Sans avoir été omniprésente, la formation Lampre-Merida s’est très souvent illustrée dès qu’elle en a eu l’occasion. L’équipe italienne n’avait tout simplement plus autant gagné depuis 2007, année où Cunego remporta son deuxième Tour de Lombardie. Il n’est toutefois pas question de parler de grandes victoires sur un Monument en 2015, mais les quelques succès sont enthousiasmants, et décrochés pour un certain nombre sur de belles épreuves.

Trois raisons d’être satisfaits

La renaissance de Plaza. Gap, le 20 juillet 2015. Peter Sagan termine pour la cinquième fois à la deuxième place et cela vient à éclipser le vainqueur de l’étape : Rubén Plaza. L’Espagnol remporte sa plus belle victoire. Depuis quelques années Plaza n’avait plus de résultats probants. Coéquipier chez Caisse d’Epargne et donc Movistar de 2010 à 2014, Plaza change de formation pour un nouvel envol. Mais son début de saison est similaire à celles passées chez son ancienne équipe, jusqu’à cette fameuse étape du Tour de France. Dès lors, il change complètement, libéré de toute pression, se met à attaquer à tout va dans les Alpes. Rebelote en Espagne, où il s’impose lors de la 20ème étape. Une nouvelle fois, sa victoire est éclipsée par un autre événement, la prise de pouvoir de Fabio Aru. Mais qu’importe, l’ancien champion d’Espagne renaît de ses cendres comme si ces deux victoires l’avaient totalement transformé.

Une grande diversité. Certes la qualité d’un effectif se résume rarement aux victoires, mais avec la Lampre, on peut faire le rapprochement. Sur le papier, l’équipe italienne n’a pas un effectif hors norme. Outre Rui Costa, il n’y a pas de grandes stars. Pourtant en 2015, plus de la moitié des coureurs ont levé les bras : Bonifazio, Cimolai, Conti, Rui Costa, Durasek, Ganna, Grmay, Koshevoy, Modolo, Pibernik, Plaza, Polanc, Oliveira, Ulissi et Valls. Là où des équipes ne se reposent que sur un ou deux leaders, la Lampre possède de nombreux baroudeurs. Pour preuve, les sept victoires acquises sur les grands tours avec Oliveira, Plaza ou Polanc, loin d’être leaders de leur formation. Au fur et à mesure de la saison, les coureurs ont engrangé de la confiance et trouvé le chemin du succès. Et parmi les baroudeurs, certains comme Oliveira, Conti ou Polanc se sont avérés être de bons leaders de rechange. Un bilan presque inespéré en début de saison.

La retour bien senti de Rafael Valls. On croyait que le talent du grimpeur espagnol s’était évaporé pour de bon, après quelques performances prometteuses à l’époque de la Footon-Servetto, notamment sur le Tour de France 2010. Fantomatique depuis cinq ans, le garçon a retrouvé ses jambes durant la première partie de saison. Vainqueur inattendu du Tour d’Oman, en lâchant Tejay Van Garderen, Alejandro Valverde, Thibaut Pinot et son leader présumé Rui Costa sur les pourcentages les plus raides de la Green Mountain, l’Ibère a poursuivi sa dynamique en se classant huitième du Paris-Nice et du Tour de Catalogne. Ensuite onzième au Dauphiné, il a souvent fait jeu égal avec Costa, et participé pleinement à l’essor des seconds couteaux de l’équipe, tous affûtés cette année.

Deux raisons d’être déçus

Modolo, symbole du sprint italien. Ses victoires sur le Giro peuvent-elles faire oublier sa mauvaise saison ? La réponse est non. Oui, remporter trois étapes sur un grand tour n’est pas chose acquise pour tout le monde mais l’italien a surtout profité de l’absence des meilleurs sprinteurs mondiaux pour s’imposer. Pourtant, comme d’autres avant lui, de belles promesses l’attendaient. Mais force est de constater Modolo ne peut pas – et ne pourra sans doute jamais – rivaliser avec les patrons du sprint mondial. Le Vénitien est trop irrégulier : il n’a brillé que sur le Tour du Turquie en avril, puis sur le Giro en mai et enfin sur le très modeste Tour du Hainan en octobre. Sacha Modolo représente la difficulté des sprinteurs italiens de ces dernières années : il réalise quelques coups d’éclats mais reste souvent incapable de répondre présent dans les grand rendez-vous.

Rui Costa en retrait. Depuis son arrivée dans l’écurie italienne, on ne peut pas dire que l’ancien champion du monde brille de mille feux. Il est même transparent sur une majorité des courses auxquelles il prend part. Mais son opportunisme lui permet souvent de rentrer dans le top 10 et de permettre à la Lampre de répondre présente sur les classiques. Onzième du Tour d’Oman, quatrième à Paris-Nice, septième au Pays Basque et enfin troisième sur le Dauphiné avec une victoire d’étape, le Portugais s’est montré très régulier, comme la saison passée. Le leader unique de l’équipe peine en fait à assumer son statut, notamment sur les grands tours. Son comportement en course laisse aussi à désirer, puisque s’il est opportuniste, il est aussi très attentiste. Parfois décrit comme un « suceur de roues », on en vient à se demander s’il pourrait redevenir le coureur “normal” qu’il était chez Movistar.

Thomas Fiolet

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