Pressenti dès l’été, le transfert de Marcel Kittel, parti de Quick-Step pour Katusha, a de quoi faire débat. Fuir la concurrence est presque logique, mais quitter la plus grosse armada du peloton en matière de sprint l’est un peu moins. Son nouveau défi, ponctué d’un gros chèque, n’est pas sans risque.
Une bonne idée par Adrien Godard
Quelle mouche a bien pu piquer Marcel Kittel, quintuple vainqueur d’étapes sur le dernier Tour de France, pour devenir le transfert de l’hiver en signant chez les Russo-Suisses de Katusha-Alpecin ? Tout simplement la volonté d’échapper à une concurrence interne risquée, Quick-Step ayant décidé de miser sur Fernando Gaviria, étincelant sur le Giro, pour la prochaine Grande Boucle. « Je ne veux pas perdre mon temps à discuter de mes chances de disputer le Tour », avait précisé l’Allemand à Procycling en fin d’année. Alors plutôt que d’être plusieurs mois dans l’incertitude, à devoir prouver sa valeur au printemps, Kittel a fait le sage choix de partir de la formation belge, pour connaître sa troisième expérience professionnelle.
Et le choix de se diriger vers l’équipe Katusha semble le bon. Déjà parce que leur leader en matière de sprint, Alexander Kristoff, est parti sous le soleil d’UAE Team Emirates. L’Allemand pourra bénéficier d’un train déjà expérimenté, où des coureurs comme ses compatriotes Tony Martin et Rick Zabel devraient rapidement retrouver leur place. L’équipe Quick-Step était sûrement plus solide sur le papier, mais la nouveauté de Kittel depuis un an est sa faculté à se débrouiller de mieux en mieux lorsqu’il se retrouve esseulé dans le final. Ajoutons à cela une pointe de vitesse retravaillée, et les chances sont grandes pour qu’il soit toujours le meilleur sprinteur du monde en 2018. Ce changement d’équipe apparaît donc comme une garantie de conserver ses nombreuses victoires annuelles. Reste à voir comment il va négocier l’affrontement avec Gaviria sur le Tour, performance qui sera forcément révélatrice de la qualité de sa saison.
Une mauvaise idée par Robin Watt
A 29 ans, l’Allemand s’est peut-être mis en tête qu’il était l’heure pour nouveau défi. Ses prétentions salariales étaient vraisemblablement trop élevées pour un Patrick Lefevere pas prêt à tous les efforts, persuadé que Fernando Gaviria est déjà en mesure de le remplacer. Mais partir, pour Kittel, c’est aussi refuser la concurrence d’un jeune aux dents longues, certes, mais qui n’a pas encore connu le Tour de France, alors que lui y a déjà décroché quatorze bouquets. La saison dernière, encore, le grand blond avait largement tenu son rang, archi-dominateur sur les routes françaises avec cinq victoires. Alors, même pour un salaire un peu plus conséquent, le choix pose question. Parce que quitter Quick-Step, c’est se priver de la plus grosse armada du peloton au moment d’organiser le sprint. Et parce que rejoindre Katusha, c’est s’embarquer dans une possible galère.
Si Alexander Kristoff a vécu une saison très loin des attentes, son équipe n’y est pas vraiment pour rien. Au cœur d’un effectif qui n’a pas vraiment choisi entre les courses par étapes et les sprints, l’Allemand n’aura pas le soutien qu’il avait chez Quick-Step, ou même plus tôt chez Giant. Personne, dans l’équipe belge, n’a fait le choix de le suivre dans sa nouvelle aventure : et chez Katusha, personne ne l’attendait véritablement pour l’emmener dans les finals d’étapes. Kittel va bien retrouver son ami Tony Martin, mais ce sera un peu léger, surtout que le garçon sort d’une saison pourrie dont on ne sait pas s’il se relèvera. Le reste ? Rick Zabel, Marco Haller et Baptiste Planckaert. Pas de quoi effrayer grand monde. En juillet prochain, l’Allemand pourrait donc sacrément regretter d’avoir quitté la bande à Patrick Lefevere. Surtout si Gaviria, lui, empile les succès.
Bonne idée ce retour sur les transferts, cela lance la saison !! ou presque ;-)
Et la consultation de vos lecteurs en fin d’article est toujours appréciable, c’est un format très sympa.
C’est toujours gênant de commenter ces transferts car on n’a souvent aucune information sur les salaires, et c’est quand même un élément non négligeable.
Evidemment que le salaire a dû jouer dans le choix de Kittel, mais ici, on se contente de juger l’aspect sportif, et le fait que ce soit ou non une bonne idée pour la carrière du garçon. Si c’est ou non une bonne idée pour son portefeuille, en effet, on ne peut pas vraiment juger.
C’est surtout du point de vue des équipes que je me place. La gestion de la masse salariale pour composer une équipe cohérente fait partie de l’aspect sportif selon moi. Combien demandait Kittel, combien demandait Gaviria, etc.
Le gout du risque ca ne serait pas plutôt Quick step qui mise sur Gaviria pour aller chercher les bouquets du Tour ?
Marcel Kittel; la meilleure pointe de vitesse du circuit . Un gabari de pilier au service d´une explosivité destructrice . Je ne crois pas que ca va le perturber plus que ca de récuperer le train de Krisstoff . C´est également un garcon qui aime lancer ses sprints du second rideau comme il l´a démontré sur le dernier Tour .
A la décharge de Quick-Step, c’est quand même plus tentant de tout faire pour conserver Gaviria plutôt que Kittel. Evidemment, sur le court terme (l’année prochaine), ça peut être un problème (voire un mini-échec). Mais, sur le long terme, ça me semble peu discutable… D’autant plus que, même si j’apprécie beaucoup Kittel, force est de constater qu’en termes de performances, ses saisons tendent à s’arrêter avec le TDF. Or, pour une équipe comme QS, il y a tout de même encore pas mal de courses qui comptent après le Tour.
Pour en revenir à la participation au Tour qui semble avoir motivé le départ du bolide allemand; Quick step devoir se battre contre Kittel et non plus avec . Fernando Gaviria a tout a prouver pour demontrer faire le poid contre les gros bras habitués aux victoires sur la course des courses . Par contre, tout a fait d´accord qu´en dehors du Tour et sur la durée de la saison, le colombien est en mesure de tirer son epingle du jeu .
Heu M.Watt, je vous invite fortement à vous repencher sur l’effectif 2018 de la Katusha et de jeter également un oeil sur le squad qui entourait Kittel chez Quick Step lors du dernier Tour de France ! Le train Katusha est déjà formé depuis un an et connu de presque tous : Hollenstein-Martin-Pollitt-Haller-Zabel avec également B.Planckaert en back up. Ce train fonctionnait déjà bien en 2017, le problème était surtout que Kristoff était bien souvent incapable de terminer ses sprints (plusieurs fois son PP Zabel lui a fait concurrence dans les derniers mètres). Sur le Tour 2017, les 3 derniers soutiens de Kittel pour les 5 derniers kms se nommaient Bauer, Trentin (rapidement out sur chute) et Sabatini (+ Vermote pour chasser les échappées). Pas forcément plus transcendant que ce qui attend Kittel chez Katusha : Haller avait été reconnu par beaucoup comme le principal artisan des succès de Kristoff en 2014 et 2015. Martin même s’il est sur la pente descendante devrait largement plus se dépouiller pour son ami Kittel que pour Kristoff pour lequel il n’avait guère d’atomes crochus. Enfin Zabel, s’il accepte bien de se mettre au service de Kittel est bien plus rapide que Sabatini. Et… Lire la suite »
Le départ de Guarnieri a tout de même marqué un coup d’arrêt au train Katyusha cette année. Il semblait être un élément clef du train de Kristof. D’ailleurs son arrivée chez FDJ marque le passage un palier de Démare dans les sprints massifs…