Il était la figure emblématique d’Orica, présent depuis la création de l’équipe, en 2012, vainqueur de deux monuments et porteur du maillot jaune sur le Tour. Mais la fin de l’histoire est arrivée, et Simon Gerrans, 37 ans, a eu trop peur de la retraite : il a donc pris un sacré pari, celui d’aller filer un coup de main à Richie Porte chez BMC.

Expérimenté et sans concession

Dans la première partie de sa carrière, c’est peu dire que Gerrans avait la bougeotte. Cinq équipes différentes entre 2005 et 2012, le garçon né à Melbourne avait du mal à trouver le point de chute idéal. Puis est arrivé le projet GreenEdge, rebaptisé Orica après quelques mois, et « Gerro » en est devenu le porte étendard, restant fidèle six sisons durant. Jusqu’à il y a quelques mois où, d’un commun accord, le coureur et l’équipe ont décidé que toutes les bonnes choses avaient une fin. « J’ai pensé à arrêter, reconnaît Simon Gerrans pour Cyclingnews. Ça m’a traversé l’esprit, puisque je n’allais pas continuer avec Orica. Je n’avais aucun plan concret mais je n’excluais rien. » Il a alors suffi d’une opportunité pour que l’Australien décide en réalité de continuer. La prise de contact était l’œuvre de Richie Porte en personne, désireux de compter son compatriote dans sa garde rapprochée.

« Richie m’a contacté directement pour me dire qu’il me voulait dans l’équipe pour l’aider », raconte Gerrans. Le choix est alors devenu évident. Jamais les deux garçons, figures du cyclisme australien depuis le départ à la retraite de Cadel Evans, n’avaient couru ensemble jusqu’ici : il était temps de réparer ça. Chez BMC, Porte désirait s’entourer d’hommes d’expérience, surtout après le contrôle positif de Samuel Sanchez, qui jouait jusque-là ce rôle de vieux briscard. Mais Gerrans est un peu plus que ça. C’est un homme sans filtre, qui n’hésite jamais à dire ses quatre vérités à ses coéquipiers ou à ses amis. « Peut-être que c’est pourquoi Richie me voulait auprès de lui, justifiait-il récemment pour le Sydney Morning Herald. J’ai toujours été direct avec lui, je n’ai jamais hésité à le recadrer quelques fois quand je pensais qu’il en avait besoin. Je pense qu’il apprécie ça, d’avoir quelqu’un qui ne va pas se moquer de lui ou lui dire ce qu’il veut entendre. »

De l’Australie au Tour

A quelques mois de fêter ses 38 ans, Gerrans sait que sportivement, rien ne lui sera acquis. Il va devoir prouver qu’il mérite sa place, même si c’est le leader en personne qui l’a fait venir. « Pour moi, cette année est un bonus, conçoit-il. Je ne suis pas certain d’avoir ma place sur le Tour de France, c’est quelque chose que je vais réellement devoir gagner. » L’an dernier, chez Orica, il en avait été privé au profit de coureurs plus jeunes. C’est le jeu et il en est conscient. Mais il reste persuadé de pouvoir apporter à un Richie Porte qui ne doit plus gaspiller de cartouches s’il veut un jour remporter le Tour. Le rendez-vous est pris pour dans six mois et demi. D’ici là, il y a tout à construire ou presque. Après quelques semaines de stage en Espagne, Porte et Gerrans disputent leur première course ensemble cette semaine, à domicile, sur le Tour Down Under. Le début d’une nouvelle histoire.

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