Créée en 1997 sous l’appellation Française des Jeux, l’équipe de Marc Madiot fête en 2017 son vingtième anniversaire. L’occasion de revenir sur les moments marquants de l’équipe au trèfle, qui a marqué le cyclisme tricolore depuis deux décennies.

Guesdon surprend son monde à Roubaix

« J’ai failli toucher le plafond », se souvient Marc Madiot. En voyant Frédéric Guesdon lever les bras à Roubaix, il y avait de quoi. Personne n’attendait le Breton à pareille fête. Le principal concerné semblait lui-même surpris, face aux télévisions, en se remémorant son dernier tour de piste. Ils étaient huit à se présenter pour la gagne sur le Vélodrome. Le dernier à entrer dans l’enceinte, avec quelques mètres de retard, est un coureur de la Française des Jeux que les commentateurs peinent à identifier. Pour beaucoup, il s’agit de Sciandri, d’autres zappent complètement le coureur de la FDJ en queue de groupe, se concentrant sur Museeuw, Tchmil ou Moncassin.

Au moment où Guesdon lance son sprint dans le virage opposé, personne n’y prend vraiment cas, y compris les sept autres coureurs du groupe. Mais leur réveil est trop tardif, et le pavé du vainqueur est pour Guesdon. Un premier succès de prestige, pour la première saison de l’équipe. Une entame parfaite confirmée ensuite par le double succès de Rebellin aux Grands Prix de San Sebastian et de Zurich. Trois sacres qui vont permettre à la Française des Jeux de remporter le classement par équipes de la Coupe du Monde. Mais ces débuts en fanfare vont rapidement laisser place à une période plus compliquée, au cœur des années Armstrong. Il faudra attendre 2006 et la fin du règne de l’Américain pour voir l’équipe tricolore renouer avec le succès en Coupe du Monde. Et symboliquement, c’est ce même Frédéric Guesdon qui mettra fin à la disette, en remportant Paris-Tours.

McGee en jaune pour les 100 ans du Tour

Le Tour du centenaire , en 2003, s’élance du cœur de Paris par un prologue de 6,5 km. La Française des Jeux a du mal à se faire une place au sein d’un peloton qui se mondialise, dominé par l’US Postal d’Armstrong. Victime du « cyclisme à deux vitesses », l’équipe va alors s’illustrer sur des efforts intenses et courts, les sprints et les contre-la-montre. Et pour cela, Madiot va s’appuyer sur son réservoir australien. David Millar est le favori du prologue, mais un problème mécanique dans le final lui ôte des épaules le maillot jaune pour moins d’une seconde. Le gagnant de l’histoire ? Bradley McGee, spécialiste de la poursuite individuelle sur piste.

Du pain béni pour l’équipe au trèfle qui voit enfin la chance tourner. La bonne étoile continuera de briller sur ce Tour de France 2003 avec la victoire d’étape de Baden Cooke à Sedan, concrétisée ensuite par le maillot vers sur les Champs. Ce qui fera dire à Marc Madiot : « Depuis le début de la saison, on était des charlots, tout le monde se foutait de nous. Quelqu’un m’a même dit que la fdjeux.com était juste bon pour les pré-retraités. Je n’ai pas oublié cette phrase. Moi, je savais que si on travaillait sur la durée avec les jeunes que l’on a depuis deux, trois ans, les résultats finiraient par arriver. » L’année suivante, McGee réitérera l’exploit en remportant le prologue du Giro.

Les larmes de Mengin à Nancy

En vingt ans, il n’y a pas eu que des sourires à la FDJ. La chute de Christophe Mengin à Nancy, sur le Tour 2005, est peut-être l’un des souvenirs les plus douloureux qui soit pour la bande à Madiot. Pourtant, Mengin connaît ce fameux dernier virage par cœur, mais la route humide et l’appel de la victoire poussent le Vosgien à prendre des risques, trop de risques… La chute est inévitable. Après de longues minutes au sol, il se relève, remonte sur son vélo et franchit la ligne d’arrivée, l’œil gauche gonflé et embué de larmes.

Au micro des journalistes, Marc Madiot est effondré : « Je suis triste pour lui, ça me m’arrive pas souvent de pleurer mais il ne méritait pas ça. » Symbole du lien fort qui unit le directeur sportif et un coureur qui lui a offert son premier maillot tricolore. C’était en janvier 1997, lors des championnats de France de cyclo-cross. C’est également Mengin qui avait offert à son équipe sa première victoire d’étape sur le Tour de France. En 1997, encore.

Vichot n’était pas seul à Lannilis

Un titre de champion de France marque forcément la vie d’une équipe. Mais celui obtenu par Arthur Vichot à Lannilis garde une saveur encore plus particulière. Le doigt pointé vers le ciel, le Doubiste rend hommage au père de Marc et Yvon Madiot, décédé la semaine précédent le championnat. « C’était bizarre de ne pas vivre le briefing ce matin avec Marc poussant des gueulantes pour nous motiver. Je ne l’ai pas encore eu au téléphone, mais je pense qu’il doit être fier de moi », indiquera Vichot, paré du maillot tricolore si cher à son patron.

Dans le livre Parlons Vélo, Marc Madiot reviendra aussi sur cette course. « J’étais à la maison avec ma femme, elle me demande si je veux regarder la course. Je lui dis que non. (…) Puis je décide de regarder l’arrivée, l’image apparaît. On est dans le dernier kilomètre et c’est le moment où Vichot sort. Le premier mot que je dis à ma femme c’est “Merci Papa”. C’est lui, j’en suis sûr. » Une aide qui a permis à Vichot de s’extirper du trio qu’il formait avec Chavanel et Gallopin, alors même qu’il avait laissé beaucoup d’énergie dans l’échappée matinale.

Pinot où le symbole d’un renouveau

Tout le monde a encore en tête l’image de Marc Madiot hurlant sur son « môme », Thibaut Pinot. La scène se déroule entre Belfort et Porrentruy, lors de la huitième étape du Tour de France 2012. Pinot attaque dans le col de la Croix et se lance à la poursuite de Kessiakoff. Il rattrape et dépose le Suèdois à quelques hectomètres du sommet. Restent alors 16 kilomètres pour résister à un groupe de favoris qui se rapproche dangereusement. Mais l’homme de Mélisey parvient à conserver 26 secondes d’avance sur la ligne et se révèle aux yeux de tous les amateurs de la petite reine.

Un succès qu’il confirmera en terminant dixième de son premier Tour de France, auquel il ne devait initialement pas prendre part. La France de juillet trouve alors en Pinot le coureur de grand tour qu’elle attendait. Un statut qui prendra une ampleur encore plus importante suite à son podium à Paris deux ans plus tard. Depuis, une vraie relation de « je t’aime moi non plus » s’est créée entre le Tour et Pinot.

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