Révélation française du mois de juin, le nouveau champion de France sur route Steven Tronet avait l’embarras du choix au moment de décider de sa future destination. Pisté par AG2R la Mondiale, mais aussi vraisemblablement par Cofidis, il aurait aussi pu rester chez Auber 93, son équipe actuelle en troisième division. Mais alors que les rumeurs l’envoyant chez Vincent Lavenu se faisaient insistantes, le principal intéressé a pris de court les observateurs en s’engageant chez Bretagne – Séché Environnement, qui évoluera en 2016 sous l’appellation Fortuneo – Vital Concept. Une bonne affaire pour les deux parties.

Un projet qui correspond le mieux à ses besoins

Abonné jusque-là aux équipes continentales, le Calaisien Tronet a longtemps couru dans l’ombre des grands, ou même simplement des jeunes français médiatisés par leurs précoces coups d’éclat. Vainqueur d’une Ronde de l’Oise alors qu’il portait le maillot de Roubaix-Lille en 2010, sixième d’un Tro-Bro Léon, troisième d’un Tour de Vendée, des Boucles de La Mayenne, ou encore second sur un Circuit de Lorraine, le palmarès du Nordiste n’a rien de très flamboyant sur le papier. Mais, au fur et à mesure des années, c’est un profil de coureur expérimenté qu’il s’est forgé, habitué à courir uniquement sur toutes les courses du calendrier français, entre classiques et courses par étapes de seconde zone, avec de rares exceptions comme le Critérium International ou les Quatre Jours de Dunkerque. Roublard, endurant, et surtout connaisseur de l’atmosphère des épreuves Coupe de France, le voilà arrivé progressivement au niveau des meilleurs éléments du circuit, comme en témoigne sa saison 2015. Issu d’un milieu social très modeste, son engagement contractuel avec la structure Auber 93 illustre son envie profonde de vouloir promouvoir le « cyclisme d’en bas », en opposition avec le mouvement bling-bling porté par les nouveaux riches du peloton. Lui représente une équipe investie dans le domaine scolaire, par le biais d’éducateurs sportifs passionnés soucieux de transmettre les valeurs du sport.

Alors, de ce point-là, comment pouvait-on imaginer que Tronet allait s’empresser de signer pour l’équipe la plus prestigieuse qui lui serait proposée, après un sacre aux championnats nationaux totalement inattendu ? Non, il y avait entre Auber 93 et l’accession au World Tour une étape visiblement trop grande à franchir, et surtout une absence de motivation claire pour intégrer le haut du panier, ou, selon ses propres dires, il aurait bataillé pour trouver sa place. C’est donc Bretagne qui a tiré le gros lot, et dans le communiqué de presse officiel, le staff breton se félicite d’avoir pu attirer un coureur en parfaite harmonie avec les objectifs à moyen terme d’une famille sportive en mutation. ” C’est un grand mérite pour Auber 93 de l’avoir porté à ce niveau. De notre côté, il est bien entendu valorisant de compter dans nos rangs, les six premiers mois de sa première saison, le porteur du maillot tricolore”, déclare Emmanuel Hubert, le manager général. Le transfert apparaît en effet bénéfique en tout point de vue pour celui qui est âgé de 29 ans. Le voici promis à une nouvelle notoriété en disputant des courses plus huppées au sein d’une équipe reconnue pour son âme et son tempérament offensif. Des valeurs proches de celles de Steven Tronet, mouillant avec fierté le maillot d’une équipe en difficulté financières avec l’arrêt de Big-Mat et la baisse de dotations des collectivités locales.

L’opportunité de disputer son premier Tour

A la clé de ce transfert, il y aura sans doute pour Tronet la découverte des courses World Tour de l’Hexagone. Paris-Nice en mars, Roubaix en avril et pourquoi pas la Grande Boucle en juillet prochain ? Bien évidemment, il est trop tôt pour former pareilles spéculations, mais il ne fait aucun doute que si le champion de France a refusé la proposition d’AG2R, c’est pour s’assurer une promotion sportive. “Je savais que j’opterais pour une équipe où mon intégration serait facile, dit-il. Je connais et j’apprécie de nombreux coureurs de Bretagne-Séché Environnement, Florian Vachon est un proche. La future équipe Fortuneo-Vital Concept est le meilleur compromis compte tenu de mes attentes : un projet de développement à moyen terme avec de nouveaux partenaires, une dimension humaine et un programme de courses assez proche de celui d’une formation World Tour. Je suis originaire du Pas-de-Calais et la perspective de pouvoir peut-être enfin courir Paris-Roubaix par exemple, m’enchante”, ajoute t-il en guise de conclusion de la lettre d’officialisation.

Pour la future team Fortuneo – Vital Concept, l’arrivée d’un coureur de son profil s’inscrit dans la construction d’une formation compétitive sur tous les terrains. Vainqueur au sprint d’une étape de la Route du Sud, de la Ronde de l’Oise, du Circuit des Ardennes et deuxième des Boucles de l’Aulne, Tronet réalise la meilleure saison de sa carrière. À l’image de ses camarades aux maillots bleus, comme Anthony Maldonado, David Menut ou Alo Jakin, ils animent régulièrement toutes les courses cyclistes oubliées auxquelles ils participent, dans la pure tradition des jeunes talents passés par le même club, à l’instar de Gallopin et Chainel. Mais surtout, avec cette très bonne pioche, Emmanuel Hubert s’assure déjà quelques futures invitations. L’indiscutable attractivité du maillot bleu-blanc-rouge fait toujours recette, et après Dimitri Champion en 2010, du temps des couleurs de Bretagne – Schuller, Steven Tronet sera le deuxième maillot tricolore à rouler sous les ordres d’Hubert. Et ce alors que tous les autres se l’arrachaient.

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