Au point de départ de la saison 2014, la petite nouvelle de la division World Tour se nommait belle et bien Europcar. Onze mois plus tard, le bilan n’est pas mauvais, même si malgré tout loin de ceux de leurs adversaires directs. Bonne dernière du classement par équipes de l’UCI, ce résultat peu flatteur semble bien sévère si l’on distingue les coups d’éclats de Pierre Rolland sur trois semaines, ou encore la révélation de nouveaux talents parfois trop rapidement oubliés. Mais 2015 sera une autre paire de manches…

Trois raisons d’être satisfaits

Un Pierre Rolland décomplexé. Depuis son éclosion au haut niveau, l’Orléanais n’avait jamais voulu découvrir un autre univers que celui du Tour de France. Et pour cause, cette même Grande Boucle était celle de ses plus grands faits d’armes, dont ses victoires à l’Alpe d’Huez en 2011 ou à la Toussuire en 2012. Mais bien lui en a pris de s’exporter en 2014, sans doute grâce à la promotion des petits bonhommes verts en World Tour, puisqu’il a pu poser ses valises sur le Giro. Et il n’en est pas reparti les mains vides ! Bluffant quatrième, au top de sa forme pour la très coriace troisième semaine, il s’est permis de terminer devant des Pozzovivo, Majka, mais aussi les anciens vainqueurs de grands tours Evans et Hesjedal. Plus encore, c’est son tempérament résolument offensif qui l’a amené à ce rang, en lui permettant de déjouer les pièges de la course rose, fatals à bien d’autres. En prouvant par la suite qu’il supportait relativement bien l’enchaînement strict du Giro avec le Tour, conclu à la onzième place, il est passé tout près du « double-double » façon cycliste. Seul regret ? L’absence de victoire d’étape, pourtant frôlée au Montecopiolo en mai, et au Pla d’Adet en juillet.

La régularité de la paire Coquard/Réza. Médaillé d’argent chez les U23 à Valkenburg en 2012, Bryan Coquard continue son petit bout de chemin. Après avoir battu Marcel Kittel sur le Tour de Picardie durant sa saison d’apprentissage, la jeune pépite du sprint français a réalisé une saison pleine en gagnant d’entrée deux étapes à Bessèges, puis des classiques de Coupe de France – dont la Route Adélie et Paris-Camembert malgré un final pour puncheurs. La suite de sa progression passe logiquement par son premier Tour de France, accompli avec brio. Ralliant les Champs, Coquard a fait partie tout du long des plus féroces opposants à la domination de Marcel Kittel. Monsieur « Sprint Intermédiaire » du Tour se classe donc troisième du classement par points, et a systématiquement terminé dans les dix en cas de sprint franchement massif. Aurait-il pu réaliser cela sans le formidable support de Kévin Réza ? Le Francilien fut son plus solide gregario, comme pour symboliser une saison de mise en lumière à 26 ans.

Cyril Gautier sur les pas de Thomas Voeckler. Le Breton s’était fait remarquer dès son accession chez les pros au sein de ce qui n’était encore que l’équipe Bbox Bouygues Telecom. Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts et le voici devenu une valeur sûre de l’effectif vendéen, à désormais 27 ans. Sixième d’un Paris-Nice tout à son avantage, et omniprésent à l’avant pendant tout le mois de juillet, il semble être devenu l’un des nouveaux chouchous du public français. Profitant de sa bonne condition, il a décroché sa seule victoire de l’année au Tour du Limousin, avant de terminer au pied du podium à Plouay et d’animer le final des Mondiaux, pour le moins insipide. Remettra t-il le couvert en 2015 ?

Trois raisons d’être déçus

Pas le moindre succès parmi l’élite. Malgré deux grands tours très encourageants, et des placettes récurrentes sur des épreuves importantes du calendrier, Europcar n’a jamais réussi à trouver l’ouverture sur le circuit World Tour en 2014. Encore une fois, ce n’est pas comme si le sentiment d’une absence inquiétante se manifestait, mais c’est vraiment trop juste vis-à-vis des autres cylindrées. Dix-huitième et fermant la marche avec la moitié moins de points que FDJ ou Cannondale, la structure tricolore n’a pas pesé bien lourd sur la majorité des épreuves. Un mal auquel il faudra vite remédier, surtout quand on sait que la grande réforme du système est déjà dans toutes les têtes des managers afin de s’assurer une place dans le groupe roi.

Un Natnaël Berhane transparent. L’Erythréen pouvait se targuer d’être l’une des découvertes de la saison dernière, mais en 2014, il n’a absolument pas confirmé les attentes des observateurs. Soit, il y a cette Tropicale Amissa Bongo acquise au forceps face à la hargne du revenant Luis Leon Sanchez. Mais encore ? Absent d’un Tour de Turquie ou il avait un titre sur tapis vert à défendre, ses premières expériences sur les courses par étapes de plus haut calibre ont été un échec. Invisible à l’occasion de la tournée printanière espagnole, il n’a pas fait mieux au Dauphiné, et n’a pas su relever la tête sur la Vuelta. Aurait-on surestimé ses possibilités ?

Une «Voecklermania» encore trop forte dans les esprits. Le coureur le plus populaire de l’équipe, dont la renommée ne s’arrête plus aux frontières françaises, est loin d’avoir porté son équipe dans sa nouvelle quête de 2014, à savoir rivaliser avec les gros pour de bon. Sa frustration manifeste lors du podium de Paris-Tours est compréhensible, puisque le bonhomme, ancien porteur du maillot jaune et quatrième d’un Tour de France mémorable en 2011, a connu sa première saison sans victoire depuis 2002, quand il portait le maillot Bonjour ! Poissard absolu ces derniers mois avec deux fractures de la clavicule survenues respectivement en janvier et en août, il n’a jamais semblé à 100% en possession de ses moyens, et cela s’est logiquement fait ressentir sur ses performances. Le tout conjugué à un déclin inévitable, «Ti-Blanc» a loupé le coche sur l’une de ses étapes de prédilection de la Grande Boucle, celle de Bagnères-de-Luchon. Vaincu par plus roublard que lui dans son ancien fief – victoires en 2010 et 2012 ndlr – , on ne le voit plus jouer les premiers rôles de manière régulière. Une année blanche sur les classiques, un moral meurtri, on espère le voir repartir du bon pied dès cet hiver. Car ses petits compagnons semblent s’être accommodés du facteur de réussite non négligeable qu’il représentait. L’heure de la relève a sonné !

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