Ce dimanche, si Bradley Wiggins a explosé le record de l’heure sur la piste olympique de Londres, il n’a pas dépassé les 55 kilomètres qu’on pensait acquis pour lui, et il a donc été très loin de tutoyer les 56 kilomètres déjà réalisés par Chris Boardman sans qu’ils soient homologués. Le signe que Wiggo est finalement humain.

On attendait mieux, lui s’en satisfait

54,426 kilomètres parcourus en une heure, les 52,937 d’Alex Dowsett sont pulvérisés. « Bradley Wiggins est une légende », a même lâché Miguel Indurain, l’une des plus grandes références de notre sport dans l’exercice solitaire. Mais tout le monde attendait plus. « Il dépassera les 55 km, et en fonction des conditions climatiques, il sera entre 55,5 et 55,8. Tout ne dépend pas de lui », avait écrit sur Twitter Fredéric Grappe, directeur de la performance de l’équipe FDJ. Sur la fin de ses prédictions, il a eu raison, car les conditions n’ont sans doute pas complètement aidé le Britannique. Mais dans les chiffres, il était assez loin de la réalité, comme beaucoup de ceux qui se sont essayés à un pronostic avant la tentative de l’ancien vainqueur du Tour de France. « Ce n’est pas aussi loin que j’en ai rêvé ou espéré, mais je suis content, assurait Wiggins après son record. Je n’aurais pas pu faire mieux dans ces conditions. La pression (atmosphérique, ndlr) était trop élevée. »

Il y aurait donc certains facteurs qui altèrent les performances du natif de Gand. Depuis une décennie, c’est pourtant pas l’impression qu’on avait, mais peut-être que l’on doit se réjouir de voir un homme gagner sans la marge qu’on lui prédisait. En tout cas, la ligne franchie, Wiggins refusait de s’éterniser sur un record qui aurait pu être plus impressionnant, et insistait légitimement sur la portée historique de cette journée dominicale. « C’est un grand soulagement parce que, même si j’étais confiant, il y a toujours un doute jusqu’au dernier moment. Je suis content d’être dans ce club des recordmen de l’heure, avec ces autres coureurs qui ont gagné le Tour et battu le record, les Anquetil, Coppi, Merckx, Indurain… » Champion olympique, maillot jaune à Paris et désormais maître de l’effort solitaire, l’Anglais prouve encore une fois, si tant est que s’eût été nécessaire, qu’il est un coureur pas comme les autres.

Martin et Cancellara attendus

Avec une marque qui va désormais servir de référence, on peut imaginer que les tentatives vont se faire plus rares, alors qu’elles s’enchaînaient depuis un peu moins d’un an. Pour aller se frotter au record de l’heure, il faudra oser défier Wiggins, et tout le peloton n’en est pas capable. Mais Tony Martin et Fabian Cancellara, eux, sont plus qu’attendus pour répondre au Britannique. Les trois hommes ont trusté huit des neuf derniers championnats du monde du contre-la-montre, et on aimerait véritablement les voir s’affronter pour un record historique à la portée certes symbolique, mais qui pourrait redevenir historique si les deux larrons encore absents des marques osaient apporter leur pièce à l’édifice. Pour Wiggins, que ce soit Martin, Cancellara ou un autre importe peu, mais il espère qu’il n’a pas dissuadé tout le monde. « Ce serait bien que quelqu’un tente le record de l’heure dans les douze prochains mois. Même s’il n’y arrive pas, ça donnerait de l’ampleur à ma performance. »

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