Paletot de champion du monde sur le dos, Michal Kwiatkowski a vécu un début de saison correct, mais attendait de décrocher une belle victoire pour définitivement montrer qu’il pouvait gagner malgré la pression nouvelle qui pèse sur lui. Avec un sprint venu d’ailleurs sur l’Amstel Gold Race, c’est désormais chose faite.

Tactiquement parfait

S’il reconnait que le maillot arc-en-ciel est le plus beau qui existe, le Polonais confiait il y a quelques jours à Biciciclismo qu’il n’était pas facile de s’imposer lorsqu’on le porte. Pourtant, ce dimanche sur les routes de l’Amstel Gold Race, c’est comme si tout le monde l’avait oublié. Alors qu’il aurait dû être parmi les coureurs les plus surveillés, tout le monde semblait se focaliser sur Gilbert et Matthews, partis dans le Cauberg. Lorsqu’une quinzaine de coureurs se sont regroupés dans le dernier kilomètre, il s’est même laissé reléguer dans les dernières positions. Matthews était lui parfaitement placé, et on pensait alors que la dernière ligne droite sacrerait l’Australien. Mais Kwiatkowski a lancé son sprint de loin et déposé tout le monde, passant en quelques hectomètres de la dernière à la première place du groupe.

Quatrième pour sa deuxième participation en 2013, puis cinquième l’an dernier, le natif de Torun n’a pas eu besoin de beaucoup de tentatives pour s’imposer sur une épreuve qui correspond parfaitement à ses qualités. S’il a été incapable de suivre Gilbert et Matthews dans l’ascension du Cauberg, avant d’être également dépassé par Alejandro Valverde, il a su parfaitement gérer son effort dans les deux derniers kilomètres. Sans s’affoler, il est tranquillement revenu sur les hommes de tête, avant de se faire discret au moment de l’ultime regroupement. Malgré ses 24 ans seulement, Kwiatkowski peut se targuer d’avoir gagné l’épreuve néerlandaise à la façon d’un vieux roublard. Une science de la course bien au point dont le coureur de l’équipe Etixx avait déjà fait étalage en septembre dernier aux Mondiaux de Ponferrada.

Mais surtout, Kwiatkowski a montré qu’il ne répétait jamais deux fois les mêmes erreurs. « L’an dernier, j’ai fait une erreur en me donnant à fond pour rattraper Samuel Sanchez, et j’ai manqué l’accélération de Gilbert à cause de ça. Cette fois, je serai plus focalisé sur mon effort, et je veux être prêt à une accélération dans le Cauberg », expliquait-il avant l’épreuve. Et d’ajouter : « La chose la plus importante sur l’Amstel, c’est d’être toujours placé à l’avant. Vous n’avez pas forcément course gagnée en étant bien placé, mais si vous ne l’êtes pas, vous avez de grandes chances de la perdre. »  Et aujourd’hui, on a eu l’impression de toujours voir le maillot de champion du monde à l’écran, dans les premières positions du peloton. Le signe que le protégé de Patrick Lefevere apprend vite.

Montée en puissance

Discret au Pays-Basque, alors que d’autres prétendants aux ardennaises se tiraient la bourre, il a également apporté la preuve que performer sur les routes espagnoles n’était pas un passage obligé. « Il aurait été bien d’y décrocher de bons résultats, mais il est surtout nécessaire d’arriver frais sur les classiques », expliquait-il à Biciciclismo. Avant la suite du triptyque ardennais, il peut donc nourrir des ambitions plus que légitimes. Troisième de la Flèche wallonne et de Liège-Bastogne-Liège la saison dernière, il a désormais des raisons de croire à la première place sur les deux épreuves belges. Mais déjà avant de remporter l’Amstel ce dimanche, Kwiatkowski se montrait optimiste : « Il faut toujours avoir de grandes ambitions pour progresser. Mais j’espère que ma condition sera assez bonne pour être compétitif. » A n’en pas douter, le Polonais n’a plus de raison de douter.

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