Tenant du titre, le Britannique Christopher Froome fait une nouvelle fois figure de grand favori au départ du Mont-Saint-Michel, même si l’adversité, redoutable, ne peut être écartée au vu de son pedigree tout aussi exceptionnel. Mais le coureur de Sky, capable de plier la Grande Boucle en sept jours, est toujours aussi affamé. Sur le Dauphiné, il a signé un retour en trombe, après un début de saison poussif. Tout semble indiquer qu’il en a encore sous la pédale.

Pour juger de son aptitude à rejoindre Greg LeMond, Louison Bobet et Philippe Thys au rang des triples vainqueurs du Tour, ses seuls antécédents en juillet laissent penser que Froome est plus que paramétré pour briller pendant cette période. Deuxième en 2012 en étant largement bridé par Bradley Wiggins, il ne s’est pas fait prier pour reléguer Contador et les Movistar comme de bons sparring-partners lors de la centième édition. Si l’année 2014 fut compliquée, marquée par une contre-performance rare en juin et une chute sur les pavés du Nord, 2015 le remit sur les bons rails, et que ce soit le Pistolero, le Squale, Quintana ou les Français, personne n’a pu se mettre en travers de ses volontés impériales dès que la route s’élève. Imbattable dans un grand jour, le parcours très montagneux du Tour 2016 n’est pas parti pour lui déplaire. Car, c’est une constante, peu importe le tracé, Froome est capable de se sublimer, quitte à perdre de son talent contre-la-montre. Cette année, les deux exercices individuels seront même très corsés.

Le Critérium du Dauphiné a beau n’être qu’une simple mise en bouche du Tour, elle se révèle souvent déterminante dans l’approche choisie des favoris au maillot jaune. Lieu idéal pour exercer une domination mentale, appuyer un rapport de force, semer le doute, et se rassurer, Froome en a fait son jardin. Triple vainqueur, il n’a pas dérogé à la règle, en réalisant un numéro sur les pentes de Vaujany, avant de contrôler ses rivaux, Romain Bardet en tête. De quoi le conforter encore un peu plus dans sa posture du favori naturel, quand on sait que sur les cinq dernières années, le lauréat sur les Champs-Elysées avait été sacré en juin par trois fois. Bradley Wiggins, à terre dans la descente du Pas de Peyrol en 2011, avait dû attendre 2012 pour réaliser enfin le fameux doublé, imité l’année suivante, par son ancien valet, alias le “Kenyan Blanc”. 2014 avait vu Andrew Talansky décrocher le plus beau succès de sa timide carrière, avant que Froome revienne triomphalement dans les Alpes.

Ajoutons à cela que Froome, qui a certes connu la défaillance en Espagne, par exemple, n’a presque jamais failli devant ses concurrents. Nibali sur Tirreno-Adriatico, mais cela remonte déjà à 2013, Contador sur le Tour d’Espagne, et Zakarin du côté de la Suisse Romande peuvent se targuer de l’avoir fait déjouer. Mais, en face à face, les comparaisons avec Quintana, Aru, Pinot, Van Garderen, Porte, et surtout les deux premiers noms précédemment cités, parlent d’elle mêmes. Le garçon d’Outre-Manche est un monstre de régularité, et il faudra sortir les tripes pour prendre les commandes du Tour dès l’arrivée au Lioran. Accompagné par Mikel Landa, troisième d’un Giro, Mikel Nieve, Wout Poels, dernier vainqueur de Liège-Bastogne-Liège, et surtout Geraint Thomas, c’est dès le départ qu’il faudra user de ses cartouches pour inverser l’ordre établi. Et pourquoi pas faire vaciller Chris Froome…

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