Quand un grand champion remise le vélo au clou, le petit jeu de « qui prendra la relève ? » est quasiment inévitable. Le cas se produira rapidement pour Alberto Contador, l’un des fers de lance du cyclisme espagnol. Même si cela se révèle toujours hasardeux, nous en avons sélectionné quatre, chacun avec des parcours différents et des caractéristiques parfois éloignées. Il n’y a pas Mikel Landa, qui est déjà un coureur confirmé, mais il y a de quoi imaginer un bel avenir pour les Ibères, sur les traces du Pistolero.

Enric Mas, la pépite

L’avenir lui appartient, son jeune âge lui autorise les rêves les plus fous. A seulement 23 ans, le Tour de Burgos lui a permis d’exploser aux yeux des observateurs, avec une deuxième place finale plus qu’éloquente. Combinée à des performances, certes plus confidentielles, mais évocatrices sur le Tour du Pays Basque, terminé quatorzième ou sur le Tour de Californie, achevé à la même position, cela classe le jeune homme, encore néo pro. Mais cela ne surprendra pas ceux qui le suivent depuis les années espoirs. En témoigne sa victoire sur le Tour des Pays de Savoie et sa deuxième place sur le Tour du Val d’Aoste Mont Blanc. Des épreuves de référence pour les grimpeurs, qui ont vu les plus grands y figurer. Le Majorquain fait déjà partie des valeurs à suivre du peloton espagnol, et il y a de grandes similitudes entre lui et Alberto Contador.

Marc Soler pour confirmer

Loin du format grimpeur de poche d’Enric Mas, la grande carcasse de Marc Soler est mise en avant chez Movistar. Pouponné depuis l’équipe réserve de la seule formation espagnole du World Tour, c’est sous les couleurs de l’équipe Lizarte que celui-ci commet son premier coup d’éclat. En remportant ni plus ni moins que le Tour de l’Avenir 2015. Sans y remporter d’étape, mais en s’affirmant comme le plus régulier. Pour sa première saison pro, c’est sur la Route du Sud, lors de la grande étape pyrénéenne, que le Catalan lève pour la première fois les bras chez les pros, avec la bénédiction de Nairo Quintana. Le potentiel est là, et l’année 2017 vient jusqu’à présent le confirmer. Troisième du Tour de Catalogne derrière Alejandro Valverde et Alberto Contador, puis huitième du Tour de Suisse en juin, celui-ci a trouvé la bonne carburation sur les courses par étapes. Même si après un gros mois de coupure en juillet, celui-ci fut très discret sur les route de Burgos. Celui que nous présentions dans nos colonnes il y a un peu plus d’un an après ses performances sur la Route du Sud aura donc la possibilité de se mesurer pour la première fois à une épreuve de trois semaines. Dans une équipe Movistar dont les leaders historiques, Nairo Quintana et Alejandro Valverde, ont un avenir incertain pour des raisons différentes, les places de chefs de file sont à pourvoir. A Soler de prouver sur cette Vuelta qu’il peut être le nouveau visage de l’équipe aux côtés de Mikel Landa.

Jaime Roson, la découverte

L’occasion est belle de sortir par la grande porte. En instance de départ pour la formation Movistar, Jaime Roson va avoir l’occasion de s’affirmer sur les routes de la Vuelta sous les couleurs de la formation Caja Rural, celle de ses débuts. Une équipe historique du peloton espagnol, toujours à même de former de beaux coursiers. Celle qui aura permis au grimpeur de 24 ans de se révéler sur des épreuves cotées du calendrier pour les équipes Continental Pro, avec cette victoire sur l’étape reine du Tour de Turquie 2016 ou encore sur la quatrième étape du Tour de Croatie, devant un certain Vincenzo Nibali. Deuxième du Tour de Castille et Leon, cinquième du Tour de Burgos, celui-ci s’affirme depuis le début de la saison comme le chef de file de la Caja Rural. Roson connaît déjà l’épreuve : 73e l’année passée, il s’agira pour lui de profiter de l’expérience engrangée. Début mai, dans un entretien auprès de « la Opinion de Zamora », celui-ci affirmait son désir d’améliorer ses performances sur son grand tour national, et d’aller claquer une victoire d’étape. Sur ce que l’on a pu observer début août lors du Tour de Burgos, avec la forme affichée, glisser une piécette sur Roson lors d’un pari pourrait s’avérer payant.

David de la Cruz n’a plus le temps

À 28 ans, il est déjà tard. L’heure est plus que venue de s’affirmer au plus haut niveau. Pour sa huitième saison dans les rangs professionnels, David de la Cruz doit profiter de cette Vuelta 2017 pour enfin étaler un talent qui ne demande qu’à être confirmé par des résultats solides. Le récent Tour de Burgos a démontré, le coureur de la Quick Step a soutenu la comparaison avec le vainqueur final, le Basque Mikel Landa. Deuxième au sommet du Picon Blanco, quatrième lors de l’étape de Lagunas de Neila, et finalement troisième du classement général : la forme est là. De quoi se présenter au départ de Nîmes avec des ambitions légitimes, conforté par un début de saison avec pour principal résultat une sixième place de valeur sur le difficile Tour du Pays Basque et une très belle victoire lors de l’ultime étape de Paris Nice. L’an passé, De la Cruz fut l’un des animateurs de la Vuelta, en découvrant les frissons de la victoire sur les routes mythiques de l’Alto de Naranco, prenant pour le même coup le maillot rouge de leader pour une journée. Mais au bout d’une échappée matinale. Et c’est cela que le Catalan doit maintenant changer. A savoir tenir le plus longtemps le rythme des cadors dans le final des plus grandes étapes, et mettre à profit ses qualités offensives au juste moment. Sorti d’un cycle important sans compétition avant le Tour de Burgos, l’Espagnol pourra logiquement compter sur sa fraîcheur pendant que nombre de ses concurrents auront le Tour de France dans les pattes.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.