Dans le centre de Turin, Vincenzo Nibali a triomphé pour la deuxième fois sur ses terres, et remporté son quatrième grand tour. Il l’a fait devant un novice en la matière et le combattant Valverde. Un podium final qui n’était pas encore dessiné à douze kilomètres de l’arrivée hier, dans le Col de la Lombarde, preuve de l’extrême indécision d’une édition extrêmement ouverte, où les coureurs auront réussi à rendre les étapes aussi passionnantes qu’inconfortables, diront certains. Et si le top 10 n’est pas le plus prestigieux de ces dernières années, il n’empêche que l’on aura quand même vibré – un peu pendant trois semaines, et énormément pendant deux jours.
Et si c’était le modèle à suivre ?
Depuis 2011, jamais le parcours du Giro n’avait suscité autant de critiques, qu’elles soient positives ou négatives. Il y a cinq ans, l’extrême difficulté proposée par Angelo Zomegnan avait dépassé la ligne rouge, et offert un spectacle à deux vitesses, entre un Contador aérien et des poursuivants en souffrance perpétuelle. Cette fois, le faible nombre d’arrivées au sommet en a étonné plus d’un. La part du contre-la-montre, importante sans être prépondérante, et l’absence des plus grands cols du territoire transalpin, ont sans doute caché un festival en préparation pour le centième rendez-vous de 2017. Mais il fallait inévitablement composer avec les pièges et les composantes particulières de ce tracé, qui, à première vue, ne comportait aucune étape particulièrement effrayante, à l’exception de la troisième semaine dans son ensemble, bien plus musclée que les deux précédentes. Synthétisant étapes de plaine pour les sprinteurs, fractions pour baroudeurs, des « routes blanches », et journées de haute montagne, l’épreuve était idéale pour que les plus en forme s’expriment sans retenue, de telle sorte qu’ils n’en auraient sans doute pas été capables en présence d’un plateau bien plus relevé, sur des schémas cadenassés.
Tout avait commencé par la victoire logique de Tom Dumoulin, chez lui aux Pays-Bas, et déjà la surprise Roglic, deuxième du prologue et vainqueur dans le Chianti une semaine plus tard, au lendemain de la prise de pouvoir de Brambilla. Comme une odeur de renouvellement, lorsque son coéquipier de chez Etixx, Bob Jungels, s’emparait du rose à Sestola, en parallèle de la victoire de Giulio Ciccone, néo-pro de l’équipe invitée Bardiani. Les favoris, eux, ont longtemps joué au chat et à la souris, avant d’exposer leurs limites individuelles dans la traversée des Dolomites. Tous les observateurs misaient sur une grande explication entre Nibali, Valverde et Landa, mais une fois de plus, les plans initiaux se sont révélés erronés. Combien misaient un sou sur Steven Kruijswijk en première semaine, alors qu’il s’était positionné très tôt devant tous ses rivaux ? Le Néerlandais n’a presque jamais été dérangé avant la dix-neuvième étape, et a même accru son avance en courant à la perfection. Ceux qui ont couru trop sagement, eux, ne se sont pas donné les moyens d’atteindre leur objectif.
Le grand chamboulement en 48 heures
Le retournement complet de situation survenu après avoir franchi la frontière française symbolise alors l’équilibre trouvé par RCS Sport au moment de construire la carte du Giro 2016. Les étapes se sont succédé dans une relative homogénéité. Pas plus de deux étapes plates consécutives, et les quatre étapes de montagne s’enchaînant le deuxième week-end étaient toutes très différentes, même si c’est principalement dans les descentes et les kilomètres de liaison que les grandes manœuvres se sont lancées. Quand le Squale décide de prendre des risques dans la descente du Col d’Agnel, tous ne peuvent pas suivre, et ses adversaires iront progressivement au tapis jusqu’à Sant’Anna di Vinadio. Kruijswijk perdant toutes illusions dans un mur de neige, Zakarin dans un ravin, Chaves défaillant dans le Col de la Lombarde, y ont cru. Pour le Colombien, l’exploit aurait été de taille. Mais une nouvelle fois, l’armada collective Astana, à qui la victoire était presque promise au départ, a su faire dérailler les trublions gênants.
Et y imposer la dure loi de la densité d’effectif nécessaire pour s’adjuger un grand tour. Avec les formations Movistar, Sky et Tinkoff, les italo-kazakhs se partagent les épreuves de trois semaines, et nous ont presque ramené sur terre, après un mois de mai plein de surprises, où l’on s’était résolu à voir un nouveau coureur inscrire son nom au panthéon du Giro. Avec des grandes échappées en dernière semaine, et une guerre des équipes pour y placer ses lieutenants, les alliances de circonstances ont aussi pimenté les derniers kilomètres, souvent par le biais des différentes nationalités. Les coureurs de Bardiani et Southeast, n’ont pas hésité à relayer franchement Vincenzo Nibali pour l’aider dans son incroyable remontée, tandis que Chaves, lui, avait fait d’Uran, décevant dans l’ensemble, son meilleur rempart face aux assauts du Sicilien. Un dénouement aussi inattendu que la tournure générale de la course rose version 2016, qui, sans faire bondir tout le monde de son canapé, a réussi à en captiver plus d’un, et à nous intéresser à ces coureurs qui avaient besoin d’être mis en confiance. Kruijswijk, Chaves, Jungels, Amador, Atapuma, ont joué crânement leur chance. Et bien leur en a pris. On n’aura pas vibré comme on pouvait l’espérer pendant trois semaines. Mais les trois derniers jours de course suffisent à nous laisser en bouche le goût d’une grande course. C’est sans doute le principal.
Pour moi, l’imprévisibilité, c’est bien mais ce n’est pas forcément ce qui fait le charme d’une course. J’ai trouvé ce Giro 2016 intéressant à suivre avec ce suspense entre les prétendants au général. Pour moi, les plus belles étapes, avec du mouvement en course avant les 30 derniers kilomètres seront la 16ème où presque tout le monde à attaquer le maillot rose et la 19ème étape, où on a eu beaucoup de mouvement dès le col Agnel. De mon avis, la dernière étape de montagne était un échec, même s’il y a avait du suspense et un final haletant dans les 15 derniers kilomètres, voir encore 40 coureurs ensemble dans le peloton au sommet de la Bonette me parait anormal.
Bref, je suis peut être un peu sévère avec ce Tour d’Italie mais c’est certainement en comparaison de celui de l’année dernière où Aru et Contador attaquaient dès la première semaine et on avait eu des dernières étapes de folie
Sur les étapes où Kruiswijk dominait en patron, Nibali et Valverde attaquaient dans chaque descente et on le voyait en difficulté, ca ne m’avait même pas étonné le soir de sa chute d’apprendre qu’il avait perdu le maillot. On sent que même si un coureur peut être le meilleur seul les superstars savent gérer leur faiblesse et dégagent une sérénité à toute épreuve. Ca me rappelle Armstrong qui se faisait attaquer par Vino et Ulrich dans les descentes et qui restait calmement derrière ses équipiers.
C’ est sur mais Armstrong avait l’ avantage d’ avoir de bons équipiers, capables de l’ accompagner après le franchissement de cols. Ce n’ était pas le cas de Kruiswijk sur ce Giro.
Kruiswijk a sans doute perdu à cause de la faiblesse de son équipe tout comme Dumoulin lors de la dernière Vuelta. et dire que pendant des décennies, ,les hollandais avaient les formations les plus puissantes: Raleigh, Panasonic, puis Rabobank!