Il lui aura manqué dix petites secondes pour obtenir la première grande victoire de sa carrière sur une course par étapes. Sa deuxième journée en jaune lors de la dernière étape du Dauphine, qui emmenait le peloton sur les hauteurs de Modane, ne s’est finalement pas soldée par une première place au général, mais la forme qu’il a affiché toute la semaine peut lui donner pleine confiance avant le Tour de France qui débute dans un peu plus de deux semaines. Sa régularité pourrait bien lui offrir un podium surprise lors de la prochaine Grande Boucle.

Une préparation idéale pour le Tour

Van Garderen a frappé par sa capacité à résister tant bien que mal aux accélérations de Christopher Froome. La semaine dernière, c’était le seul assez fort pour revenir au train sur le Britannique dont le coup de pédale aérien et – presque – aussi fluide qu’en 2013 est prêt à faire des ravages. Si celui que l’on surnomme “TVG” était au-dessus du lot, on pourrait bien le comparer à Indurain tant sa façon de grimper les cols est semblable, assis sur sa selle à imprimer un rythme soutenu, sans accélération. C’est la victoire de son équipe dans le contre-la-montre de la troisième étape qui a mis le natif de Tacoma sur orbite et il est sûr que si la BMC roule aussi fort lors de la neuvième étape du Tour de France, l’Américain sera en bonne position avant la montagne, et difficilement décrochable de la roue dans les grands cols.

Ce qui le handicape, ce sont les brusques changements de rythme, ces grosses accélérations sur des pourcentages à deux chiffres que seuls les plus grands sont capables de réaliser. Ces machines à attaques que sont Froome, Contador ou encore Quintana ont cet avantage de pouvoir lâcher tout le monde sur quelques mètres. Le Britannique a usé de cette stratégie dans les Alpes le week-end dernier en se servant de Wout Poels, assez bluffant sur les deux dernières étapes. A l’arrivée, van Garderen admettait que son talon d’Achille a été utilisé à merveille. « Froome a bien joué tactiquement en utilisant Poels pour livrer quelques accélérations de rythme, en sachant que personnellement je suis beaucoup mieux en conservant un rythme régulier. Ils ont imprimé un rythme irrégulier et Chris m’a attaqué au bon moment. » C’est parce qu’il lui manque ces qualités efficaces et spectaculaires qu’il est moins médiatisé et moins à même de ramener le maillot jaune à Paris. Qui plus est cette année avec le faible kilométrage contre-la-montre qui n’avantage pas celui qui est avant tout un gros rouleur.

Une barrière psychologique franchie

Quoi qu’il en soit, cette saison, “TVG” apparait libéré mentalement. La retraite de Cadel Evans, avec qui il était co-leader de la BMC sur les courses par étapes, lui a laissé de la place et des libertés, mais le principal intéressé confie qu’il a surtout grandi. « Je crois que j’ai gagné en maturité. J’ai appris à rester calme même dans les moments de stress. Il y a quatre ans, avec le maillot jaune sur le dos à la veille de l’arrivée, j’aurais à peine dormi de la nuit. » Il est plus à l’aise dès que la route s’élève et possède une équipe entièrement dédiée à sa cause, avec des coureurs expérimentés dont les qualités ne sont plus à démontrer. « J’ai autour de moi des coureurs comme Samuel Sanchez ou Manuel Quinziato qui m’épaulent durant la journée, qui me disent par exemple quand je dois m’alimenter. C’est rassurant et ça me permet de ne jamais paniquer. » Il est maintenant plus en confiance que jamais, certain de ses capacités à affronter les meilleurs. De quoi voir le prochain Tour de France de manière positive. « Ce Tour s’annonce fun. Quand vous laissez cinq mètres à Froome, c’est dur de revenir. Il est le grand favori mais on a vu cette semaine qu’il n’était pas imbattable. »

Sa saison est entièrement orientée sur ce mois de juillet et avec un nombre de jours de courses relativement faible, van Garderen envisage d’être au top de sa fraîcheur. « Je pense que je serai encore meilleur en juillet sur le Tour. Après le Dauphiné, je n’ai plus de course à mon programme jusqu’au départ d’Utrecht. Je vais poursuivre ma préparation avec des stages d’entraînement et des reconnaissances, j’arriverai sur le Tour avec beaucoup de réserves. Je crois qu’il en faudra car la course risque de se dérouler comme ici ou au Giro, ce sera une bataille acharnée tous les jours.» S’il paraît loin du quatuor attendu sur le Tour, et peut-être même en dessous d’un Pinot, l’Américain est ambitieux et sa régularité pourrait bien lui permettre de se sublimer lors d’une troisième semaine qui s’annonce extrêmement difficile. Enchaîner les étapes de montagne ne lui fait plus peur, et il semble assez puissant pour accompagner tout le monde vers les sommets. Qu’il ramène le maillot de leader sur les Champs-Elysées serait une sacré surprise, et personne n’ose même y croire. Un podium serait déjà incroyable. Mais lui ne semble douter de rien, et c’est sans doute la meilleure manière de nous faire mentir.

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