La mémoire nous fait défaut, parfois, lorsqu’il s’agit de trier nos souvenirs de la saison qui s’achève. Pourtant, celle-ci fut belle. Pour vous en convaincre définitivement, la Chronique du Vélo vous propose une petite sélection, un brin subjective, des dix arrivées qui ont marqué l’année.

La plus inattendue : 1ere étape du Tour d’Italie, victoire de Lukas Pöstlberger

Un début de grand tour, lorsqu’il n’est pas lancé par un chrono, est bien souvent promis aux sprinteurs. Raté ! Pour la première étape du Tour d’Italie 2017 entre Alghero et Olbia, Lukas Pöstlberger a cueilli tout le monde à froid en partant seul, au kilomètre, pour aller s’imposer et enfiler la première tunique rose de l’épreuve. Une victoire surprise pour un coureur somme toute encore anonyme. Mais une belle preuve, en tout cas, que le coup du kilomètre fonctionne encore.

La plus cocorico : 12e étape du Tour de France, victoire de Romain Bardet

C’est la petite touche tricolore de notre sélection. Cette étape vers Peyragudes nous aura offert toutes sortes d’émotions. Comme à son habitude, l’équipe Sky avait étouffé par son train d’enfer la journé epyrénéenne, la rendant inintéressante, ennuyeuse et très prévisible. Mais c’était sans compter avec le mur final vers l’altiport de Peyragudes, 500 mètres de montée à 16 % de moyenne. Des coureurs qui se dandinent pour lutter contre la gravité, un Christopher Froome à l’agonie qui perd son maillot jaune et, surtout, un Romain Bardet qui explose pour s’imposer tout sourire. Allez, soyons francs, à ce moment là on a tous crus l’Auvergnat capable de renverser le Britannique sur le Tour.

La plus royale : Milan-Sanremo, victoire de Michal Kwiatkowski

L’arrivée de la Primavera restera peut-être comme la plus marquante de l’année, avec un trio de gala et un sprint dingue. L’attaque de Peter Sagan dans le Poggio, seulement suivie par Michal Kwiatkowski et Julian Alaphilippe, a sans doute dessiné le trio le plus talentueux de l’année. Résultat sur la via Roma, les trois hommes, à la pointe de vitesse quasi similaire au terme de 300 kilomètres de course, terminent de front, séparés de quelques centimètres seulement, avec un Kwiatkowski vainqueur devant Sagan et Alaphilippe. Appréciez au passage la technique du lancer de vélo des trois larrons, déjà enseignée dans les écoles de cyclisme.

La plus indécise : 8e étape de Paris-Nice, duel Contador-Henao

Pour 2 secondes… Perdre une course par étapes pour si peu est aussi rare que rageant, surtout pour Alberto Contador, qui n’a pas l’habitude d’être dans la peau du vaincu. Fidèle à lui-même, l’Espagnol nous a gratifié, lors de cette dernière étape de Paris-Nice, d’un coup de panache remarquable. En attaquant à 50 kilomètres de l’arrivée, il a réussi à déposer le maillot jaune Sergio Henao avant de partir en compagnie de David de la Cruz et Marc Soler. Finalement battu au sprint par son compatriote de la Quick-Step, le Pistolero a aussi vu revenir Sergio Henao juste à temps pour conserver un maigre matelas au général. Frustrant.

La plus tragique : 1ere étape du Tour des Alpes, victoire de Michele Scarponi

Alors certes, l’arrivée de la première étape du Tour des Alpes n’a pas eu de quoi enthousiasmer les foules, quoique. Pourtant, l’homme qui a gagné l’a fait avec panache, et surtout pour la dernière fois de sa vie. Décédé peu après (le 22 avril) dans un accident à l’entrainement, Michele Scarponi méritait amplement sa place dans cette sélection pour cette belle victoire, anecdotique en proportion du prix de la vie, mais acquise avec la manière du champion qu’il a toujours été. Il avait 37 ans.

La plus puissante : 5e étape du Tour de Suisse, victoire de Peter Sagan

On ne présente plus le (triple) champion du monde, ses frasques, ses victoires et ses célébrations. Et très franchement, d’autres arrivées de Sagan auraient pu être choisies, notamment sa victoire sur le Tour de France, où, déchaussant en plein sprint, il réussit finalement à se remettre en ligne pour s’imposer. Mais l’arrivée victorieuse la plus fracassante du Slovaque nous vient probablement du Tour de Suisse (5e étape). Un finish surpuissant conclu avec quatre vélos d’avance sur une concurrence médusée. La célébration est tout aussi spéciale : une danse en vague, tout en décontraction. La classe Peter !

La plus palpitante : 8e étape du Critérium du Dauphiné, victoire de Jakob Fuglsang

Prenez une équipe incapable d’accompagner son leader sur une étape décisive et un expérimenté danois qui ne sent plus les pédales et vous obtenez le final plein de suspense du Dauphiné. Alors que Jakob Fuglsang est à plus d’une minute du leader Richie Porte au classement général à la veille de la dernière étape, les attaques successives des leaders, dont son coéquipier Fabio Aru, isolent vite l’Australien dans le col des Saisies. Le reste est digne d’un film hollywoodien. Finalement, le contre-la-montre de Richie Porte pour sauver le jaune se fracassera sur les dix secondes de bonifications acquises à l’arrivée par le Danois, vainqueur de l’étape et de la première course par étapes World Tour de sa carrière.

La plus glissante : 2e étape du Tour de Slovénie, victoire de Luka Mezgec

Rares sont les coureurs à réussir à gagner en étant en tête du peloton à 700 mètres de la ligne. Sauf quand la pluie s’en mêle. Luka Mezgec a réussi cette performance un peu aléatoire sur le Tour de Slovénie. Une chaussée extrêmement glissante et le final tortueux de la deuxième étape ont rendu les derniers kilomètres très… décousus. Chute de Mark Cavendish et des principaux sprinteurs aux 500 mètres, une désorganisation complète du peloton et, finalement, un sprint inexistant conclu par le coureur le mieux positionné au dernier virage. Spectaculaire !

https://www.youtube.com/watch?v=h6O-GBeDP7Q

La plus exceptionnelle : 9e étape du Tour de France, victoire de Rigoberto Uran

La 9e étape du Tour de France restera dans l’histoire. Elle a été dantesque du début à la fin. Des cols aux pentes assassines, de la casse à tous les échelons de la course (Démare hors délais, chute et abandon de Richie Porte), Romain Bardet proche d’un exploit en solitaire mais finalement repris par les leaders, Rigoberto Uran dans les stands pour un problème de dérailleur, Warren Barguil qui lève les bras en pensant avoir gagné et, enfin, une photo finish pour le départager du Colombien. Bref, de cette étape légendaire on retiendra surtout les larmes du Français et Uran sur le 53×11 pendant cinq kilomètres, vainqueur sur la plaque.

La plus WTF : course en ligne des championnats du monde, la réalisation défaillante

Définition de WTF = « Exprime la colère, l’indignation, le choc ». Et ça tombe bien, les amoureux de cyclisme français connaissent désormais parfaitement cette expression grâce aux championnats du monde de Bergen. En colère car en fait, personne n’a vraiment vu le final de la course, à priori à cause d’une panne de la réalisation norvégienne. Indigné car Julian Alaphilippe venait de s’échapper et tout le monde (y compris les commentateurs TV) le voyait s’imposer pour succéder, enfin, à Laurent Brochard. Choqué (et déçu) lorsqu’est apparu, dans les 300 derniers mètres, un petit peloton pour se disputer le titre mais sans Alaphilippe. Depuis, on a eu les images d’hélicoptère pour comprendre. Mais ça n’a pas vraiment suffi pour s’en remettre.

Et vous, quelle arrivée de cette saison retiendrez-vous le plus ?

Voir les résultats

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.