AG2R compte sur lui. A 32 ans, Domenico Pozzovivo doit mener l’équipe savoyarde sur les routes du Giro. Cinquième l’an dernier à Trieste, il a tout mis en œuvre pour arriver dans de meilleures conditions cette saison, et pouvoir espérer viser les sommets.

Pourquoi il gagnera le Giro

Son début de saison est excellent. Depuis sa reprise au Tour Down Under en janvier dernier, les moins bons résultats de Pozzovivo sont des huitièmes places, sur Tirreno-Adriatico et Liège-Bastogne-Liège. D’une incroyable régularité, il est monté en puissance semaine après semaine, engrangeant la confiance nécessaire à l’approche du Giro. Encore un peu timide sur Tirreno, où il se contenta de suivre Pinot et Contador, il a clairement marqué les esprits sur le Tour de Catalogne. En plus de décrocher une étape, il a parfaitement géré sa semaine pour terminer sur le podium, à seulement cinq secondes du vainqueur Richie Porte. Depuis, il a levé les bras sur l’étape reine du Tour du Trentin, et pris un peu de repos après quatre mois sans accroc.

Il arrive plus frais que d’habitude. Au départ de San Lorenzo ce samedi, il comptera 25 jours de course, c’est sept de moins que l’an dernier à la même époque. En 2015, le natif de Policoro a décidé de se laisser plus de temps entre sa reprise en janvier et son premier grand rendez-vous, Tirreno-Adriatico en mars. Un moyen d’arriver plus frais sur une course rose toujours exigeante. L’année passée, on l’avait d’ailleurs vu avoir quelques jours sans en troisième semaine, notamment lors de l’étape vers Montecampione, où il avait concédé plus d’une minute et reculé à la septième place du général. Heureusement, il avait su terminer fort lors des dernières étapes pour prendre la cinquième place, mais s’il veut viser plus haut, il doit être capable de tenir la distance.

Pourquoi il ne gagnera pas le Giro

Les chronos vont lui faire mal. On le sait, lorsque contre-la-montre il y a, Domenico Pozzovivo perd beaucoup de temps. Et ce Tour d’Italie 2015 proposera un long chrono peu favorable aux grimpeurs en fin de deuxième semaine. Les 59,4 kilomètres entre Trévise et Valdobbiadene inquiètent donc fort logiquement l’Italien. Légèrement vallonné sur sa deuxième partie, le tracé ne lui permettra pas de limiter la casse comme l’an dernier vers Barolo. Ce chrono ressemble en effet davantage à celui de Saltara en 2012, long d’un peu plus de 54 kilomètres et sur lequel Pozzovivo avait concédé près de deux minutes et demie à Vincenzo Nibali. D’autant que le contre-la-montre par équipes inaugural, long de 17 kilomètres, ne sera pas non plus à l’avantage du leader d’une équipe AG2R La Mondiale qui n’excelle pas dans cette discipline.

Contador et Porte sont trop forts. Pozzovivo a beau être un très bon grimpeur, capable de semer la pagaille dans n’importe quelle ascension, la concurrence de ce Giro semble trop relevée pour qu’il puisse viser la victoire. Alberto Contador et Richie Porte notamment sont des obstacles que l’Italien ne paraît pas capable de franchir. Meilleurs grimpeurs et meilleurs rouleurs que « Pozzo », les deux favoris ne devraient pas être mis en difficulté par le grimpeur transalpin sans des faits de courses invraisemblables. D’ailleurs, sur le début de saison, le protégé de Vincent Lavenu n’a jamais battu l’Australien, que ce soit au Tour Down Under ou en Catalogne. Contador, lui, a devancé l’Italien sur Tirreno, mais terminé deux secondes derrière lui sur les routes catalanes. Trop mince toutefois pour y fonder des espoirs, surtout que c’était sur une semaine et sans chrono.

Il a déjà atteint son meilleur niveau. Cinquième du Giro, c’est peut-être le mieux que puisse faire Pozzovivo. Pendant des années chez Colnago, il a plafonné à la limite du top 10 sur la course rose, et son arrivée chez AG2R La Mondiale lui a permis de passer un cap autant que de se diversifier. Mais si à 32 ans, il n’est pas encore sur le déclin, il est totalement logique de le voir dominé par des coureurs plus jeunes (Aru, Rolland, Uran) ou simplement plus talentueux (Contador). Décrocher un nouveau top cinq, ou avec un peu de réussite, aller chercher un premier podium sur une course de trois semaines serait donc déjà une grande performance pour un Pozzovivo qui n’a jamais abordé un grand tour dans la peau d’un réel favori.

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