Pour sa première saison en World Tour, l’équipe IAM Cycling a connu de nombreuses difficultés pour tenir le rythme d’un calendrier effréné, souffrant d’une profondeur d’effectif sans doute trop juste pour espérer briller sur plusieurs terrains. Classée dernière de l’élite, et en baisse concernant son total de victoires – passé de 17 à 13 par rapport à 2014 -, la formation suisse peut néanmoins se targuer d’avoir décroché des succès plus prestigieux, et d’avoir fait émerger sur le devant de la scène certains talents.

Deux raisons d’être satisfaits

Un Tour de France réussi. Ce n’était pas gagné d’avance, mais pour son deuxième Tour de France consécutif, l’équipe IAM a trouvé le moyen de se mettre en valeur et de remplir enfin les objectifs attendus au classement général. Bien que pas au niveau des tous meilleurs, Mathias Frank, révélé en 2013 pour sa dernière saison chez BMC, s’est classé huitième à Paris au prix d’une troisième semaine offensive. Dans le même temps, le grand public a fait la connaissance du petit grimpeur colombien Jarlinson Pantano, très en vue pour son premier grand tour. Neuvième au Tour Down Under et onzième en Catalogne, la recrue sid-américaine fut d’un apport non négligeable sur les courses par étapes. De quoi donner le sourire à Michel Thétaz, fier de voir son équipe aux avant-postes sur la plus grande compétition mondiale.

Elmiger et Brändle, les infatigables. Sur les maigres 189 points de sa formation au World Tour, Martin Elmiger en a rapporté 56. Alors que personne ne l’attendait à un tel niveau, le capitaine de route et quadruple champion de Suisse a réalisé la meilleure campagne de classiques de sa carrière. Dixième du Tour des Flandres et cinquième au Vélodrome de Roubaix, il a épaté bon nombre de suiveurs, et montré qu’il n’était pas fini, loin de là. Matthias Brändle, lui, semble arriver à maturation. Très bon rouleur, il a provisoirement détenu le record de l’heure, jusqu’au mois de février. Victorieux par ailleurs à deux reprises dans le chaos du désert d’Oman, l’Autrichien a développé ses qualités de baroudeur, en ajoutant un autre succès à son tableau de chasse lors du Tour de Belgique. Une saison accomplie.

Trois raisons d’être déçus

Pelucchi, entre malchance et irrégularité. Par ses belles victoires, Matteo Pelucchi pourrait très bien être rangé dans la catégories des tops de la saison 2015 d’IAM Cycling. Mais à y regarder de plus près, on se dit que ses succès en Pologne et à Majorque auraient très bien s’ajouterà d’autres bouquets de plus grande envergure sans une certaine malchance. Touché en plein milieu du Giro et contraint à l’abandon dès la deuxième étape de la Vuelta, l’ancien d’Europcar n’a pas eu le droit de montrer ce qu’il valait vraiment sur trois semaines. Enfin, sur les autres grandes courses où il fut aligné, il a oscillé entre le chaud et le froid, sprintant bien trop aléatoirement. Malgré tout, ses managers ne veulent pas lui en tenir rigueur, et il devrait disposer de plus de moyens à sa disposition en 2016.

Des équipiers trop discrets en montagne. Si Frank et Pantano ont fait le métier sur les courses les plus importantes, la bande à Eddy Seigneur ne s’est pas faite remarquer dans les hautes cimes. Bien que volontaire et souvent à l’avant pendant le Tour d’Italie, Sébastien Reichenbach n’a pas montré les signes d’évolution attendus, et a plutôt stagné. Non conservé par la direction, il ira épauler Thibaut Pinot en compagnie de son compatriote Steve Morabito l’an prochain. Thomas Degand, bonne surprise du début de saison passé sous le maillot Wanty, était pour sa part bien trop en-deçà des attentes fixées, et repartira aussi vite qu’arrivé chez ses anciens partenaires. Même constant pour Marcel Wyss, habitué à se sublimer lors du Tour de Romandie, ou Jonathan Fumeaux et Stefan Denifl, seulement visibles au Tour de Suisse.

Sylvain Chavanel a perdu son pari. Alors qu’il s’était concentré depuis ses années Quick Step sur les Monuments du printemps, Sylvain Chavanel a surpris en début de saison, annonçant vouloir disputer les trois grands tours en l’espace d’une seule et même année. Hors du coup sur les courses pavées, il a ensuite été battu par plus fort que lui dans les finals du Tour d’Italie où il s’était échappé. Défait de sa suprématie contre-la-montre en France par son coéquipier Jérôme Coppel, il s’est totalement loupé sur la Grande Boucle, avant de courir un Tour d’Espagne peu flatteur pour lui. Comptant pour meilleur résultat une onzième place sur Paris-Nice, Chavanel a traversé la saison sans la moindre victoire. Une première depuis 2007.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.