Dès sa rentrée au sein de sa nouvelle équipe, Jérôme Coppel s'est mis en évidence au chrono de la Ruta del Sol. - Photo TDW Sport
Pour sa rentrée, Jérôme Coppel s’est mis en évidence sur le chrono de la Ruta del Sol. – Photo TDW Sport

Le Haut-Savoyard Jérôme Coppel, désormais âgé de 28 ans, s’est lancé dans une nouvelle aventure l’hiver dernier. Très discret pendant son passage chez Cofidis, celui qui avait terminé cinquième d’un Dauphiné et treizième du Tour sous le maillot Saur-Sojasun compte bien se relancer dans sa nouvelle formation, l’équipe suisse IAM Cycling. Auteur d’un début d’année 2015 satisfaisant, il a néanmoins rechuté au début du mois d’avril, se fracturant le poignet gauche lors de la quatrième étape du Tour du Pays Basque. Contraint au repos forcé, il a décidé de tirer un bilan de ses premiers mois aux micros de la Chronique du Vélo.

Après votre chute au Pays-Basque, tout d’abord, allez-vous bien ?

Oui ! L’opération s’est bien passée, les chirurgiens ont pu faire le travail qu’ils voulaient, ils ont bien bossé. Maintenant, honnêtement, les douleurs ne sont pas trop gênantes, et je vais bientôt pouvoir reprendre sur le home-trainer.

Cette période de repos forcé sera-t-il aussi l’occasion de décompresser en famille, de prendre un petit peu de recul vis-à-vis du milieu de la compétition, de souffler temporairement ?

C’est sûr que je n’ai pas d’autre choix que de couper. J’en profite pour passer du temps chez moi, en famille. J’arrive aussi à me déconnecter un peu du monde du vélo. Je suis quand même les résultats, et au final, cela s’apparente à une bonne coupure comme je devais le faire au mois de mai, sauf que cela intervient un mois plus tôt. En mai, je reprendrai le home-trainer, et à la fin du mois, je roulerai de nouveau sur route pour reprendre le fil de ma saison au Dauphiné.

Vous avez couru dans trois équipes françaises avant d’évoluer maintenant pour l’équipe IAM Cycling. Bien que la Suisse reste voisine, avez-vous ressenti un changement de mentalité important, des méthodes différentes dans l’encadrement ?

C’est certain qu’il y a des changements, même s’ils ne sont pas énormes. Déjà chez IAM, il y a beaucoup de nationalités différentes au sein de l’équipe, ce qui renvoie à l’opportunité de découvrir de nouvelles cultures. Il y a un Letton, des Australiens, un Espagnol, un Colombien, des Italiens… On entend beaucoup de langues à table, même si le français et l’anglais restent les deux principales dans le groupe. Pour ce qui est de l’organisation, on reste quand même dans une équipe suisse. À l’image des entreprises suisses, tout est très cadré, aucun détail n’est laissé au hasard. On sent que les gars sont vraiment à la pointe pour nous, ils font tout pour que le coureur se sente au cœur du projet, qu’il ne manque de rien.

Justement, cette grande diversité au sein de l’équipe n’a-t-elle pas rendu votre intégration difficile ?

Non, bien qu’au début il fallait prendre ses marques. Mais je n’ai pas ressenti de problème particulier d’intégration. Tout s’est très bien passé, je n’étais pas vraiment inquiet sur ce point, et ça s’est fait rapidement. L’ambiance est très bonne, ça aide. Et à la fin du premier stage, il n’y avait déjà plus aucun décalage.

Qu’est-ce qui vous a motivé le plus pour rejoindre IAM ? Vous avez su dès le mois d’août que Cofidis ne vous conserverait pas, aviez-vous d’autres propositions ?

Personnellement, j’avais fait part à Cofidis assez tôt dans la saison que j’avais envie de partir à l’étranger. Les deux équipes qui m’attiraient le plus dans cette optique, et qui s’intéressaient à moi, c’était IAM et Movistar. Mais avec IAM, les négociations n’ont pas traîné, on était d’accord sur bon nombre de points. Je dirais que nous partageons en commun la même vision du vélo, on est donc assez vite tombés d’accord, leur projet me plaisait, et puis il y a l’avantage de la proximité. Le service course n’est qu’à 40 minutes de chez moi ! Et puis je connaissais aussi quelques coureurs, et surtout Eddy Seigneur, ainsi que mon nouvel entraîneur Marcello Albasini.

Après avoir côtoyé plusieurs équipes du paysage français, il vous paraissait nécessaire de changer d’air ?

Plus que de changer d’air, je souhaitais vraiment partir à la rencontre d’une autre culture, d’autres mentalités par rapport à ce que j’avais déjà connu. Je voulais voir un peu comment ça pouvait fonctionner ailleurs. Je voulais aussi en profiter pour apprendre une autre langue, car dans mes précédentes équipes, il n’y avait presque jamais de coureurs étrangers. Chez IAM, c’est complètement différent, on n’est que quatre français, mais c’est aussi le but du jeu, à savoir se mélanger, se fondre dans un groupe.

Bien que IAM ait caché pendant un petit bout de temps son envie d’aller en World Tour, est-ce que c’était un facteur déterminant pour vous qui avez couru pendant quatre saisons dans les divisions continentales ?

Non, le World Tour n’était pas une priorité. D’ailleurs quand je me suis mis d’accord avec IAM, ils n’y étaient pas, ils n’en parlaient même pas encore. Franchement, ce qui me tentait et valait le plus à mes yeux, c’était le projet, et c’est bien pour ça que j’ai choisi de signer avec eux.

On a remarqué que depuis janvier, deux groupes principaux se sont formés : celui pour les classiques, et celui pour les courses à étapes…

Oui, c’est vrai qu’il y a plutôt une partie de l’équipe tournée courses par étapes et une autre sur les courses d’un jour. On a fait une très belle campagne sur les flandriennes avec Elmiger, dixième aux Flandres et cinquième à Roubaix. Mais bon, nous aussi sur les courses par étapes le bilan est globalement bon, on a fait une bonne Ruta del Sol, et en Catalogne on a bien travaillé pour le Colombien, Pantano, qui finit dans les dix premiers.

Votre objectif cette année est-il plutôt de vous concentrer sur les courses d’une semaines, ou de chercher à vous relancer sur les grands tours ?

Je vais naturellement essayer de bien performer sur les courses d’une semaine, mais je n’oublie pas les courses de trois semaines pour autant. Je vais participer à un grand tour cette année, bien que cela soit essentiellement pour viser une étape ou offrir mon soutien à un leader. Cependant, j’avais fait du Tour de Romandie l’un des gros objectifs d’avant coupure, et malheureusement, je n’y défendrai pas mes chances… Le Dauphiné, j’y ferai ma reprise, et je serai certainement trop juste pour y faire quelque chose. Mais après, j’espère que la forme ira crescendo sur les Championnats de France, puis sur le Tour de France où on misera beaucoup sur Mathias Frank pour le général.

Vos premières courses avec IAM furent encourageantes. Vous faites un joli chrono sur le Tour d’Andalousie, et si l’on va chercher plus loin, vous surfiez sur un regain de forme pendant la dernière Vuelta. Cela doit être frustrant d’être stoppé en plein élan…

C’est clair que tout semblait aller de mieux en mieux. En Catalogne j’avais de bonnes sensations, et au Tour du Pays Basque, chaque jour jusqu’à ma chute, ma condition s’améliorait. Il y avait moyen que j’arrive au top de ma forme en Romandie, qui est quand même un épreuve très importante pour l’équipe. Mais bon, quand je regarde, je me dis que j’ai bien récupéré de la chute, et plus vite je serai rétabli, plus vite je pourrai retrouver un bon niveau.

Votre profil est plutôt celui d’un grimpeur-rouleur, et chez IAM il y a de gros moteurs, dont l’ancien recordman de l’heure Matthias Brändle, ou Sylvain Chavanel. Cela vous aide ?

Oui, je trouve qu’on a une bonne équipe pour les contre-la-montre par équipes, avec Matthias, Sylvain, mais aussi Dries Devenyns, ou Jérôme Pineau qui est également capable de faire une performance dans les prologues et les chronos courts. On est très motivé dans cet exercice, d’abord car on en aura besoin sur le Tour – un long clm par équipes de 28 kilomètres est programmé entre Vannes et Plumelec pour la neuvième étape, ndlr –, mais il y a aussi d’autres objectifs stimulants. Je pense aux championnats du monde à la fin de l’année. Après, d’un point de vue plus personnel, chacun a ses habitudes, ses échauffements spécifiques, son type de préparation. Mais le fait qu’il y ait des coureurs avec plus d’expérience nous aide au moment du briefing. C’est un plus aussi en guise de communication, on reçoit des conseils sur les manières de prendre les virages, le choix du braquet. Ce n’est pas négligeable !

Pour conclure, avez-vous avant tout envie d’un bon classement général sur une course qui vous tient à cœur, ou de retrouver le chemin de la gagne peu importe la course ?

Surtout retrouver le chemin de la gagne ! Cela fait longtemps que je n’ai plus levé les bras, et j’espère bien pouvoir être en position de viser une victoire dans les prochains mois. Sur les courses par étapes sur lesquelles je serai aligné, j’aurais sûrement un petit bon de sortie, alors espérons !

Propos recueillis par Alexis Midol

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