L’Alto de l’Angliru, dont l’histoire avec la Vuelta a commencé en 1999 avec une victoire du regretté José Maria Jimenez, sera demain le juge de paix de l’épreuve espagnole. Chris Froome, qui devra contenir ses plus sérieux adversaires, a déjà manqué l’occasion d’accrocher le Tour d’Espagne sur ces raides pentes des Asturies. C’était en 2011, année du sacre de l’inattendu Juan José Cobo.

Froome l’équipier

Christopher Froome n’a grimpé qu’une seule fois l’Angliru en course, et il n’en garde pas un très bon souvenir. Alors équipier de Bradley Wiggins, en quête d’un premier succès en grand tour et maillot rouge sur le dos, Froome avait pour rôle d’accompagner son leader sur ces pentes à plus de 23 %. Le but : conserver ce maillot rouge que s’était accaparée l’équipe britannique, même si le matin-même, les cinq premiers du général se tenaient en moins d’une minute. Alors, quand Juan José Cobo a attaqué à sept kilomètres du sommet, avant que les pourcentages les plus forts ne fassent leur apparition, Froome fit le train pour son aîné, non adepte des changements de rythme. « Je suis prêt à attaquer, avait pourtant prévenu Cobo avant l’étape. Nous verrons ce qu’il se passe aujourd’hui, je sais que Wiggins n’aime pas ce genre d’ascensions. »

Le bras de fer était lancé. Froome, en tête du groupe des favoris, chassant un Cobo devenu de plus en plus surprenant au fil des jours. Indéniablement, le Britannique laissait là des cartouches qui lui coûteront au final de précieuses secondes. Peut-être même aurait-il pu suivre l’Espagnol s’il avait été désigné numéro un des Sky. « Bradley est le leader de l’équipe, se défendait Froome après l’arrivée. Déjà, le choix des mots étaient prégnant, comme pour masquer une énorme déception. « Je n’ai pas de regrets. Je suis simplement allé aussi vite que j’ai pu. » Certes, mais quand Wiggins resta collé dans les pentes à 23 %, Froome mit quelques temps à oser suivre Poels et Menchov. Comme s’il attendait la permission.

La chance de Cobo

Une semaine, s’il est arrivé en rouge à Madrid, Cobo le devait en partie à cette étape de l’Angliru. Et l’Espagnol savait qu’il avait bénéficié de la stratégie peu claire de la Sky. « Nous n’avions aucune tactique pour gagner contre lui (Froome, ndlr), tout s’est joué aux bonifications et au physique. Lui a démarré comme équipier de Wiggins et perdait tous les avantages de la bonification. Ce rôle lui a un peu pesé. S’il avait été leader et libre de faire sa course, je crois que nous ne serions pas en train de discuter de ma victoire sur cette Vuelta. » Froome s’en est toujours défendu, et précise que de toute façon, sur l’Angliru, la tactique n’a que peu de place. « Sur une montée de ce genre, il n’y a pas grand chose à faire. Cobo était plus fort que nous. » Pour demain, les choses s’annoncent toutefois différemment. Froome est solidement installé en tête du général, et cela fait bien longtemps, désormais, que son leadership n’est plus remis en question chez Sky.

Mais celui qui rêve du doublé Tour-Vuelta n’est pas le plus à l’aise dans les forts pourcentages. Certaines de ses victoires, notamment à Peña Cabarga, sont ainsi les arbres qui cache la forêt. Il y a deux jours, encore, il a concédé de nombreuses secondes vers Los Machucos. Demain, l’ascension sera tout aussi terrible mais plus longue. De quoi perdre encore plus de temps. Sa position au général devrait lui permettre de gérer les derniers kilomètres, et il y a fort à parier qu’il se mette à son rythme pour ne pas risquer d’exploser. Le Britannique le sait, son premier Tour d’Espagne, qui ne lui échappa que pour treize secondes il y a six ans, l’attend au sommet de l’Angliru. De quoi faire de beaux rêves. A moins qu’il ne soit rattrapé par un cauchemar de Cobo à l’attaque et de Wiggins en rouge… Bonne nuit Chris.

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