La situation a quelque chose de très nouveau chez Trek. Depuis sept ans que l’équipe américaine existe, elle avait toujours été l’une des attractions du peloton grâce à ses grands leaders. Mais avec la retraite d’Alberto Contador cet hiver, voilà l’équipe presque orpheline, forcée de compter sur des leaders qui n’envisageaient sans doute pas d’assumer un tel rôle.

Dépourvu sans le vouloir

Fabian Cancellara et les frères Schleck étaient les têtes de gondole du projet, début 2011, quand l’équipe Léopard-Trek avait vu le jour. Les frangins luxembourgeois ont pris leur retraite chacun leur tour, Andy en 2014, Fränk en 2016. Mais Cancellara est resté, et a longtemps porté sur ses épaules une équipe qui n’avait pas vraiment d’autre alternative que de courir pour lui. Ses dirigeants en avaient conscience, et ils avaient préparé son départ : quand le Suisse a tiré sa révérence, il y a un peu plus d’un an, Alberto Contador l’a remplacé. Un grand nom pour un autre, en quelque sorte. Alors le plan n’a pas fonctionné parfaitement, parce que les résultats de l’Espagnol, la saison dernière, n’ont pas été à la hauteur de ce que pouvait proposer « Canci » depuis des années. Un peu plus qu’un détail, bien sûr. Mais une péripétie, devait se dire Luca Guercilena, le manager.

Sauf que Contador n’a pas vraiment consulté grand monde au moment d’annoncer sa retraite, en août dernier. Le staff de l’équipe Trek pensait que l’Espagnol avait en tête le prochain Giro pour de nouveau jouer la gagne sur trois semaines. Tout le monde l’a alors joué grande classe, saluant la sortie du Pistolero comme il se devait. Mais la réalité, maintenant que le garçon est hors des pelotons, est moins grandiose. La responsabilité de mener l’équipe revient à un John Degenkolb qui ne redeviendra sûrement jamais celui qu’il a été, à un Bauke Mollema qu’on imagine difficilement aller plus haut que ce qu’il a déjà fait, et à un duo Stuyven-Felline qui doit encore franchir un cap. Sacré changement, qui fait de Trek une équipe pleine d’incertitudes. Fini la fiabilité d’un grand leader, désormais, il va falloir vivre avec des outsiders capables du meilleur, mais qui offrent beaucoup moins de garanties.

Contre mauvaise fortune bon cœur

« Perdre Alberto a été une grande perte, mais je pense que Mollema peut le remplacer sans problème », confiait récemment Peter Stetina à Cyclingnews, optimiste. L’Américain rappelait au passage qu’avant de chuter sur le chrono final du Tour 2016, son coéquipier néerlandais était deuxième du général, derrière Chris Froome. L’argument est recevable. Mais l’an dernier, Mollema n’a pas été dans la bagarre pour le maillot rose sur le Giro, confirmant ses difficultés régulières sur trois semaines. John Degenkolb, après un printemps correct en 2017, a repris très fort cette saison. Mais peut-on en déduire quoi que ce soit pour les mois à venir ? Jasper Stuyven et Fabio Felline, eux, ont encore beaucoup à prouver avant de pouvoir prétendre à un quelconque leadership. Pour la première fois de son existence, voici donc Trek au milieu des autres équipes normales. Celles qui n’ont pas l’un des plus gros noms du peloton.

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