Il y a deux ans, faire un choix était apparu nécessaire. Pour s’offrir une chance de se battre avec les meilleurs, Tony Gallopin avait dû trancher entre flandriennes et ardennaises. Il avait opté pour les bosses wallonnes. Sans résultat significatif. Alors à 28 ans, il a décidé de changer son fusil d’épaule. Pour revenir sur ces pavés qui lui manquent.

Amour des pavés et désamour des bosses

« Je n’ai pas loupé une seule classique flandrienne à la télé, affirmait-il à L’Equipe au printemps dernier. J’avoue que j’avais une petite pointe de regret de ne pas y être. » Le Français a une affection toute particulière pour les pavés et ces courses plus ouvertes que nulle part ailleurs. « C’est clair, il est amoureux des Flandres mais aussi de Paris-Roubaix », ajoutait son oncle, Alain Gallopin. Sauf qu’au moment de faire un choix, la logique avait pris le pas sur les émotions. Le profil du garçon voulait qu’il se concentre sur les ardennaises. Sa victoire sur la Clasica San Sebastian, en 2013, mais aussi ses podiums sur la Flèche brabançonne et à Montréal, en 2014, suscitaient quelques espoirs. Au contraire, sur les épreuves pavées, il n’avait jusque-là décroché qu’un seul top 10, sur le GP E3. Avec une préparation adaptée, et en faisant l’impasse sur les flandriennes, Gallopin pouvait donc espérer viser les premières places sur l’Amstel Gold Race ou Liège-Bastogne-Liège. Son manager général chez Lotto-Soudal, Marc Sergeant, voyait même en lui « un potentiel vainqueur de la Doyenne ».

Sauf que deux ans plus tard, le bilan n’est pas à la hauteur des attentes. A San Sebastian, où il a toujours été à l’aise, l’Essonnien a décroché une deuxième place l’an dernier. Mais au cœur du mois d’avril, une seule bonne performance sur l’Amstel (6e en 2015) vient sauver les meubles. De quoi remettre en question sa décision. « J’ai subi trop d’échecs sur les courses wallonnes, a-t-il confié à la Dernière Heure. Et puis, en 2016, c’était compliqué pour moi sur les ardennaises. J’avais été malade et je me suis rendu compte que je n’y prenais plus vraiment de plaisir. » Pour 2017, exit donc ces épreuves qui ne lui sourient pas. Marc Sergeant lui avait promis qu’après la dernière campagne, il aurait de nouveau le choix. Gallopin ne s’est pas fait prier. « Comme les flandriennes me manquaient, j’ai décidé d’y retourner. Surtout que j’ai l’impression que je peux y avoir plus d’opportunités. »

Avec le soutien de Sergeant

Depuis les années 1990 et des coureurs comme Sorensen ou Bartoli, difficile de trouver des spécimens capables de briller à la fois sur le Ronde puis à Liège. Faire un choix est inévitable. Tony Gallopin le sait, alors il ne retombera pas dans ses erreurs passées, lorsqu’il tentait d’enchaîner les deux campagnes. Cette saison, il se concentrera uniquement sur les pavés. Il n’avait pas eu un tel programme depuis sa première saison chez Radioshack, en 2012. Reste à prouver qu’il a les moyens de ses ambitions. Au printemps dernier, il affirmait ne plus vouloir se contenter de places parmi les dix premiers. Marc Sergeant y croit, surtout en ce qui concerne le Tour des Flandres. Pour ça, il accordera au Français qu’une partie de l’équipe soit à son service. Mais le retour à ses premiers amours pourrait être compliqué pour le garçon. Quand il avait choisi les ardennaises il y a deux ans, Tony Gallopin avait avancé l’imprévisibilité des flandriennes pour les mettre de côté. Paradoxalement, c’est pour retrouver cet aspect qu’il y revient. L’amour est définitivement plus fort que la logique.

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