Dans une carrière, il y a parfois des moments de doute où les choses ne marchent plus. C’est d’autant plus vrai pour les sprinteurs, pour qui la victoire est la seule des vérités. Le moral baisse, la confiance en prend un coup et la mauvaise spirale s’accentue. Quand la mécanique est enrayée, changer d’air est parfois la seule solution. Cela semble fonctionner, en tout cas, pour Nacer Bouhanni.

Sorti de l’impasse

Nacer Bouhanni n’aura pas attendu longtemps avant de trouver le chemin de la victoire sous ses nouvelles couleurs. Le sprinteur d’Arkéa-Samsic a levé les bras dès sa deuxième course de la saison, sur la quatrième étape du Saudi Tour. « Je suis content, déclarait-il à l’arrivée, ça faisait longtemps. […] J’avais besoin de cette victoire, sinon tu commences à douter. » Un succès salvateur qui intervient après un an et demi de disette et une dernière victoire sur la Vuelta 2018. Le compteur est débloqué et ce n’est déjà plus un souci. Le Vosgien est de surcroît auteur d’une semaine très complète. Sur cinq étapes, il compte quatre podiums. Il aurait même pu s’adjuger le général de cette épreuve, battu dans la dernière étape par un Phil Bauhaus flirtant avec les limites de l’irrégularité dans le sprint final.

Alors qu’il devait rester au Moyen-Orient pour le Tour d’Oman, la mort du sultan local a modifié son programme de course. Un changement qui ne l’a pas empêché pas de rester sur sa bonne lancée en s’imposant en ouverture du Tour de la Provence. L’occasion de revêtir un deuxième maillot de leader en deux courses. La forme de l’ancien champion de France revient et le moral grandit de course en course. « Je me sens en confiance, relevait-il sur la ligne d’arrivée, l’équipe, le staff, mes coéquipiers me témoignent d’un tel sentiment, et cela me motive. » Une dynamique collective confirmée par les victoires de Quintana au sommet du Mont Ventoux et au général de ce Tour de la Provence. Décontracté et souriant, le Français le plus victorieux en activité (67 bouquets) entrevoit le bout du tunnel avec ce nouveau départ.

Changement d’air bénéfique

Il y a des changements d’air qui font du bien et d’autres qui ne tournent pas dans le sens espéré. En 2015 chez Cofidis, Nacer Bouhanni est annoncé comme le grand leader dont avait besoin la formation nordiste ; avec l’un des plus gros contrats tricolores à cette époque. La mayonnaise ne prend cependant jamais vraiment. En cinq ans, il y a eu beaucoup de victoires mais peu dans les grandes courses : huit en World Tour dont une seule sur les grands tours – contre dix dont cinq en grands tours lors de ses premières années chez FDJ. S’en sont suivis les conflits avec la direction, notamment le manager Cédric Vasseur, et plusieurs non sélections sur le Tour de France. Mais Bouhanni, dans ce marasme, n’a pas perdu sa motivation.

C’est une nouvelle écurie qu’il découvre ainsi en 2020. Le coureur de 29 ans arrive dans une équipe aux nouvelles ambitions. Arkéa-Samsic et son manager général Emmanuel Hubert ont fait fort au mercato d’hiver. Nairo Quintana, Winner Anacona, Diego Rosa et donc lui sont venus renforcer la formation bretonne. Il se retrouve comme le sprinteur n°1, avec la promesse d’équipiers totalement à son service. Cette marque de confiance a su séduire un coureur qui en manquait cruellement ces dernières saisons. Avec ces deux succès, Bouhanni prouve qu’il est revenu à un bon niveau. Le moral est également au beau fixe.

Le plus difficile est désormais à venir. Alors qu’il n’est pas prévu qu’il dispute le prochain Tour de France, très montagneux, son manager Emmanuel Hubert n’a pas totalement fermé la porte. « S’il refait voir toutes ses capacités au niveau mondial, expliquait-il sur France 3, il peut avoir une place, bien sûr. » Nacer Bouhanni, lui, n’a pas d’objectif annoncé, si ce n’est de « gagner le plus de courses possible ». Car c’est avant tout par là qu’il doit repasser après deux saisons difficiles. Il faudra ensuite confirmer à l’échelon supérieur, mais l’appétit vient en mangeant.

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