La dernière course de Spartacus restera une victoire aux Jeux Olympiques. Jamais ça ne pourra lui être enlevé. Il fait ainsi partie des rares champions à être parvenus au graal : quitter son sport sur un succès de grande envergure. Et sur un contre-la-montre, symbole d’une carrière qui l’a vu être un véritable maître de la discipline.

Réglé jusqu’au bout

L’image d’un Fabian Cancellara parfaitement arqué sur sa machine, pédalant avec puissance et fluidité à un rythme parfait, restera dans les esprits. Il y a avait tellement à observer. A admirer et à apprécier. Par moments de manière interloquée tant le garçon semblait au-dessus du lot. Le Suisse, souvent qualifié d’horloger, est le plus grand rouleur qu’ait connu le vélo depuis une vingtaine d’années. Loin devant tous les autres. Quadruple champion du monde, double champion olympique, vainqueur de cinq prologues du Tour de France, il a été la référence pendant plus d’une décennie. De la première fois où il a pris le maillot jaune de la Grande Boucle, en juillet 2004 à Liège, jusqu’à ce deuxième titre olympique à Rio, en août 2016. Douze années d’un règne qu’un seul homme a véritablement tenté d’interrompre : Tony Martin. Pendant quelques années, l’Allemand sera parvenu à mettre des bâtons dans les roues de « Canci ». Lui chipant pas mal de bouquets et quelques maillots arc-en-ciel, mais jamais vraiment son leadership.

Pourtant, ce titre aujourd’hui décerné à Spartacus n’a rien d’honorifique. Il ne vient pas récompenser sa carrière, mais bien sa saison. Sans être le signe – encore – d’une quelconque nostalgie qui pourrait nous habiter, et qui viendra sûrement. Il n’y a pas besoin de ça, puisque Cancellara a dominé les chronos cette saison encore. Avec cinq victoires dans l’effort solitaire, il est le coureur le plus prolifique du peloton. Son « rival » Tony Martin n’en compte que trois. Et dans leurs affrontements sur des chronos où ils ont joué la gagne, le Suisse mène 3-1. Spartacus a vaincu le Panzer, assez largement, et là où ça comptait le plus – c’est à dire, surtout, lors des Jeux Olympiques. Après ça, forcément, l’enfant de Berne pouvait tirer sa révérence. En sachant qu’aller jusqu’aux Mondiaux était risqué, il a décidé de dire stop après Rio. A des milliers de kilomètres de l’Europe, où il a tant brillé durant sa carrière. Comme pour signifier qu’il était temps de passer à autre chose.

Pluie de symboles

« Que demander de plus ? », lançait le Suisse après avoir décroché sa médaille d’or. Sur le moment, le monde entier avait envie de trouver quelque chose à lui répondre. Pour lui offrir un ultime défi, et le revoir sur un vélo. Parce que cette retraite prise à Rio, personne ou presque ne l’avait vu venir et que la surprise était effrayante. Mais au fond, tout le monde savait qu’il n’y avait rien de plus symbolique et de plus fort que d’arrêter à ce moment-là. Après avoir eu, le même jour, la peau de Martin, Froome, Dumoulin et Kiryienka, derniers rivaux d’un Cancellara qui malgré les années, a su rester au sommet. « C’était mon dernier contre-la-montre », assurait l’enfant de Berne après son titre. Ce fut même sa dernière course tout court. Et c’est sans doute mieux comme ça. Le contre-la-montre, d’une certaine façon la discipline la plus pure du cyclisme, où l’on ne se bat plus contre les autres mais contre le temps, est le meilleur moyen d’asseoir sa domination. « Canci » était passé maître en la matière.

Seule ombre au tableau de sa saison, finalement, un printemps sans victoire. Avec Peter Sagan et Sep Vanmarcke, il a pourtant offert un spectacle démentiel, que ce soit sur le Tour des Flandres ou Gand-Wevelgem. Mais à chaque fois, il s’est heurté au Slovaque. Trop fort, sans doute trop jeune aussi pour lui. Qu’importe, il peut quitter la scène en se disant qu’il laisse les flandriennes avec un maître des lieux, un homme sur le papier capable de dominer les pavés comme le Suisse l’a fait pendant – là encore – de longues années. C’est une certaine idée de la passation de pouvoir. En 2013, Spartacus gagnait le Ronde devant Sagan. En 2016, le rapport de force et les places se sont inversés. Une manière de boucler la boucle. Désormais, il va donc falloir s’habituer à voir les courses se disputer sans Fabian Cancellara. En se remémorant à souhait ses plus belles heures, ou bien l’image de sa dernière course. Où comme toujours élégant, sur le podium olympique, il embrassait sa médaille. Conscient de la fin parfaite qu’il venait de s’offrir.

canceportrait

Fabian CANCELLARA

35 ans, Suisse, Trek-Segafredo

7 en 2016
Classement UCI : 13

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Jeux OlympiquesVainqueur du contre-la-montre

2Le Suisse a décroché son deuxième titre olympique à Rio

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Tour des FlandresDeuxième

3Avec trois succès sur le Ronde, Cancellara reste l'un des co-recordman de victoires sur l'épreuve

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Tirreno-AdriaticoVainqueur du contre-la-montre final

4C'est la quatrième fois que Spartacus remporte le chrono de San Benedetto del Tronto

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