Joop Zoetemelk : 16 participations au Tour de France et une victoire, sans oublier que le Néerlandais est aussi l’homme aux six deuxièmes places. Ce qu’il considère comme un honneur. Mais son palmarès ne s’est pas formé que sur les routes de juillet. La Vuelta, les classiques et même les Mondiaux, ont appris à savoir qui était Zoetemelk. Après avoir connu Eddy Merckx puis Bernard Hinault, le natif de Hollande-Méridionale a raccroché le vélo. Mais c’est avec plaisir qu’il revient pour la Chronique du Vélo sur quelques moments de ses presque vingt années de carrière.

Bonjour Joop. Pour commencer, le 100e Tour de France s’est achevé il y a un peu plus de deux semaine, qu’en avez-vous pensez ?

J’ai trouvé que cette année on a eu un beau Tour, assez disputé et animé. Froome était au dessus du lot mais c’est quand même un Tour qui m’a plu. Et en plus c’était le centième, donc c’était assez spécial.

Vous concernant, sur toutes vos participations, vous n’avez jamais abandonné malgré des années plus difficiles. Il faut un sacré mental, non ?

Oui c’est sûr que j’ai eu des années moins faciles que d’autres, en plus le Tour dure trois semaines donc il y a forcément des moments difficiles. Mais je me disais que tant que j’étais en course et en bonne santé, je devais terminer. Cependant, je crois que c’est comme ça pour tous les coureurs, parce que le Tour de France c’est spécial. Sur les autres tours, Paris-Nice, le Dauphiné ou même le Tour d’Espagne ou d’Italie, quand un coureur se sent mal, c’est plus facile d’abandonner. Sur le Tour, tout le monde veut finir !

Quand on regarde votre palmarès, on remarque que sur vos neuf premières participations, vous avez terminé neuf fois dans les cinq premiers sans jamais gagner. Vous avez toujours cru en vous pour la victoire finale ?

Oui bien sûr. Je me disais que j’avais toujours été dans le top 5, et qu’un jour ou l’autre j’y arriverais.

Il a donc fallu attendre 1980 pour que vous puissiez revêtir le maillot jaune à Paris. C’est quel sentiment ? Celui de l’aboutissement ?

On se rend surtout compte de la différence entre la deuxième et la première place. Quand tu es deuxième, tu montes sur le podium et ça s’arrête là. Mais quand tu gagnes, tu es marqué. Juste après ma victoire, quand j’ai vu tout le monde descendre les Champs-Elysées, des Hollandais comme des Français, c’était exceptionnel. Ça ne s’oublie pas.

Un an auparavant, vous aviez gagné la Vuelta. Vous dites que ce n’est pas pareil d’abandonner sur le Tour d’Espagne ou sur la Grande Boucle. Alors dans la victoire, c’est aussi différent ?

La Vuelta c’est aussi un grand tour de trois semaines très dur, comme le Tour et le Giro. Mais sur le Tour de France, il y a les médias, tout ce qui se passe autour de la course, et c’est incroyable. Sur ce point, le Tour d’Espagne est très différent.

Sur la Grande Boucle, vous avez gagné au sommet de l’Alpe d’Huez ou du Mont Ventoux, des arrivées mythiques. Dans le peloton à l’époque, peu de monde grimpait comme vous…

J’étais bon mais je pense qu’il y en avait quand même des meilleurs grimpeurs que moi, comme Merckx ou Hinault. Mais malgré tout, je suis très content de ma carrière, elle était exceptionnelle.

Justement dans tout ça, on en oublierait presque que vous avez gagné de nombreuses classiques, ainsi qu’un championnat du monde. Quel effet cela procure par rapport à un Tour de France ?

Un championnat du monde c’est sur une journée alors que le Tour, c’est sur trois semaines. Sur la Grande Boucle, quand on y participe, c’est pour réaliser quelque chose. Et même s’il n’y a pas beaucoup de places pour jouer le classement final, beaucoup visent des étapes ou un classement au maillot vert ou à pois. Alors que dans une classique, il n’y a qu’un vainqueur.

On imagine donc que la pression au départ est différente…

Pour moi c’est pareil. Dans tout les cas si tu es favori, que ce soit sur le Tour ou sur des classiques comme Liège-Bastogne-Liège, tu souhaites faire le mieux possible.

Malgré tout, vous restez aussi l’homme six fois deuxième du Tour. Comment le prenez-vous ?

Comme un honneur, bien sûr. Quand tu ne peux pas gagner contre un Merckx ou Hinault, qui est au dessus de toi, et que tu fais deuxième, je pense que c’est aussi bien que de gagner.

Vous le signalez donc, vous avez couru contre Merckx et Hinault, les plus grands mythes de l’histoire. Quelle différente y’avait-il entre les deux ?

Il n’y avait pas beaucoup de différences. La seule, c’est que Merckx était le Cannibale. Il voulait tout gagner, les étapes, les classiques, les critériums… Même sur piste ou en cyclo-cross, il voulait s’imposer. Alors que Hinault n’était pas comme ça, il en laissait un peu pour les autres, pour ses équipiers et pour ses concurrents.

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