À la veille de l’épreuve reine des championnats du Monde de cyclisme 2015, notre consultant italien Gianni Savio a choisi de livrer son analyse précise sur les éléments clés du circuit de Richmond, ainsi que sur les scénarios de course possibles. Pour la Chronique du Vélo, il effectue une revue effectif, et fait ressortir un nom : celui de John Degenkolb. Pour autant, il n’oublie pas l’équipe de France, qu’il voit compétitive, et la Squadra Azzura, capable de surprendre.

“Tous les sprinteurs ne pourront pas supporter les seize tours”

Premièrement, je pense que tout dépendra des conditions météorologiques. C’est à dire qu’on pourra très bien avoir deux courses totalement différentes en fonction du ciel. Une en cas de beau temps, et une autre en cas de pluie. Dans cette optique là, le circuit deviendra dangereux, et assez similaire à celui d’une classique des Flandres, comme le Ronde. La deuxième partie du tracé m’y fait penser, avec ces trois petites côtes, et deux virages présentant des pavés identiques à ceux que l’on trouve en Belgique. Au niveau du scénario, en cas de mauvais temps, je mise sur un final assez proche de celui de l’an dernier, où Michal Kwiatkowski avait attaqué tout seul et résisté pour gagner. Dans le cas inverse, ces championnats du monde seront toujours imprévisibles, puisque c’est le caractère fascinant du cyclisme. Néanmoins, il me paraît plus probable que l’on assiste à une arrivée groupée, avec trente à quarante coureurs dans un petit peloton. La sélection sera rude avec quasiment 260 kilomètres, tous les sprinteurs ne pourront pas supporter les seize tours de circuit, avec ces trois petites bosses. Ce ne sont pas des cols, bien entendu, mais la première présente quand même un pourcentage moyen de 9 %.

Dans ce type de configuration, je vois comme favori l’Allemand Degenkolb. Il a déjà démontré à plusieurs reprises qu’il savait gravir les côtes, et ne pas se limiter à ses qualités de sprinteur. C’est un finisseur avant tout. Mais les pronostics sont très ouverts. Du côté de la France, je pense à Nacer Bouhanni. S’il est en forme, il pourrait bien être l’un des grands protagonistes de l’épreuve. En cas d’une course de mouvement, Julian Alaphilippe devrait aussi tirer son épingle du jeu. Le parcours est aussi à mon sens idéal pour Michael Matthews. Toute son équipe sera articulée autour de lui, et des garçons comme Dennis et Gerrans lui seront précieux. J’aurais bien évoqué Sagan et Kristoff, mais ils seront en infériorité numérique par rapport aux grandes nations. Malgré tout, comme souvent, les Mondiaux se prêtent au jeu des alliances transversales. Cela dépend de comment la course se déroulera, mais si par exemple Sagan et Kristoff tombent sur des coéquipiers de leurs équipes respectives durant la saison régulière, ils pourront peut-être se faire aider.

“N’excluons pas trop vite les petites nations”

L’Italie, pour sa part, possède un sprinteur très en forme avec Elia Viviani, qui a levé les bras au Tour de Grande-Bretagne. Enfin, nous pouvons aussi jouer la carte Trentin. Ce n’est pas un pur sprinteur, mais c’est un bon finisseur, qui possède une grande expérience des classiques du nord. Alors, si l’atmosphère s’y prête… Enfin, impossible d’oublier Vincenzo Nibali. Je l’ai rencontré durant les classiques italiennes du mois de septembre, la Coppa Agostoni, la Coppa Bernocchi, le Mémorial Marco Pantani et le Grand Prix de Prato. Et son état de forme m’a impressionné. À chaque fois, il a fait la course, pris les choses en main, opéré la sélection. Si l’Italie décide de courir pour lui, il faudra que l’écrémage soit effectué. Nibali peut s’imposer s’il arrive à porter une attaque dans la dernière bosse, et que les favoris se regardent trop. Le vainqueur sera certainement celui qui aura le courage d’attaquer au meilleur des moments, ou bien un pur sprinteur.

Un petit mot sur l’Espagne. Alejandro Valverde a dit dans la presse que le parcours ne lui convenait pas, et qu’il ne jouerait pas sa carte, mais c’est probablement tactique selon moi. Il bluffe. Les Colombiens miseront sur Rigoberto Uran, tandis que les Belges ont l’avantage d’avoir un trio de qualité. Boonen a déjà été champion du monde, tout comme Gilbert, et van Avermaet sera présent. Quant aux potentielles surprises, n’excluons pas trop vite les petites nations, comme la République Tchèque et le Danemark. Zdenek Stybar est un spécialiste des classiques pavées et sait conclure, tandis que Matti Breschel est un spécialiste de ce genre de rendez-vous. Il a toujours été parmi les meilleurs lors des Mondiaux, ce qui est remarquable en soi. Les Pays-Bas, eux, ont bien Tom Dumoulin, auteur d’une grosse Vuelta, et Lars Boom, mais ils n’ont pas de sprinteur à proprement parler. Dimanche soir, les qualités de finisseur de chacun seront déterminantes.

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