Aux alentours de midi, Christian Prudhomme a levé les derniers doutes sur le parcours du 103è Tour de France cycliste. À vrai dire, les villes étapes avaient déjà à peu près toutes fuité par l’intermédiaire de nos confrères aguerris comme ceux de Velowire, mais l’on était pas à l’abri de quelques surprises de dernière minute. C’est finalement bien un menu alléchant qui sera proposé aux coureurs du peloton, qui devront rallier le photogénique Mont-Saint-Michel aux incontournables Champs-Elysées, en empruntant entre autre la route du Ventoux, du Grand Colombier, de Megève et du Col de Joux-Plane.

Six arrivées au sommet, mais surtout quatre en descente

Les tendances ressortant du comité organisateur et des fans de la petite Reine peuvent parfois s’inverser bien rapidement. Qui ne criait pas à l’augmentation du nombre d’arrivées au sommet à la fin 2012, après une de domination outrageuse des rouleurs-grimpeurs anglo-saxons ? ASO répondait alors sèchement à ses détracteurs par un slogan toujours aussi existentiel : « Ce sont les coureurs qui font la course ». Aujourd’hui, il semble acquis que les tentatives d’accumulation des arrivées en haut de cols pentus n’aient pas produit l’effet escompté. L’heure est donc au rééquilibrage total entre purs grimpeurs et rouleurs polyvalents, et à la réduction du kilomètrage des étapes de haute montagne, se révélant souvent passionnantes lorsqu’inférieures à 150 kilomètres. Les arrivées en descente retrouvent petit à petit la côte elles aussi, grâce à la fougue de certains jeunes talents et à une prise de conscience de quelques uns en réaction aux scénarios trop prévisibles. Du coup, le Tour de France 2016 s’inscrit parfaitement dans cette logique, déjà observée sur le dernier Tour d’Espagne, et qui a été massivement adoptée au moment de dessiner la carte du prochain Tour d’Italie. Les organisateurs veulent mettre du rythme dans leur épreuve, et cela tombe bien, cela n’a jamais été autant apprécié. Costaud, le Tour 2016 le sera. Difficile ? Une quasi-certitude. Mais sans jamais tomber dans l’exagération caricaturale et la précipitation.

Tous les ingrédients semblent réunis pour assister à une belle fête en juillet prochain, et cela commencera dès le grand départ normand. Après un affrontement initial pour sprinteurs en quête de jaune, il faudra se coltiner le vent soutenu du Cotentin et le relief escarpé de Cherbourg. L’arrivée de la deuxième étape sera jugée en haut de la côte de la Glacerie, un final pour puncheurs long de trois kilomètres, irrégulier et atteignant un maximum de 14 %. Le moindre retard dans sa préparation semble également exclu, puisque les premiers sommets se dresseront plus rapidement que d’habitude devant les principaux protagonistes. Mercredi 6 juillet, le Tour fera de nouveau escale dans le Massif Central, une première depuis 2011. Pour l’anecdote, avant la première arrivée en altitude au Lioran, la descente du Pas de Peyrol hantera peut-être quelques esprits encore traumatisés par une chute massive ayant contraint à l’abandon Vinokourov, van den Broeck et bien d’autres. Puis, deux jours plus tard, les Pyrénées livreront un accueil rude avec le Col d’Aspin. Echappée ou favoris déjà en jambes, il y aura une opportunité à saisir, puisque son sommet ne sera positionné qu’à sept kilomètres du lac de Payolle, cadre inédit pour une arrivée d’étape. Des différences qui se créent en descente ? Ce pourrait bien être la clé, puisque le lendemain, la grande étape pyrénéenne se finira à Bagnères-de-Luchon, après avoir avalé le Tourmalet, la Hourquette d’Ancizan, le col du Val-Louron et celui de Peyresourde. Avant une vraie explication sur les pentes d’Arcalis, dans une étape localisée hors du territoire national, entre Espagne et Andorre.

Les trouvailles du Dauphiné récompensées

Contrairement à l’alternance entre les différents massifs montagneux, les Alpes auront encore le dernier mot concernant la lutte pour le classement général. Et le compte à rebours sera lancé dès le 14 juillet. En ce jour de souvenir de la Prise de la Bastille, tous auront comme objectif la prise du Ventoux avec comme point de départ la cité de Bédoin. En ce même jour, Chris Froome avait déjà ridiculisé ses adversaires en 2013. De quoi craindre un général assommé par le plus fort au soir de la douzième étape ? Évidemment que la possibilité existe, mais la partie ne sera pas gagnée pour autant, et ce jusqu’à l’avant-dernière journée. Arrivés au sommet du “Géant de Provence”, ils devront enfourcher le vélo de contre-la-montre dans le site des gorges de l’Ardèche. Avec à la clé un profil des plus vallonnés, marqué par une côte finale de cinq kilomètres sur un total de 33 bornes. La deuxième semaine ne sera pas placée sous le signe du repos, puisqu’en guise de quinzième étape, ASO a décidé de servir sur un plateau le redoutable Col du Grand Colombier, dans l’Ain. Autour de Culoz, un circuit a été tracé, empruntant deux versants d’une difficulté remiser au goût du jour par le Critérium du Dauphiné en 2012. L’épreuve test du mois de juin est même plébiscitée à la vue des choix retenus en troisième semaine. Grand Colombier donc, mais aussi Finhaut-Emosson en sol helvétique, Saint-Gervais Mont-Blanc, Megève, et la classique Morzine.

L’étape de haute-montagne qui aura lieu en Suisse devrait être éprouvante pour les organismes, avec un enchaînement final de haute volée. En cumulant le Col de la Forclaz et la montée au barrage d’Emosson à 2000 mètres d’altitude, on atteint 23 kilomètres d’ascension sur des pentes supérieures à 8 %. Un sacré morceau, qui précédera le retour d’un exercice si atypique : le chrono en côte. Appelé cronoscalata de l’autre côté des Alpes, le Giro y fait appel environ une année sur deux. Mais en France, cela va faire bientôt douze ans qu’il était tout simplement rayé des tablettes ! En 2004, Lance Armstrong réalisait un show de mauvais goût dans les vingt-et-un virages de l’Alpe d’Huez, et en 2016, c’est vers la renommée Megève qu’il faudra impressionner. Pas l’ascension la plus dure de la région, mais un moment à ne surtout pas négliger, avant d’affronter les deux dernières arrivées au sommet de cette Grande Boucle. La dix-neuvième étape sera voisine comme deux gouttes d’eau à l’étape reine du dernier Dauphiné. Signal de Bisanne, puis la très raide côte des Amerands (2 kms à 11%) introduira dans la foulée la montée du Bettex, nichée dans le massif du Mont-Blanc. Enfin, l’ultime samedi tentera de bouleverser les cartes et d’offrir une fin de Grand Tour en fanfare, avec le Col des Aravis, le Col de la Colombière, le Col de la Ramaz et en guise d’ultime col du Tour, Joux-Plane. Douze kilomètres de descente sur Morzine laisseront planer l’indécision, à l’image de ce Tour de France, ravissant tous les coureurs, sauf les piètres grimpeurs. Sur le papier, les sprinteurs ont huit chances de victoire au maximum, à partager avec les baroudeurs bien sûr, affamés de succès sur une course ou les ouvertures pourraient rapidement se dégager. On ne s’y trompe pas du côté des grands. Que ce soit Froome, Contador, ou les français Pinot et Bardet, tous se disent ravis. Nous aussi.

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