En parallèle des classiques ardennaises débute ce mardi le non moins important Tour du Trentin. La course par étapes nord-italienne fait habituellement figure de répétition pour tous les grimpeurs ayant ciblé un Tour d’Italie qui débute dans un peu plus de deux semaines. Cols abrupts, trouvailles inédites et contre-la-montre par équipes seront de la partie, avec en tête d’affiche un collectif qui viendra tester son efficacité sur les routes de la Botte. L’équipe Sky n’a en effet pas lésiné sur les moyens, et Richie Porte fait figure de grand favori pour succéder à Cadel Evans au palmarès de l’épreuve trentinoise.

Richie Porte peut-il faire la passe de trois ?

Leader du classement UCI, l’Australien Richie Porte réalise un début de saison 2015 très impressionnant. Pourtant, celui qui avait connu un brutal coup de frein après une dernière saison décevante ne partait une nouvelle fois que dans le costume de doublure d’un Chris Froome à la reconquête du Tour de France. Mais les échecs de 2014 semblent plus que digérés chez l’ancien pensionnaire de l’équipe Saxo Bank, si bien qu’il est reparti sur des bases – améliorées – de sa saison 2013. Quelle que soit la course d’une semaine, en 2015, Porte a toujours terminé avec une victoire au compteur. Au Tour Down Under d’abord, puis en Algarve, il a facilement triomphé, avant de remporter les deux étapes phares et le général de Paris-Nice, puis de s’adjuger le Tour de Catalogne au prix d’une belle régularité. Depuis, l’Aussie a donc logiquement endossé le statut d’épouvantail pour le prochain Tour d’Italie, où il sera question de défier son ancien mentor Contador.

Un peu plus loin des projecteurs, il a donc choisi le Tour du Trentin comme ultime rendez-vous avant de se lancer à l’assaut de la course rose le 9 mai prochain. Et il n’est pas le seul. La formation britannique de Dave Brailsford a tout simplement décidé d’envoyer six des neuf hommes prévus pour le mois de mai en repérage de l’autre côté des Alpes. Leopold König, Sebastian Henao, David Lopez, Kanstantin Siutsou, Xabier Zandio et Porte himself seront donc très surveillés, mais on ajoutera en plus Mikel Nieve dans un groupe qui aura à cœur de déployer ses premiers automatismes lors des deux arrivées au sommet programmées. Une armada plus que redoutable sur le papier, et une volonté de répétition qui n’est pas spécifique au groupe Sky. Chez Astana, une bonne partie de l’équipe alignée sera également au départ de San Lorenzo al Mare dans quelques semaines, à l’instar de Cataldo, Kangert, Landa, Malacarne, Luis Leon Sanchez ou encore Tiralongo.

Un plateau une nouvelle fois relevé

Mercredi, une première explication devrait avoir lieu sur les hauteurs de Brentonico, précédées par un col hors catégorie de 11 km à 8,2%, avant l’enchaînement Redebus-Fierozzo prévu le lendemain. Comme l’avait fait Vincenzo Nibali il y a deux ans en décrochant tout le monde sur les pentes de la Sega di Ala, Porte se doit de confirmer ses ambitions et une victoire au général lui conférerait un premier avantage psychologique sur ses rivaux, qui pour certains se présenteront au départ du traditionnel chrono autour du Lac de Garde. À défaut d’assister à l’affiche attendue avec Fabio Aru le Sarde a déclaré forfait en raison de troubles intestinaux en milieu de journée -, on devrait voir Domenico Pozzovivo, vainqueur en 2012, être l’un des animateurs de ces quelques jours au Trentin. Placé sur les trois courses World Tour auxquelles il s’est livré, le grimpeur d’AG2R la Mondiale sera secondé par les deuxième et sixième de la dernière Grande Boucle : Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet.

Bien que le Giro ne soit nullement inscrit à leurs agendas respectifs, l’épreuve de la semaine ne demeure pas sans objectif pour la paire française. Jicé souhaitera se rassurer avant le Tour de Romandie, tandis que Bardet souhaite arriver en condition optimale pour Liège-Bastogne-Liège. Autre paire qui pourrait en étonner plus d’un, celle de Garmin-Cannondale. Grand vainqueur il y a trois ans à Milan et encore neuvième l’an passé, Ryder Hesjedal opérera son retour en terre italienne et pourra compter sur le prometteur Davide Villella, qui devrait avoir carte blanche au départ du prochain Giro. Car à disputer le Trentin au lieu des courses d’un jour comme l’Amstel et la Flèche Wallonne, souvent prévisibles et peu avantageuses pour les attaquants, ces coureurs ne s’y trompent pas. Depuis 2009 et le sacre d’Ivan Basso, le lauréat du Tour du Trentin s’est toujours retrouvé parmi les meilleurs au Tour d’Italie. Michele Scarponi et Vincenzo Nibali ont même réalisé le doublé, en 2011 puis 2013.

Les futurs baroudeurs du Giro s’y donnent le mot

La présence en nombre d’équipes continentales italiennes est aussi l’occasion pour celles ayant obtenu la fameuse wild-card pour le grand départ d’exposer leurs atouts respectifs au meilleur moment. À force, il n’est pas difficile de savoir sur quoi miseront les équipes comme Androni, Bardiani ou Southeast tout au long des trois semaines du Giro. Mais le Trentin avait par exemple permis de repérer ces dernières années de jeunes talents comme Edoardo Zardini, vainqueur d’étape l’année dernière, ou Louis Meintjes, entré dans le top 5 au général. Briller au Trentin n’est pas une garantie pour la suite des évènements, mais procure assurément de la confiance.

Alors, rebelote cette année ? La structure verte des frères Reverberi emmènera ses tauliers Pirazzi, Battaglin et Bongiorno, mais misera sur le tout jeune Chirico pour surprendre. Idem chez Androni, où l’expérimenté Franco Pellizotti ouvrira la voie. Une des principales attractions restera cependant Damiano Cunego. Très discret médiatiquement depuis son transfert hivernal de Lampre vers Nippo-Vini Fantini, le Petit Prince se cherche une seconde jeunesse et devra montrer le maillot afin de remémorer de bons souvenirs aux tifosi massés le long des chemins montagneux. De quoi nous mettre clairement dans l’ambiance d’un Tour d’Italie très attendu et qui débutera dans un peu moins de trois semaines.

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