Ce n’est pas tous les ans que les grimpeurs peuvent prétendre au maillot arc-en-ciel. Mais cette année, pour la première fois depuis bien longtemps, le tracé est fait pour eux. Mais pour pouvoir s’emparer du maillot irisé, il va falloir avaler un menu assez indigeste : 258,5 kilomètres avec 4670 mètres de dénivelé et une ascension finale qui porte bien son nom : « the Höll », l’Enfer en français. Décryptage de cette terrible montée.

Welcome at the highway to Höll

Lorsque les coureurs arriveront au pied de l’ascension finale, ils auront déjà parcouru 240 kilomètres et escaladé à sept reprises la montée d’Igls (7,9 kilomètres à 5,7 %). De quoi se chauffer pour certains, et souffrir pour beaucoup. La sélection se fera donc naturellement. Mais pour les derniers survivants et potentiels vainqueurs, il restera donc à franchir la montée de Höll, le juge de paix.

« Je suis un adepte des monts belges, mais je peux vous assurer que je n’ai rien vu de tel. C’est la première fois que je mets le pied à terre en pleine ascension tellement la pente est rude », nous explique Philippe, 43 ans, cyclo-sportif français. Rude est l’un des termes les plus utilisés pour qualifier cette côte qui présente des caractéristiques rarement vues : 2800 mètres à 11,5 % avec un passage à 28 %.

En parlant de monts belges, le Höll est souvent comparé à la célèbre montée du Mur de Huy qui décide de la Flèche Wallonne, ou encore à la côte de La Redoute sur Liège-Bastogne-Liège. Mais la version autrichienne est plus longue et la pente se raidit de plus en plus à mesure qu’on se rapproche de Gramartboden, le sommet. Quiconque réussirait à creuser un écart peut plonger dans la descente sinueuse jusqu’au centre d’Innsbruck et remporter le titre mondial.

Envoyé spécial en enfer

« L’essentiel en enfer est de survivre. » Voilà une citation de Michel Audiard qui va parfaitement à cette ascension finale. Survivre, ce n’est pas seulement résister aux pourcentages. L’étroitesse de la chaussée pourrait également être source de stress pour les coureurs. On assistera à une sérieuse bataille de placement et ce dès le pied. Sur une telle pente, le moindre écart peut en effet être décisif. Un coup de frein et la victoire peut vous échapper. Mais ce n’est pas tout : la qualité du bitume est à souligner. Dans les endroits clés, où les pourcentages sont les plus forts, la route accroche peu (voir photos). Tout cela promet du spectacle.

En allant au contact des supporters déjà présents sur place 24 heures avant le passage des coureurs, on remarquera que les Autrichiens, les Italiens, les Néerlandais et les Allemands sont les plus représentés. Mais un seul nom revient quand on leur demande un favori : « Julian Alaphilippe ! Je ne dis pas cela parce que vous êtes français, mais il a un punch impressionnant », nous raconte Willy, arborant la célèbre tunique orange qui nous fait deviner qu’il est supporter des Oranjes de Tom Dumoulin et Wout Poels.

Qu’on se le dise, il règne sur ces championnats du monde et plus particulièrement autour de cette ascension une ambiance très spéciale. Mais la seule certitude que l’on peut émettre est l’aspect historique de cette journée. Jamais dans l’histoire du cyclisme, un maillot arc-en-ciel ne s’est joué sur une côte aussi difficile.

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