Niki Terpstra ne pourra pas défendre son titre, cette semaine au Tour du Qatar. La faute à l’organisation, qui a décidé de ne pas inviter l’équipe belge à cause de son comportement ces dernières années. Et tant pis si cela rend l’épreuve moins intéressante. Pour autant, cette décision ne fait pas l’unanimité. Alors, l’organisation a-t-elle bien fait ?

Oui, par Alexis Midol-Monnet

Cette année, le mois de février bénéficie d’une quantité de courses supérieure à l’an dernier, en raison de la régénérescence de certaines épreuves européennes et l’arrivée du nouveau Tour de Provence, qui attirent d’ailleurs quelques hommes forts de ce début de saison. Par conséquent, Tour de Dubaï, Tour du Qatar et Tour d’Oman sont mutuellement atteints par cette légère baisse d’attractivité, et tout particulièrement le rendez-vous qatari, qui souffre pour la première fois depuis sa création d’un plateau aussi « faible ». Huit équipes World Tour au départ contre une douzaine les années précédentes, et un vide qui interpelle au départ avec l’absence d’Etixx-Quick Step. Pourtant lauréats de huit des dix dernières éditions avec son leader charismatique Tom Boonen, son ancien sprinteur Mark Cavendish ou Niki Terpstra, les hommes de Patrick Lefévére ont grandement contribué à gonfler la renommée d’une épreuve qui n’est pourtant pas réputée pour la diversité de son parcours.

En emmenant une grande équipe se testant en vue des classiques pavées du printemps, la vieille maison Quick Step stimulait ses concurrents, invités à répondre à sa domination parfois outrageuse. Ainsi pouvait-on prendre plaisir à voir Tom Boonen, Fabian Cancellara, Greg van Avermaet et Alexander Kristoff s’écharper à coups de bordures et de sprints au cœur du désert qatari. Un temps qui semble presque révolu, au vu des efforts de RCS Sport pour capter un panel de stars conséquent sur le Tour de Dubaï. Kittel, Cancellara et Gilbert, pour ne citer qu’eux, ont choisi en 2016 de ne poser pied qu’une seule fois au Moyen-Orient, et ne gratifieront pas ASO de leur présence à Doha. Alors, dans un tel contexte, la non-invitation d’Etixx-Quick Step pour manque de discipline apparaît comme une erreur sportive, difficilement compréhensible même du point de vue éthique. Officiellement, les Belges consacreraient trop de temps aux médias avant le départ, seraient régulièrement en retard et perturberaient le bon déroulement protocolaire. Des dérives typiques d’une grosse écurie censée promouvoir le potentiel économique et sportif du Qatar. Difficile donc de lire la cohérence d’une telle décision.

Non, par Robin Watt

En se privant de la présence d’Etixx, le Tour du Qatar fait dans le radical. L’équipe belge est historiquement liée à l’épreuve de la péninsule, et ne manque jamais d’amener quelques coureurs de renom qui aident au rayonnement de l’épreuve. C’est donc un véritable sacrifice de la part de l’organisation, et c’est ce qui rend cette décision encore plus respectable. Boonen, Terpstra et les autres doivent s’y faire : ils ne pourront pas étoffer leur palmarès au Qatar, et ils en sont finalement les premiers responsables. Les raisons invoquées par Khalin Bin Ali Al Thani, le président de la fédération, ont de quoi étonner. Mais là encore, il convient avant tout de souligner l’aspect éthique mis en avant. « Il y a eu trop de problèmes de discipline avec cette équipe par le passé. […] Nous les avons prévenus plusieurs fois, sans effet. […] Cette décision vaut pour 2016 et nous espérons les revoir l’an prochain », a expliqué Al Thani.

L’exemple le plus frappant ? Une femme de l’organisation dont le but était de veiller à ce que les coureurs, après l’arrivée, soient rapidement prêts pour le podium, envers qui les coureurs et le staff auraient été assez peu respectueux. Après la diplomatie pour résoudre les problèmes, les organisateurs qataris ont fini par employer les grands moyens. Et on ne peut que se réjouir qu’ils aient osé aller si loin. Pour cette saison, le Tour du Qatar va s’en retrouver affaibli. Mais il y a fort à parier que la formation flamande adaptera son comportement la prochaine fois qu’elle sera invitée. Cette capacité à punir même les grandes équipes est donc un signe fort envoyé par l’organisation. Les problèmes, pointés du doigt depuis plusieurs années par Al Thani, ont perduré et mené à cette non-invitation qui fait tâche. De quoi, peut-être, changer les choses. Car oui, même les plus grosses écuries du peloton doivent comprendre qu’elles n’ont pas tous les droits.

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