Il n’a jamais gagné la Grande Boucle, pourtant il y est venu six fois, est rentré dans le top 10 à trois reprises et a souvent joué de malchance. En ce mois de juillet 2014, Alejandro Valverde ne vise donc rien d’autre que la victoire. Avec une équipe Movistar moins impressionnante qu’en 2013, il devra d’abord compter sur lui-même. Mais il ne risque pas non plus de se faire voler le leadership.

Pourquoi il gagnera le Tour

Il connaît le succès. Depuis le début de saison, El Imbatido a couru sur des épreuves qu’il affectionne, et il a beaucoup gagné. De la Ruta del Sol aux championnats d’Espagne contre-la-montre en passant par la Flèche wallonne, Valverde a collectionné les bouquets, de quoi engranger un maximum de confiance. Et même lorsque la victoire lui a échappé, comme sur les ardennaises par exemple, il s’est montré à son avantage, toujours placé et jouant la victoire. Avec huit succès (et cinq podiums), le Murcian est donc le coureur le plus prolifique du peloton avec les sprinteurs que sont Cavendish, Greipel et Bouhanni. Sacré performance pour un grimpeur-puncheur qui n’a pas toujours eu une telle efficacité, et qui peut donc se montrer plutôt confiant avant d’entamer la Grande Boucle.

Il est sur les mêmes bases que l’an dernier. Une campagne printanière réussie et des places honorables sur quelques courses d’une semaine, Valverde fait dans la régularité. Et son début de Tour 2013 avait été très bon. Placé au général jusqu’à la fameuse étape de Saint-Amand-Montrond, qui lui coûta une dizaine de minutes sur un coup du sort, on ne sait pas aujourd’hui de quoi il aurait été capable avec Quintana à ses côtés. Aller titiller Froome ? Cela semblait presque impossible il y a un an, ça l’est beaucoup moins aujourd’hui. Alors s’il passe sans encombre la première semaine, avec l’étape des pavés, il peut sans doute viser très haut. Le podium à coup sûr, la victoire s’il parvient à profiter du duel annoncé entre son compatriote Contador et le tenant du titre Froome.

Il ne doit plus attendre. A 34 ans, les années vont commencer à peser lourd pour Alejandro Valverde. S’il gagnait cette année, Bala serait le plus vieux vainqueur d’après-guerre après Cadel Evans. L’Espagnol ne doit donc plus traîner : vainqueur d’une Vuelta, de Liège-Bastogne-Liège et de bon nombre d’autres épreuves prestigieuses, le Tour de France ferait prendre à son palmarès une toute autre envergure. Pour cela, la Movistar a souhaité le placer dans les meilleurs conditions, avec une équipe dévouée à son service, sans Quintana, qui aurait forcément accaparé une partie de l’attention, et ainsi fait de l’ombre au leader emblématique de la formation d’Eusebio Unzué.

Pourquoi il ne gagnera pas

Il s’est préparé à l’écart. Si depuis le début de saison, Valverde a accumulé les bouquets, c’était surtout sur des épreuves de seconde zone. Ruta del Sol, Tour de Murcie, Roma Maxima… Des épreuves de préparation qui n’ont pas permis au leader hispanique de se mesurer à ses futurs rivaux sur la Grande Boucle. Même à quelques semaines du grand départ de Leeds, Valverde a préféré peaufiner sa condition sur la Route du Sud, loin de la pression et des médias, plutôt que de se rendre sur le Dauphiné ou sur le Tour de Suisse. Alors certes, il va arriver sur le Tour le plein de confiance et l’esprit « neuf » après plusieurs mois passés à se préparer tranquillement, dans son coin. Mais il viendra aussi sans repères réels, sans savoir ce qu’il vaut par rapport à Froome, Contador ou Nibali.

Il a été en forme trop tôt. En plus de gagner sur des épreuves où la concurrence était moindre, Valverde a peut-être gagné un peu tôt. Juste avant les ardennaises, qui étaient son premier objectif de la saison. Mais depuis, c’est un peu plus calme. Sur la Route du Sud, où il devait se rassurer, il a été incapable de suivre Nicolas Roche dans l’étape reine, alors que l’Irlandais ne sera qu’un équipier de l’un de ses rivaux, Alberto Contador. En effet vers Val Louron, le Murcian est resté avec Elissonde, Rogers et même Kudus, le jeune érythréen de la formation MTN-Qhubeka. Il faudra faire bien plus sur les pentes des cols au menu du 101e Tour de France pour garder la roue des meilleurs grimpeurs du monde.

Il n’a plus Quintana et Costa. Si les deux garçons étaient l’an dernier un peu plus que des équipiers, et qu’après la chute de Valverde, ils ont pris leurs aises avec succès (Quintana jouant le général, Costa les étapes), ils auraient été d’un précieux soutien pour un Valverde en position de jouer la victoire. C’était d’ailleurs le plan l’an dernier. Mais depuis, beaucoup de choses ont changé. Quintana a été gagner un Giro quand Costa, sacré champion du monde, a jugé bon d’aller voir ailleurs pour prendre son envol. Du coup, c’est avec Intxausti, Izagirre et Gadret que devra faire la Movistar sur ce Tour 2014. Pas une garde rapprochée de bras cassés, mais on est bien loin de l’armada de l’été dernier, ou des formations Sky et Tinkoff qui seront présentes à Leeds dans quelques jours.

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