bilan faible qui peut s’expliquer par un manque de clarté dans la hiérarchie. Lors de nombreuses épreuves, les coureurs se marchaient dessus à cause d’une stratégie rarement définie. Allan Peiper a donc décidé de changer le fusil d’épaule cette saison, en clarifiant les statuts dès le début d’année pour éviter toutes ambiguïté. Son influence est donc à l’origine de l’impasse que fera Philippe Gilbert sur les flandriennes et sur le Tour en 2014. Après deux campagnes de classiques sans victoire, le Remoucastrien va cette saison de tout miser sur celles qu’il préfère : « J’ai plutôt envie de me concentrer sur les Ardennaises. C’est là que j’excelle, et ces courses sont très particulières pour moi. Mais ce n’est qu’une parenthèse : le Tour des Flandres, j’y retournerai. Mais cette année, je veux tout donner sur les Ardennes”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Outre ses classiques de prédilections, ses deux autres objectifs seront Milan – Sanremo et le Mondial de Ponferrada. Conséquence logique, l’absence du Tour de France à son programme, qui n’est plus une priorité pour lui “Je n’ai pas envie de faire le Tour. Je sais que je ne la gagnerai pas. J’ai porté le jaune et gagné une étape. Je n’en demande pas plus.” Mais sans remettre en cause la stratégie mise en place par le staff de BMC et le coureur, il ne faut pas oublier que le coureur wallon n’a jamais été aussi bon sur les classiques ardennaises qu’après avoir couru le Tour des Flandres. Sans oublier que sa participation à la Primavera pose une autre question : sera-t-il capable de rester en forme de mi-mars à fin avril ? Ça semble compliqué.
Mais sinon, Gilbert absent des flandriennes, ça veut dire qu’il y aura un nouveau leader ! Peiper a désigné Greg Van Avermaet, l’autre spécialiste de l’équipe. Ce nouveau statut était une évidence pour le staff, et d’après l’ancien vainqueur de Paris-Tours “la direction [lui] a promis lors du premier stage, en discutant du programme de la saison. [Il n’a] pas dû le demander.” Les récentes performances de Van Avermaet légitiment en tout cas ce choix. Meilleur coureur de la formation BMC lors du printemps dernier, il est devenu au fil des mois une valeur sûre, palliant parfaitement l’absence d’Alessandro Ballan. Cette première marque de reconnaissance aura tout du moins le mérite de booster le moral du coureur belge, qui rêve de remporter enfin une grande classique.
Van Garderen a enfin les clés
Après un Tour de France 2013 décevant, la formation helvète ose enfin faire ouvertement confiance à son prodige américain. À la suite de son excellente saison 2012, Tejay Van Garderen semblait pouvoir prendre la relève de Cadel Evans la saison suivante, mais la transition ne s’est pas opérée. Notamment à cause d’un énième manque de communication dans le rôle de chacun… Mais le nouveau manager a définitivement tranché, en décidant de tout miser sur le plus jeune des deux, qui sera entouré de trois nouveaux transfuges de l’intersaison : Peter Velits, Darwin Atapuma et Peter Stetina. Ces trois garçons seront là pour épauler le coureur étasunien, comme l’explique le Colombien chez Velonews “le plan est d’être là, au top de notre forme, pour aider Tejay à gagner.” Très clairement, il n’y a plus le droit à l’erreur pour le maillot blanc de la Grande Boucle version 2012. Peu fringuant en haute montagne l’an dernier, on attend chez BMC qu’il se reprenne sérieusement. Il est l’avenir de la formation et doit désormais prendre ses responsabilités.
Du côté d’Evans, ce sera direction Giro. Le coureur Australien semble définitivement oublier la grande messe de juillet pour se concentrer exclusivement sur le Tour d’Italie, qui semble plus convenir à ses caractéristiques, malgré sa victoire française de 2011. Après une surprenante troisième place lors de la dernière édition, l’ex-champion du monde a la conviction de pouvoir triompher sur les routes transalipines grâce à son expérience et sa résistance, indispensables sur trois semaines si exigeantes. Sur les routes de la course rose, il sera accompagné d’un autre vétéran, Samuel Sanchez. Recruté à la dernière minute pour épauler l’Australien, l’Asturien aura pour mission première de protéger son leader. Peiper a donc redistribué les cartes pendant l’hiver, et ce dès les premiers stages. Sera-t-il fini le temps de l’accumulation des leaders chez BMC ? Pas totalement, car l’effectif reste toutefois conséquent et lors de certaines grandes courses, le rôle de chacun n’est pas encore clairement annoncé. D’autant que les grandes inconnues arriveront rapidement avec le premier monument de l’année sur le chemin de Sanremo. Avec un nouveau parcours taillé maintenant pour les puncheurs, Philippe Gilbert se sent obligé d’y performer. Mais il n’est pas le seul. Thor Hushovd rêve lui aussi d’accrocher la Primavera, sans oublier l’ambitieux Van Avermaet qui ne se contentera pas des flandriennes. Ces quelques questions devront être élucidées le plus vite possible, au risque d’encore une fois de tout perdre.
La répartition Gilbert pour les Ardennaises / Van Avermaet pour les Flandriennes est on ne peut plus logique au vu des résultats récents qu’ils ont eu sur ces courses.
Van Avermaet n’a jamais vraiment brillé sur les Ardennaises (un seul Top 10 dans sa carrière) alors qu’il est de plus en plus régulier sur les courses pavées (5ème Het Nieuwsblad, 3ème Gand-Wevelgem, 7ème Ronde, 4ème Roubaix en 2013). A l’inverse depuis qu’il est chez BMC Gilbert n’a pas fait le moindre résultat significatif sur les Flandriennes (quand il les a courues) mais il reste une valeur sûre des Ardennaises.
Donc parler de choix radical… Enfin ce qui est sûr c’est que ça va mieux en l’affirmant, parce que jusqu’à maintenant c’était un peu le foutoir. Au moins Van Avermaet a le statut qu’il mérite et n’aura pas l’impression de servir de numéro 2 un peu partout.
Par contre on ne parle pas de Phinney et Hushovd dans cette histoire. Bon pour les Flandriennes “à bergs” ils ne concurrenceront pas Van Avermaet mais sur Paris-Roubaix ou même Gand-Wevelgem qui n’est pas très dure ils pourraient être plus que des options de secours.
Van Avermaet après sa saison 2011 (Paris-Tours, MSR, Classica San Sebastian, LBL) avait choisi de se concentrer de plus en plus sur les classiques ardennaises. Il a même déménagé pour se rapprocher des côtes wallonnes. L’année dernière, la manière dont il avait été utilisé VA sur les classiques avaient fait débat, pareil pour Gilbert. C’est à seulement 10 jours du Ronde qu’il a décidé de renoncer à cette course pour partir en Espagne. C’est pour cela que je parlais de décisions radiales. Ils ont enfin tranché, VA connait enfin son rôle depuis l’arrivée du wallon.
Pour Hushovd, il a affirmé qu’il allait se concentrer sur le sprint cette saison si je me souviens bien. Il n’a clairement plus le niveau pour rivaliser avec les meilleurs sur Roubaix maintenant. Phinney est encore trop tendre, même si il a été très intéressant sur Roubaix l’année dernière. Comme tu l’as dit, ses deux coureurs ne sont pas des efficaces sur les “bergs”, ce qui réduit leur champ d’action. Pour finir, c’est le manager de BMC qui a annoncé les différents statuts, pas moi.
Hushovd se concentrer sur le sprint? Étonnant ce revirement. Il disait justement ces dernières années qu’il n’avait plus le niveau pour concurrencer les grands sprinters d’aujourd’hui, bien qu’il s’y remette avec assiduité cette année. Au contraire, il a toujours rêvé de Roubaix, et puisque sur cette course on se bonifie avec l’âge (enfin, le dit-on), donc ça m’étonne qu’il laisse tomber la course qui “l’obsède”.
Si vous avez un lien d’une interview où il le dit, je suis preneur. J’avoue que je cherche les derniers résultats pour “Hushovd” environ 3 fois par semaine sur Google, et ça m’étonne que je sois passé à côté de ça.
(Summy, t’as déconné en 2011 quand même…)