Il y a moins de trois mois, l’Espagnol remportait la Vuelta et nous titrions « Parce qu’un grand coureur ne meurt jamais ». C’est en effet ce qui ressort au terme de cette saison. Il y a longtemps qu’on pensait avoir perdu le grand Contador, celui d’avant sa suspension. Il est revenu, peut-être pas aussi dominateur mais plus humain, et s’est affirmé comme le coureur de l’année.

Quasiment irréprochable

La saison 2014 du Pistolero a démarré très tôt, sur le Tour d’Algarve, en février. Et tout de suite, on a compris qu’il ne comptait pas seulement faire le spectacle, comme ce fut plusieurs fois le cas en 2013. Cette fois, Contador n’avait aucun autre objectif que de disposer de Froome et Nibali sur le Tour pour décrocher une victoire qui remettrait les compteurs à zéro. Et sa préparation laissait présager, si ce n’est une victoire assurée, une bataille acharnée. Tout avait en effet semblé parfait, de février à juin. Après le Portugal, le protégé de Bjarne Riis avait brillé sur les routes de Tirreno-Adriatico, se montrant clairement à l’aise en montagne, et reléguant son premier poursuivant, Nairo Quintana, à plus de deux minutes au général. Il s’est ensuite heurté à Rodriguez en Catalogne, mais pour seulement quatre secondes, de quoi relativiser l’échec. Au contraire, au Pays-Basque – sur une course similaire -, Contador en a collé 49 à son dauphin…

En plus de Kwiatkowski et Rodriguez, seul l’opportuniste Talansky, sur le Dauphiné, a su dominer le leader de l’équipe Tinkoff. Costaud l’Ibère, qui quand il ne gagnait pas, terminait toujours deuxième ! La suite, on la connaît : un Tour de France plus attendu que jamais, la chute de Froome, puis celle de Contador, et une bagarre reportée à la Vuelta. Remis en quelques semaines seulement d’une fêlure au tibia, le Pistolero a dégainé à la perfection sur ses routes. Parce que la Vuelta est finalement la course sur laquelle il ne se rate jamais (trois victoires finales en autant de participations), celle où l’on a toujours l’impression de découvrir un nouveau Contador, plus fort qu’on ne l’avait imaginé. Face à Froome, on a d’ailleurs cru voir un remake inversé du duel de juillet 2013. Physiquement et tactiquement au dessus, le Madrilène s’est imposé logiquement, démontrant une nouvelle fois sa capacité à puiser au fond de lui-même et à revenir quand on l’en pense incapable.

Pas un seul accroc, et du panache

Ni sa blessure sur le Tour, rattrapée à la perfection sur les routes espagnoles, ni ses 32 balais, n’auront donc joué en sa défaveur. Evidemment, on peut spéculer sur ce qu’aurait été son affrontement avec Nibali en juillet, ou avec Quintana à la fin de l’été. Mais ça pourra attendre l’an prochain, et d’ici là on a au moins le droit de se délecter du spectacle proposé – sans se forcer – par le Pistolero. Toujours à l’attaque, désireux comme personne d’aller titiller Nibali sur la Grande Boucle – du moins quand il y était encore, c’est à dire dans les Vosges – mais aussi de ne laisser aucune chance à Froome sur la Vuelta, l’Espagnol n’a encore une fois pas manqué de panache. Ce n’est plus une nouveauté, et on n’a cessé de le signaler au cours de la saison. Mais que cela lui permette au passage de décrocher des succès de cette envergure (il en est officiellement six grands tours, huit selon lui, qui compte encore le Tour 2010 et le Giro 2011) reste une performance de très haute volée.

Avec autant de victoires sur les épreuves de trois semaines, le Madrilène est entré dans un cercle très fermé, encore derrière Merckx et Hinault, mais au niveau d’Anquetil, Coppi ou Indurain. Ca vous classe ce coureur que l’on se plaît à comparer à Froome, Nibali ou Quintana, mais qui appartient – pour le moment – à une dimension que ces trois larrons ne connaissent pas. Et il n’y a finalement rien de plus logique à ce que Contador soit considéré comme l’un des plus grands. Sa saison 2014, au diapason de sa carrière, allait dans ce sens.

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