En remportant Paris-Tours ce dimanche, le Flamand Jelle Wallays permet à son équipe Topsport de décrocher l’une des plus belles victoires de la saison, et c’est franchement mérité. Depuis le mois de janvier, l’équipe belge, présente depuis bientôt vingt ans dans les pelotons – un record quand on connaît la précarité actuelle du sponsoring ! – réalise l’une des plus belles campagnes de son histoire, emmenée par une génération brillante. Victorieuse du classement par équipes de l’UCI Europe Tour, et à deux journées du coup double en individuel, il serait dommage de ne pas souligner des performances passées quelque peu inaperçues…

Les «Van» rugissants

Kenneth Vanbilsen, Michael Van Staeyen, Tom Van Asbroeck, Gijs Van Hoecke, Preben Van Hecke, Pieter Vanspeybrouck et Arthur Vanoverberghe. Parmi ces sept coureurs au début de patronyme similaire, les trois premiers représentent plus de la moitié des points obtenus sur le circuit, et allant de pair, les performances les plus représentatives. Dès la première épreuve de l’année, les représentants du vivier cycliste de Flandre frappaient un grand coup, en remportant le Grand Prix la Marseillaise, par l’intermédiaire de Kenneth Vanbilsen. Au sprint, après avoir encaissé les difficultés, avec une certaine intelligence de course, et sous des conditions météorologiques rugueuses. Faisant honneur à leur réputation d’hommes des classiques du Nord, c’est en plein hiver français que la troupe de Walter Planckaert se révéle, avec notamment Sander Helven à Bessèges, avant d’entamer la fleur au fusil la campagne des pavés. En pleine bourre, Vanbilsen se fait une nouvelle fois remarquer, par ses velléités offensives et son obstination à peser sur la course. Au même titre que les traditionnels baroudeurs de formations comme Europcar, Bretagne, Cofidis ou bien des équipes amateurs, la présence à l’avant d’un Topsport, afin d’animer le déroulement des courses, et d’y apporter sa pointe d’insouciance, servant à débloquer les finals parfois stéréotypés. Ainsi om Van Asbroeck, autre découverte de l’année au plus haut niveau, remporte Cholet – Pays de Loire en mars dernier, après une journée entière passée à l’avant.

Un total actuel de onze victoires soit le meilleur du vécu professionnel de la structure Topsport Vlaanderen – Baloise, restant sur huit succès en 2013, pour quatre en 2012. Une arrivée à maturation pour certains fers de lance, dont Van Staeyen, auteur de multiples tops 10 sur les courses d’un jour et lors des sprints des épreuves par étapes 2.1 ou 2.HC. , preuve d’une régularité impressionnante. Mais cela vaut surtout pour Tom Van Asbroeck, qui sera resté trois ans à la maison pour exploser véritablement en 2014. En plus de sa victoire à Cholet précédemment énoncée, il est également auteur d’une quatrième place au général du Tour de Wallonie, d’une septième place à l’occasion d’A Travers la Flandre, et surtout d’une sixième position lors du sprint final de Gand-Wevelgem, une classique de plus de 230 kilomètres. Le natif d’Aalst a tout simplement récolté 51 tops 10 de février à octobre ! Il lui suffit de marquer un petit point mardi au Prix de Clôture, et le trophée individuel de l’Europe Tour lui sera acquis, aux dépens de Sonny Colbrelli. Enfin, pour revenir au lauréat du jour, Jelle Wallays, il n’est pas non plus en reste avec divers accessits sur le sol d’Outre-Quiévrain, dont un Circuit du Houtland, mais également une placette au général du Tour du Danemark. Avec cette telle énumération de résultats à leur honneur, les Topsport méritent amplement quelques louanges, d’autant plus que ce n’est franchement pas une équipe habituée à crever l’écran dans tous les sens du terme. Peu médiatique, assez fermée et très modeste, budgétairement mais aussi dans les déclarations, c’est surtout le travail général des équipes continentales du Royaume qui est a noter, puisqu’avec 1946 points, les lionçeaux de Flandre devancent de 400 points Wanty .

Victime de son propre rôle

Certains s’empresseraient alors de se questionner quant au pourquoi du comment concernant leur stagnation hiérarchique dans le peloton. On en aurait bien tord, puisqu’à l’image d’autres continentales professionnelles comme Bardiani en Italie ou Rusvelo, l’objectif premier du groupe est de faire émerger les plus grands talents des années futures, venus de Flandre. Un leimotiv déjà restrictif par sa politique, liée à une histoire qui s’est crée et continue de se créer. Plus encore durant l’intersaison 2014-2015, ce sera la fuite généralisée des cerveaux chez Topsport. C’est de là qu’ont grandi les Mario Aerts, Leif Hoste, Björn Leukemans, et plus récemment Sébastien Rosseler, Kris Boeckmans, le regretté Kristof Goddaert, Jan Bakelants et surtout Sep Vanmarcke, cador désormais indéboullonable de l’ébullition printanière ! Quelques diamants bruts à polir, et qui font naturellement le choix de rejoindre l’élite, après un séjour plus ou moins prolongé dans l’une des meilleures passerelles possibles, tant par ses invitations récurrentes dans leur domaine de prédilection que grâce à un encadrement privilégié, autour d’une base dépassant très rarement la quinzaine de professionnels précoces, promus sans être retenus.

Les équipes du World Tour, comme souvent, ont été les premières bénéficiaires de cet exode, et l’on retrouvera quatre ex-pensionnaires de Topsport dans la division reine en 2015. Tom Van Asbroeck, souhaitant développer un profil de classicman, s’aguerrira au sein de l’actuelle Belkin, qui deviendra LottoNL – Brand Loyalty. Idem pour Zico Waeytens, peut-être pas le plus mis en valeur, mais aux réserves prometteuses, ayant répondu aux sirènes du team Giant-Shimano. Grand espoir du contre-la-montre, Yves Lampaert a pour sa part signé un contrat chez Etixx – Quick Step, tout comme Jasper De Buyst avec la Lotto de Marc Sergeant. Mais l’autre grande heureuse, c’est bien sûr la formation Cofidis d’Yvon Sanquer, préparant la grande restructuration centrée sur Nacer Bouhanni, transfuge star, et qui sera épaulé par un Van Staeyen arrivant dans ses meilleures années, avec ses 26 printemps, et la pépite Vanbilsen. Un recrutement de qualité, peu ronflant sur le papier, mais aux certitudes déjà bien évaluées. On ne voit pas comment cela ne pourrait pas marcher, ni comment Jelle Wallays ne pourrait pas bénéficier de la même chance dans les semaines à venir après avoir claqué une classique autrefois au programme de la Coupe du Monde, longue de 237 kilomètres et en ayant tenu en respect Thomas Voeckler et les sprinteurs. Un bouquet plein de courage, illustrant l’étendue des panoplies montrées par ce collectif mettant son coeur à l’ouvrage. Cette génération mérite bien sa part de distinction, et l’on espère également être satisfaits par la prochaine cuvée, incarnée par Campenaerts, Naesen, et du petit frère de Jelle, Jens !

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