Évidemment, avec 54 victoires récoltées depuis le mois de janvier, l’équipe Etixx-Quick Step affiche un solde plus que positif, assumant son rang. Si le collectif de la formation belge est toujours aussi fourni en talents, enchaînant les révélations, on ne peut s’empêcher de pointer quelques dysfonctionnements, et de regretter l’absence de grande victoire sur les classiques pavées, ou encore les échecs de Tony Martin et Mark Cavendish.

Trois raisons d’être satisfaits

La folle saison de Julian Alaphilippe. Qui aurait misé au mois d’avril sur une deuxième place de Julian Alaphilippe en haut du Mur de Huy et de la côte d’Ans ? Très honnêtement personne, peut-être même pas lui. Pourtant, il était foncièrement déçu d’avoir loupé le coche. Un trait de caractère qui démontre un tempérament de futur champion, qu’on a pu observer le reste de la saison. Vainqueur de l’étape reine du Tour de Californie au sommet du Mont Baldy, il s’en est fallu de très peu pour qu’il batte Sagan au classement général. Cinquième des championnats de France, huitième de la Clasica San Sebastian et dixième de l’Eneco Tour, Alaphilippe a marqué les esprits, et a pris rendez-vous pour la saison prochaine. Incarnant la relève française sur les classiques vallonnées, il bénéficiera d’un soutien renforcé chez Etixx, pour aller conquérir une première grande victoire qui lui tend les bras.

Des individualités comme Stybar et Terpstra. Pour réussir sa saison, une équipe World Tour est forcément dépendante de quelques individualités. Si, malheureusement, Zdenek Stybar et Niki Terpstra n’ont pas gagné le moindre monument, ils ont quand même réalisé une saison aboutie. Le Tchèque, vainqueur des Strade Bianche et d’une étape du Tour, deuxième du Grand Prix E3 et de Paris-Roubaix et neuvième du Tour des Flandres, fut parfois impressionnant d’aisance sur son vélo et par sa malice tactique. Le Néerlandais, lui aussi, a su faire parler ses propres atouts. Il n’était pas de décrocher comme l’an passé un Monument, seulement battu par l’intouchable Kristoff sur le Ronde. Avec à la clé un titre de champion des Pays-Bas, un Tour du Qatar mais aussi le Tour de Wallonie, il a garni encore un peu plus son palmarès, qui prend une nouvelle allure depuis son arrivée chez Patrick Lefevere.

Matteo Trentin, le joker. Capable de coups d’éclat n’importe où et n’importe quand, le Transalpin est resté fidèle à sa réputation, en frappant cette fois-ci pendant la deuxième partie de saison. Levant les bras à deux reprises sur le Tour du Poitou-Charentes, mais également en Grande-Bretagne, il est surtout allé battre Greg van Avermaet – éternellement maudit – au bout de l’Avenue de Grammont pour s’offrir Paris-Tours. Celui qui avait battu Julien Simon à Lyon et Peter Sagan à Metz lors des deux derniers Tour de France a une nouvelle fois étalé ses qualités de finisseurs. Au sein d’une structure pléthorique, le coureur de 26 ans ne cesse de prendre du galon.

Trois raisons d’être déçus

La mésentente collective a coûté cher. Disons-le, avec un tel vivier de chasseurs de classiques, Patrick Lefevere pouvait légitimement espérer un grand chelem sur les grandes courses d’un jour. Mais tout a mal commencé dès le Het Nieuwsblad. Alors que trois coureurs d’Etixx-Quick Step composaient le quatuor de tête, l’invraisemblable s’est produit. La victoire est bien revenue au seul homme ne portant pas leurs couleurs, à savoir Ian Stannard. Comme trop souvent, la mauvaise coordination entre des coéquipiers au niveau trop homogène pour clairement se départager les a perdu, et ce même scénario s’est répété sur Paris-Roubaix, où un sprint en petit comité n’était qu’une offrande pour John Degenkolb. Mais voilà, entre Terpstra, Stybar, Vandenbergh, le nouveau venu Lampaert, et Tom Boonen lorsque ce dernier tient une excellente condition, les choix n’ont jamais semblé autant cornéliens. Un réel gâchis.

Mark Cavendish, des bouquets en trompe-l’œil. N’importe quel coureur se satisferait bien volontiers d’un total de quatorze victoires annuelles. Mais dans le cas du Manx Express, les chiffres embellissent une réalité bien morose. À l’exception d’une victoire poussive à Fougères sur la Grande Boucle, tous ses autres faits d’armes prirent place sur des courses de second rang. Jamais Cavendish n’a semblé en capacité de conserver la suprématie qui était sienne sur les sprints il y a encore deux ans. Greipel, Kristoff, et des sprinteurs jugés inférieurs au Britannique l’ont régulièrement battu sur ses objectifs de l’année. Même la pépite colombienne Fernando Gaviria a semblé contester son hégémonie lors des derniers mois de 2015, profitant du travail d’un leader présumé qui a choisi de quitter le navire. 2015 fut pour le Cav’ une saison très décevante à plus d’un titre.

Les résultats en dent de scie de Kwiatkowski. Avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules, le désormais ex-champion du monde avait forcément une pression supplémentaire à l’approche des échéances les plus importantes. Au début, ça n’a pas semblé le déranger, et tout avait superbement débuté. Deuxième de Paris-Nice après s’être adjugé le prologue, il a remporté sa première grande classique avec l’Amstel Gold Race. Mais la dynamique du Polonais s’est stoppée d’un coup fin avril. Méconnaissable sur le Tour de Suisse et tout au long du Tour de France, il s’est ensuite raté à domicile, au Tour de Pologne. Il n’y a finalement que sur la course en ligne des Mondiaux de Richmond que l’on a revu un Kwiatkowski fringuant, mais trop juste pour défendre sa couronne acquise au panache l’an passé. On en attendait plus de sa part, du moins sur l’ensemble.

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