Exit Garmin, où il avait passé l’intégralité de sa carrière chez les pros. A l’approche de la trentaine, Daniel Martin a décidé de rejoindre l’armada Etixx. L’évolution de carrière semble logique, mais elle n’est pas sans risque. Il est le dernier à passer sur le gril des transferts qui prêtent à débat.
Une bonne idée, pour Alexis Midol-Monnet
Si 2013 et 2014 furent des années brillantes pour Dan Martin, 2015 ne restera pas dans sa mémoire comme une saison pleine de succès. Tombé sur deux des trois principales ardennaises, battu par Alexis Vuillermoz à Mûr-de-Bretagne en juillet et une nouvelle fois contraint à l’abandon sur la Vuelta alors qu’il pointait à la deuxième place du classement général, il n’a pas remporté la moindre victoire. Symbole du naufrage des têtes d’affiche de la Cannondale-Garmin, l’Irlandais a décidé d’aller voir ailleurs, et a opté pour une équipe qui se cherche un nouveau leader sur les classiques. Appelé à la rescousse pour combler les départs de Kwiatkowski et Uran et protéger le talentueux Julian Alaphilippe, la situation semble entièrement bénéfique au double vainqueur de Monuments, qui n’a plus à apprendre comment accrocher de grandes victoires à son palmarès. D’autant qu’en plus d’un statut de leader sur les classiques vallonnées, Martin pourra aussi profiter d’un rôle d’électron libre sur les grands tours. Sans viser forcément un podium, il aura toujours l’opportunité de compléter son tableau de chasse en allant glaner des victoires de prestige, comme il avait su le faire lors du Tour de France 2013.
Reste à voir comment le groupe sera articulé en fonction de ses besoins et de ceux de la nouvelle star Marcel Kittel. Mais ses compétences clairement définies devraient simplifier la tâche à ses directeurs sportifs, habitués par le passé à jongler de manière hasardeuse entre Cavendish, Kwiatkowski et Tony Martin. Son fighting spirit s’ancrera également très bien dans l’essence de la maison Quick Step, où bon nombre de coureurs avaient su tirer la quintessence de leur potentiel tactique. Déjà remarqué pour ses éclairs de lucidité, Martin pourrait tout simplement devenir le tueur que son talent laisse imaginer sur les courses d’un jour. Clairement, l’ancien vainqueur du Tour de Catalogne veut aller chercher, à 29 ans, ce que Jonathan Vaughters n’était plus en mesure de lui offrir. Et, courtisé par Etixx et Trek, il a retenu la meilleure des options pour son plan de carrière.
Une mauvaise idée, pour Robin Watt
Il convient d’être mesuré lorsqu’on parle de « mauvaise » idée. Quoi qu’il en soit, Dan Martin a fait un choix de carrière légitime en signant cet hiver chez Etixx. Mais il y a malgré tout quelques points qui pourraient l’empêcher de briller autant que ses qualités le laissent présager. Sous la houlette de Patrick Lefevere, il débarque en effet dans une formation qui mise tout sur les flandriennes et les sprints, autour de Boonen, Terpstra, Stybar et désormais Kittel. Se faire une place en tant grimpeur-puncheur n’est donc pas le plus facile. Rigoberto Uran, que l’Irlandais remplace numériquement, peut en témoigner. S’il est parvenu à briller sur le Giro, il n’a en deux ans jamais eu les moyens de se mettre en avant sur le Tour de France. Alors bien sûr, Martin a le droit de s’estimer meilleur, espérant donc avoir plus de place chez Etixx que n’en avait son homologue colombien. Mais il doit encore le prouver, car il n’a jusque là réalisé qu’un seul top 10 sur trois semaines, lors de la Vuelta 2014.
Pour ce qui est des Ardennaises, où il était incontestablement l’option n°1 chez Cannondale, Martin va aussi devoir composer avec la présence de Julian Alaphilippe. Après ses résultats inattendus de l’an passé (2e de la Flèche wallonne et de Liège-Bastogne-Liège), le Français ne pourra pas être relégué au simple rôle de faire-valoir. Même avec une Doyenne au palmarès, le neveu de Stephen Roche n’aura sans doute pas toute une équipe entièrement dévouée à sa cause. Du moins pas dès cette année. Car bien sûr, s’il décroche les résultats attendus, il pourrait rapidement devenir l’un des patrons de l’équipe Etixx, avec le soutien de Lefevere et de toute l’équipe. Mais ce statut, il va devoir le conquérir. S’il est la recrue phare de l’intersaison avec Kittel, il n’arrive pas avec les mêmes garanties que l’Allemand. C’est un véritable défi qui s’offre à lui.
Dan Martin a eu deux ou trois “retards à l’allumage” en fin d’étape, que ce soit sur le Tour ou à la Vuelta qui lui ont coûté la victoire alors qu’il était sans doute le plus costaud. Peut être que chez Ettix, mieux entouré, il sera aussi mieux géré.