En 2014, Astana c’est 24 bouquets, dont 14 pour les Italiens de l’équipe. Vincenzo Nibali a porté sur ses épaules la formation kazakhe, un tout petit peu aidé par Fabio Aru et Andrea Guardini. Pour les autres, c’est le néant ou presque, et l’avenir ne s’annonce pas des plus radieux.

Trois raisons d’être satisfaits

Le sans faute de Vincenzo Nibali. Le Squale n’a pas fait dans la demi-mesure cette saison. Certes, il n’a pas énormément gagné, comme ont pu le faire Wiggins ou Froome ces deux dernières années. Mais le vainqueur du Tour de France a levé les bras où il le fallait. Champion national en juin, il a pris confiance en vue d’une Grande Boucle qu’il a dominé de la tête et des épaules. Quatre étapes et un maillot jaune à Paris plus tard, le voici entré dans la légende avec une victoire sur chacun des grands tours. Alors oui, on peut regretter les abandons de Froome et Contador en juillet, qui nous ont empêché d’assister à la bagarre qu’on attendait. Mais le natif de Messine n’en est pas responsable, et il s’est contenté de faire sa course. « J’ai gagné ce Tour de France au mérite », nous disait-il récemment. On confirme, lui a fait son travail à la perfection.

L’éclosion de Fabio Aru. Nibali affairé sur le Tour de France, le Sarde de 24 ans a eu l’honneur du leadership sur le Giro et la Vuelta. Deux épreuves sur lesquelles la formation kazakhe ne pouvait pas se permettre de faire de la figuration. Sur la course rose, celui qui a très rapidement supplanté Scarponi comme leader de substitution à Nibali a cartonné avec une victoire d’étape prestigieuse Montecampione, et une troisième place finale à Trieste. Puis sur la Vuelta, il a récidivé. La concurrence était un peu plus coriace, et il n’a pu faire mieux que cinquième à l’arrivée, mais les deux étapes décrochées en montagne subliment malgré tout sa performance de haut vol. Egalement neuvième du Tour de Lombardie en fin de saison, il a définitivement prouvé qu’il était un homme qui compte dans les grandes épreuves. L’espoir est devenu un coureur confirmé.

La régularité de Jakob Fuglsang. Le Danois est bien différent depuis son transfert chez Astana. Septième du Tour l’année dernière, il y revenait avec le rôle de lieutenant de Vincenzo Nibali. Cinquième de Paris-Nice, onzième en Catalogne, septième en Romandie et dixième au Dauphiné, il avait prouvé avant l’été sa capacité à jouer les classements généraux avec une impressionnante régularité. Et sur les routes juillettistes, il ne s’est pas caché. D’une aide précieuse pour son leader lors de l’étape des pavés, il a terminé deuxième à Arenberg et grandement aidé le Squale à faire le trou sur ses concurrents. Deuxième du classement général au terme de la première semaine, il a progressivement perdu du temps avant de chuter lourdement et de perdre tout espoir de bon classement général à Paris. Mais pour Nibali, tout au long de l’été, il aura été un équipier très précieux, se mettant à la planche même lorsqu’il était amoindri.

Trois raisons d’être déçus

Les trois cas de dopage. Les frères Iglinskiy et Ilya Davidenok ont tous les trois été contrôlé positifs à la fin de l’été. Les trois coureurs kazakhs – et surtout la fratrie Iglinskiy – représentaient beaucoup pour le sponsor Astana, d’autant plus depuis que Maxim avait remporté Liège-Bastogne-Liège en 2012. Mais ces trois cas de dopage, s’il viennent salir l’image d’une équipe qui a déjà connu des affaires similaires dans son récent passé, pourraient surtout avoir de grosses conséquences sur l’avenir de l’équipe désormais dirigée par Alexandre Vinokourov. Membre du MPCC, la formation s’est déjà auto-suspendue (sur le Tour de Pékin, de quoi relativiser la sanction), mais risque également de perdre sa licence World Tour après l’enquête de l’UCI. De quoi contraster avec l’image positive qu’a pu renvoyer Nibali tout au long du mois de juillet après des années de suspicions.

Le rendement d’Andrea Guardini. Avec cinq succès cette année, l’Italien gonfle un peu le bilan d’Astana et se pose comme le coureur le plus prolifique de la saison après Nibali. Mais à y regarder de plus près, les bouquets qu’il a décroché n’ont rien de très glorieux : les Tours du Langkawi et du Danemark, où le Vénitien a levé les bras, ne sont que des épreuves de seconde zone, et l’Eneco Tour n’est pas la course la plus réputée du World Tour. En clair, la saison du sprinteur transalpin reste très moyenne, comme depuis qu’il a signé chez Astana. Qu’il paraît loin le temps où il devançait Cavendish sur une étape du Giro et était annoncé comme le futur grand sprinteur du peloton. A 25 ans, Guardini n’est pas encore un espoir déchu, mais il connaîtra sans doute jamais la gloire qu’on lui prédisait.

Les résultats sur les classiques. Il y a seulement deux saisons, Astana trustait le haut du pavé sur les classiques, notamment ardennaises. Enrico Gasparotto remportait l’Amstel et Maxim Iglinskiy la Doyenne. Pour accompagner le Kazakh sur le podium liégeois, on retrouvait même Nibali et ce même Gasparotto. Les trois hommes désormais réunis sous le même maillot, on pouvait s’attendre à ce qu’ils pèsent sur la course et se montrent aux avant-postes. Il n’en aura rien été : Gasparotto est le seul à avoir décroché un top 10 sur le triptyque ardennais cette saison, huitième de l’Amstel. Pour le reste, Nibali, Aru et Iglinskiy sont restés très discrets, y compris sur les autres grandes classiques de la saison – Nibali, adepte de Milan-Sanremo, a été le premier coureur de l’équipe, classé 44e à l’arrivée. Une véritable déception d’ensemble pour une formation qui a le potentiel de briller sur ces courses d’un jour.

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