Pendant qu’une grosse partie du peloton mondial dispute le redoutable Tour d’Espagne , la World Ports Classic, nouvelle née de l’an passé est revenue pour sa deuxième édition. Course par étapes de deux jours, elle consiste en un aller-retour entre les deux villes portuaires d’Anvers, en Belgique, et de Rotterdam, aux Pays-Bas. Un parcours plutôt plat la faute au relief presque monotone de ces contrées, mais qui offre tout de même quelques pièges comme la gestion du vent et la connaissance du terrain. L’heure du bilan est venue.

Un intérêt discutable

Intégrée dans le calendrier de l’UCI Europe Tour l’an passé, la World Ports Classic fait quelque peu débat dans l’horizon du cyclisme mondial. Dénuée de suspense pour certains ou théâtre de la criante tendance des courses modernes avec une avalanche de kilomètres inutiles, ne servant qu’a préparer l’inexorable refrain… L’échappée est reprise, les équipes de sprinteurs vont cadenasser le final. Si ce scénario est devenu trop prévisible, certains défendent tout de même ce genre de courses en avançant une situation intéressante que celle d’être positionnée en fin du mois d’août. A cette heure ci, les hommes forts de la deuxième partie de saison reviennent progressivement dans le rythme et sont accompagnés des cadors de l’été qui sont dans une spirale positive. Ces nouvelles courses, auxquelles on peut ajouter l’Artic Race of Norway, sont donc attrayantes aux yeux du public . Mais alors pour le reste… Le principe de la course à étapes à son avantage d’attirer la foule tout au long de l’épreuve, mais pour un week-end autour des deux mêmes villes, n’aurait t-il pas été plus préférable de créer une seule et même classique rassemblant tout les petits pièges voulus par ASO ? A savoir vents, routes étroites et petits secteurs pavés ?

Au lieu de cela, deux jours de course sont au programme pour un sentiment de déjà vu à la lecture du parcours. Sachant que tous les spectateurs ou presque ont en ce moment les yeux rivés sur la Vuelta, la dure problématique des multiples courses du mois d’août refait surface… Privilégiant avant tout les sprinteurs et hommes forts des classiques, la World Ports Classic veut s’installer durablement comme une nouvelle épreuve phare. Mais encore une fois, on a l’impression qu’ASO ne se donne pas les moyens de ses ambitions. Entre la première édition de l’an passé et celle de ces derniers jours, l’épreuve n’a pas eu le privilège d’accueillir de nouvelles formations World Tour ! Pire encore, la Cannondale n’as pas souhaité revenir sur l’épreuve. Evidemment, ceci est loin d’être significatif mais l’attractivité supposée de cette course ne semble pas vraiment faire recette. On se dirige même plutôt vers une bataille entre les cadors du sprint dans une condition hésitante et les bons sprinteurs des équipes continentales du Bénelux, au top de leur forme en seconde partie de saison. Sûrement pas ce que souhaite Christian Prudhomme…

La météo en dernier recours

Mais, relativisons. Après seulement deux années d’existence, il reste difficile de tirer un solide bilan de le création de cette course par étapes 2.1 . Si la WPC de 2012 fut assez soporifique et conclue par deux sprints purement massifs remportés par Tom Boonen et Theo Bos, sans la moindre action tout au long des deux journées, l’édition 2013 fut nettement plus animée. La grande particularité présumée de la World Ports est de mettre à contribution la nervosité des coureurs en longeant le littoral des terres néerlandaises où le vent souffle en permanence. L’an dernier, rien n’en avait été, mais cette année, c’était bingo pour le spectacle ! Des cassures lors d’une première étape à suspense avec le numéro de Jelle Wallays qui fait la nique au sprint si prévisible, suivies d’une journée de folie où tout a littéralement explosé dès que le vent était de la partie. Enfin, dirait-on, un joli spectacle qui prouve que cette course n’est pas inutile et que cela pourrait permettre aux meilleur spécialistes des classiques du nord de se mesurer entre eux. Sauf que pour obtenir ce divertissement, il faut absolument prier pour voir réunies les conditions météorologiques capricieuses nécessaires au spectacle.

Si le cru de cette année pourrait attirer quelques formations de renom pour l’année prochaine, il va falloir se diversifier et compter sur autre chose que la météo pour installer durablement l’épreuve belgo-néerlandaise. Après deux éditions qui permettront forcément aux organisateurs de tirer des premières conclusions, on peut espérer des modifications apportant encore plus de spectacle pour 2014. Une chose est donc sûre, on suivra donc la World Ports Classic dans les prochaines années.

 

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