Invitée surprise de la Grande Boucle au moment de l’annonce des invitations 2015, la formation MTN-Qhubeka de Douglas Ryder aura été l’une des grandes attractions du mois de juillet. Par la présence de ses deux coureurs érythréens, accueillis d’ailleurs en héros nationaux à leur retour, et aussi en raison de leurs résultats, bien plus que corrects. Victoire d’étape au nez et à la barbe des Français pour Stephen Cummings, et une présence à l’avant régulière avec le Belge Serge Pauwels ou l’homme à tout faire Edvald Boasson Hagen. Rencontré à Paris entre les accolades familiales de l’arrivée, le Norvégien a accepté de faire un bilan express de son expérience 2015 aux micros de la Chronique du Vélo.

« L’équipe a vraiment été fantastique »

La chose la plus importante pour le Norvégien reste la prestation collective de son équipe. En forme dès les sprints de première semaine, l’ancien coureur de Columbia et Sky n’a pas traîné pour se mettre dans le tempo, mais on retiendra avant tout une image, le triomphe de son coéquipier Daniel Teklehaimanot sur le podium protoclaire au Havre. Membre de l’échappée du jour, le baroudeur africain est passé en tête au sommet des trois côtes répertoriées, et a répété la tactique déjà utilisée sur le Critérium du Dauphiné, où les hommes en noir et blanc s’étaient jaugés. « L’équipe a vraiment été fantastique tout au long des trois semaines. Nous avons porté quelques jours le maillot à pois, et récolté de manière régulière beaucoup de tops 10 sur tous les terrains », note Boasson Hagen avec enthousiasme, soulagé d’avoir rallié l’arrivée après vingt-et-une étapes exigeantes.

Sur une épreuve placée sous le signe de la montagne, MTN ne s’est vraiment pas mal défendue. Quand certaines équipes, à l’image d’Orica ou Bora, ont vu leur effectif se réduire considérablement en raison des chutes parfois violentes survenues sur la route du Tour, la formation sponsorisée par l’équipementier Qhubeka a longtemps cru terminer l’aventure au complet. Seul Louis Meintjes, mal en point dans les Alpes, fut contraint à l’abandon. Rescapée des habituels malheurs, l’équipe Continentale Pro fut même la seule parmi les bénéficiaires d’une wild-card a décrocher une victoire sur ce Tour. C’était en haut de la redoutable montée de la Croix-Neuve, à Mende, et par l’intermédiaire de Stephen Cummings, l’expérimenté et malin grimpeur anglais. Les célébrations qui ont suivi furent à coup sûr l’un des moments marquants du Tour pour les hommes de la structure MTN. « La victoire de Stephen était vraiment la cerise sur le gâteau pour nous, assure Hagen. D’autant qu’il y avait la manière. » Une consécration pour le groupe, très actif au quotidien, qui s’est donné les moyens de croire en ses chances. L’ancien double vainqueur d’étape sur les routes de juillet ne fait donc pas dans la demi-mesure au moment de tirer le bilan : « Je suis heureux et satisfait de mon Tour de France, et surtout de l’état d’esprit avec lequel nous avons couru. »

« J’ai vraiment tout donné pour aller la chercher »

Et d’un point de vue plus personnel, à quoi peut se résumer le cinquième Tour de France d’Edvald Boasson Hagen ? « Me concernant, il m’a sans doute manqué une belle victoire d’étape », répond-il de manière franche et laconique. Sans doute le Scandinave était-il encore quelque peu frustré du résultat de la dernière étape, reliant Sèvres à la plus belle avenue du monde. « Aujourd’hui, j’ai vraiment tout donné pour aller la chercher, sur les Champs-Elysées. Je n’étais pas loin, mais elle n’est pas venue. » Quatrième en lançant son sprint d’un peu loin, et tombant sur le surpuissant André Greipel, l’ancien vainqueur de la Classique d’Hambourg a toujours buté sur le podium lors des étapes à sa convenance. Cinquième à Cambrai – au terme d’une journée marquée par le passage de quelques secteurs pavés – et à Amiens, le coureur de 28 ans a ensuite pris la septième place dans le final pour puncheurs du Havre, et la cinquième à Valence, avant de se glisser dans l’échappée de Gap. Sans succès.

C’est donc dans l’ombre des meilleurs que l’atypique star de l’équipe s’est rangée, se contentant d’accessits. Des places d’honneur qui pourraient représenter une déception pour n’importe quel autre sprinteur, mais qui restent encourageantes au vu de la saison de celui qui avait à cœur de briller pendant les classiques printanières. Treizième de Kuurne-Bruxelles-Kuurne et dixième de Milan-Sanremo, Boasson Hagen est lourdement tombé sur Gand-Wevelgem, et n’a pu reprendre le vélo qu’à l’occasion de son tour national, en Norvège, fin mai. Récupérant d’une fracture de la clavicule, ses objectifs ont été logiquement ajournés, de quoi prévoir une fin de saison intéressante.

Excellent coureur d’un jour, “EBH” a déjà décroché une médaille d’argent sur les Mondiaux de Valkenburg. À l’aise sur les pavés, et toujours détenteur d’un certain punch, il fait partie de ce type de coureurs désigné comme favori pour la gagne à Richmond, en septembre prochain. Des ambitions qu’il ne nie pas. « Les championnats du monde représenteront mon dernier objectif de l’année, le parcours proposé à l’air vraiment intéressant et assez excitant. » Les reconnaissances vont bientôt faire partie du programme des coureurs pré-sélectionnés, et la suite de son calendrier passera par le Tour du Danemark, qui débute demain, et l’Artic Race of Norway. Après ? MTN aura le droit de disputer une deuxième année d’affilée la Vuelta, ce qui pourra faire office de deuxième grand tour de l’année. Non invitée sur l’Eneco Tour ou au Grand Prix de Plouay, l’équipe devrait emmener en Espagne son champion de Norvège, afin de parfaire sa condition. Il lui reste un peu moins de deux mois pour être au top aux États-Unis. “C’est ce que j’ai ciblé”, assure-t-il motivé.

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