Une semaine de course et un peu de frustration. Le centième Giro devait être une fête. Et pour l’instant, il semble manquer quelque chose. Les invités sont là, les apéritifs servis, mais tout le monde reste sur la réserve. Une retenue que l’on espère vite voir disparaître, parce qu’on s’impatiente.

Attentisme à tous les étages

Le coup du kilomètre de Lukas Postlberger, au terme de la première étape, pouvait être interprété de deux manières. Première option, il était l’illustration d’un Tour d’Italie complètement fou dès son grand départ en Sardaigne, d’une course incontrôlable qui chaque jour allait tordre le coup aux scénarios attendus. Ou alors, deuxième option, il révélait au grand jour que les protagonistes de ce Giro n’étaient pas dedans. Et petit problème, malgré notre folle envie de pencher pour la première hypothèse, la semaine d’épreuve qui s’achève n’a pas été dans ce sens. Les patrons du peloton prennent leur temps. Pour le moment personne ne se découvre et tout le monde a peur pour la grande fête que l’on annonçait. Quatre étapes sont arrivées au sprint, et il n’y a là rien d’anormal. Mais que l’affrontement entre Greipel, Gaviria et Ewan soit tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent au bout de sept étapes l’est beaucoup plus.

La première arrivée au sommet, à l’Etna, devait donner lieu à un feu d’artifice. Mais la montagne, ou plutôt le volcan, a accouché d’une souris. Jan Polanc en a profité pour s’imposer : pas tout à fait le vainqueur attendu. A Terme Liugiane, jeudi, la bosse finale aurait elle aussi pu inciter les puncheurs à se livrer bataille. Mais là encore, rien de tout ça. L’échappée est allée au bout et Silvan Dillier en a profité. Alors tant mieux pour eux, comme pour Postlberger, qui ont su bénéficier à plein de l’attentisme des cadors. Mais trois semaines comme ça, ça risque de faire un peu long. Nibali, Quintana et les autres feraient bien d’avoir la bonne idée de se réveiller. « Ma stratégie, c’est la même que tout le monde, confiait Pinot au journal L’Equipe cette semaine. On attend que les autres fassent le travail. » C’est peut-être là qu’est l’erreur. Si tous les favoris décident de raisonner comme ça, on risque bien d’attendre le Stelvio pour voir les choses bouger.

Le Blockhaus, Etna bis ?

Le Giro, c’est habituellement l’éloge du vélo à l’ancienne, où le panache se retrouve au service de la victoire. Vincenzo Nibali, Alberto Contador et beaucoup d’autres nous y ont habitué les années précédentes. Même Nairo Quintana, quand il s’y est imposé en 2014, a dû mettre de côté ses stratégies tout en contrôle pour se lancer à corps perdu dans la descente enneigée du Stelvio – encore lui. Alors s’il vous plait, messieurs, faites-nous vivre un Giro digne de ce nom. Encore plus pour le centième. Pour ce qui s’est passé jusqu’à maintenant, on ne vous en veut pas. Mais désormais, il faut réagir. La montée du Blockhaus arrive dès dimanche. Tous les favoris se prêtent au jeu médiatique et affirment que l’épreuve démarrera vraiment là-bas. Problème, ils le disaient déjà avant l’Etna. Alors cette fois, on espère qu’ils tiendront parole. Sinon, il y aura de quoi se poser des questions sur la volonté de certains d’accrocher le maillot rose.

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