Tout s’est joué à coup de secondes. A moins d’un retournement de situation d’ici dimanche, Thibaut Pinot va terminer troisième de la Ruta del Sol, sur les talons d’Alejandro Valverde et Alberto Contador. Un peu frustrant tant la victoire semblait proche. Mais aussi très rassurant.

Derrière un sacré duo

Il avait débuté timidement. A Grenade, le Français s’agaçait d’avoir concédé cinq secondes à ses rivaux espagnols. Mais qu’il ne se torture pas l’esprit avec ça. Au général, il pointe finalement à six secondes de Valverde : ce petit accroc du premier jour ne lui a donc pas coûté la victoire. Au contraire, il a servi à le piquer dans son orgueil. Conscient qu’il a parfois du mal à lancer la machine dès le premier jour de course, Thibaut Pinot a voulu relever la barre le lendemain. En s’imposant au sommet de l’alto Pena del Aguila. Hasard ou non, il s’agissait de l’étape reine, et il s’y est payé en même temps le scalp du Pistolero et de l’Imbatido. « Battre Contador est spécial pour moi, c’est un modèle pour tous les grimpeurs, confiait-il alors sourire aux lèvres. Je crois qu’on s’est tous un peu inspiré de son style. »

Comme Contador, Pinot se rêve en effet vainqueur du Tour, capable de briller autant en montagne qu’en chrono. Mais battre le maître sur une journée est une chose. Le faire sur une course de plusieurs jours en est une autre. Idem pour Valverde, qu’il a dominé hier mais qui lui a rendu la monnaie de sa pièce. Ce mercredi, le Franc-Comtois s’est heurté à une dure réalité : la victoire, comme souvent, s’est jouée entre les deux ibériques, et lui n’a pu récolter que la troisième place. Valverde, sur une course qu’il a déjà remporté quatre fois, a été le meilleur des trois candidats à la victoire finale. Contador, lui, a cédé son maillot de leader pour une petite seconde seulement. Et Pinot, aussi vaillant que déjà affuté, a montré qu’il pouvait tenir la dragée haute à ces vieux de la vieille encore présents. Mais quelques secondes derrière, quand même.

Apprendre des erreurs de l’an dernier

Malgré tout, l’ordre du podium est finalement presque rassurant. Voir Pinot écraser la concurrence sur les routes espagnoles aurait été prématuré. Le Giro, son grand objectif, n’est que dans deux mois et demi. En clair, être trop en forme maintenant serait un piège. C’est en partie le travers qu’avait connu le Français en 2016, en grande condition au Tour de Romandie mais ensuite complètement dépassé sur le Dauphiné et la Grande Boucle. Alors cette saison, il prend son temps. Il n’a pas le même programme que Contador et Valverde. Impossible, donc, de les prendre comme références pour savoir s’il est dans les temps. Il doit suivre son propre chemin en observant à distance ce que font les Quintana, Aru ou Nibali. Qui ont tous montré un visage très différent en 2017.

Pour le Français, la reprise à Valence s’est faite en douceur, loin des premières places – où l’on retrouvait Quintana. Mais les quelques jours en Andalousie sont ensuite venus montrer que Thibaut Pinot restait parmi les meilleurs grimpeurs du peloton et que petit à petit, il opérait les réglages nécessaires. Le Franc-Comtois a au passage battu Mikel Landa (6e de la Ruta del Sol pour le moment), co-leader attendu de la Sky au mois de mai et qui a déjà connu le podium sur le Giro. Désormais pour Pinot, place donc à l’Italie. Strade Bianche, Tirreno, Tour des Alpes, le leader de la FDJ va pouvoir prendre la mesure des routes transalpines. Jusqu’au rende-vous fixé au 5 mai prochain, en Sardaigne, pour le départ de la course rose.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.