Attendu pour son premier Tour d’Italie, le jeune espoir Davide Formolo a déjà fait mouche ! En remportant aujourd’hui une quatrième étape haletante, marquée par les routes difficiles et étroites des Cinque Terre, le coureur du team Cannondale-Garmin libère son équipe après un début de saison anonyme au sein du World Tour. Cependant, on peut légitimement se demander si le transalpin est capable de garder une telle cadence pendant les prochains jours, alors qu’il n’a jamais disputé de courses de trois semaines.

Un maillot trop peu vu à l’avant jusque-là

Résultat de la crise qui touche elle aussi le monde professionnel, la fusion entre Cannondale et Garmin durant la dernière intersaison n’avait déjà pas su capter les meilleurs éléments des deux parties. Si l’expérimenté Hesjedal, le prometteur Talansky et l’indispensable Martin ont gardé confiance en Jonathan Vaughters, ce ne fut pas le cas de coureurs comme Tyler Farrar ou Johan Vansummeren, mais surtout Peter Sagan, Elia Viviani et Ivan Basso, le trio qui a porté à bout de bras l’équipe verte ces dernières saisons. Rajeunie, la structure nouvelle comptait bien pouvoir s’illustrer dès les premières classiques du printemps, mais n’a pas pesé bien lourd dans la balance. Sebastian Langeveld aux abonnés absents sur les pavés, Dan Martin très malchanceux sur les ardennaises et un Tom-Jelte Slagter dont on attend toujours qu’il franchisse un palier supplémentaire, la première partie de l’année 2015 ne restera pas dans leur mémoire collective, du moins jusqu’à ce Tour d’Italie. Peu fière de ses deux seules victoires de second rang glanées depuis le coup d’envoi, il aura fallu attendre le mois de mai pour voire éclore des jeunes talents à l’apprentissage soutenu.

Très prisée des supporters locaux le long des routes, la jeune pépite Formolo a fait étalage de son talent tout au long d’une étape nerveuse et exigeante entre Chiavari et La Spezia. Parti dans une fugue à 29, il fut le plus endurant sur ces montagnes russes en bord de littoral. Sorti au pied d’une dernière difficulté longue de 3,4 kilomètres à 8,8% de moyenne, le coureur de l’équipe américaine a fait honneur à sa réputation d’habile et courageux grimpeur pour résister à des favoris déchaînés, menés par Fabio Aru. Sur la ligne d’arrivée, le jeune garçon de 22 ans peut amplement savourer la réussite d’un numéro audacieux, qui comble tout autant de joie ses dirigeants. Car s’il était déjà à le peine durant sa préparation, l’ancien vainqueur du Giro, Ryder Hesjedal, a littéralement sombré en ce mardi, accusant un débours de plus de cinq minutes au moment de franchir la ligne. Du coup, comme Orica qui était venue pour remporter des étapes en première semaine, la course rose des hommes de Cannondale-Garmin est déjà réussie, avec une belle victoire d’étape dont n’importe qui se serait satisfait. Mais désormais se pose une autre question : le doux rêve d’un néophyte des grands tours peut-il continuer ?

Une porte s’est ouverte en interne

Si certains observateurs avaient déjà flairé le coup en amont, il semblerait bien que Ryder Hesjedal ne soit pas apte à défendre les chances de son équipe au classement général. En délicatesse depuis un contre-la-montre par équipes cauchemardesque pour toute sa bande, le Canadien va sans doute tenter de se refaire la cerise en troisième semaine dès lors que la haute montagne se profilera. En 2014, il avait ainsi décroché un top 10 au profit du scénario fou de l’étape du Val Martello, mais cette année, il paraît encore un cran en-dessous. Ce qui laisse présager de nouvelles libertés pour un Davide Formolo déjà motivé au départ par la confiance qui lui a été accordée au moment de faire les plans. Grâce à son premier succès chez les pros, le dauphin en titre de Vincenzo Nibali sur ses championnats nationaux s’est parfaitement replacé à la neuvième place du général.

Sur sa lancée, il est très probable de le voir de nouveau à l’avant pendant l’intégralité de cette première semaine, et même après. Venu en Ligurie avec 26 jours de course dans les jambes, le septième du Tour de Suisse 2014 a encore de la marge, et pourrait bien surprendre. Il est évidemment prématuré d’en faire un nouveau prétendant au maillot rose, mais qui sait si le port de cette fameuse tunique n’est pas un objectif bien plus important pour le natif de Negrar qu’une anecdotique place au général à Milan ? Demain, la montée roulante vers Abetone fera sans doute la part belle aux seconds couteaux. Une nouvelle occasion de s’exprimer pour un coureur en quête d’assurance, de notoriété, et de résultats convaincants. Aux côtés de son compatriote Davide Villella, autre grand espoir transalpin présent sur ce Giro, Formolo fut l’un des Italiens les plus brillants du circuit espoir. Sixième du Tour de l’Avenir, deuxième du Tour de la Vallée d’Aoste, le pedigree de ce jeune jusqu’alors inconnu du grand public ne laisse pas indifférent. C’est pourquoi son Tour d’Italie s’apparentera désormais à un vrai test. Jusqu’où peut-il tenir ? Lui même ne le sait pas encore.

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