A l’heure de faire les comptes, la saison 2013 ne restera pas dans les annales au sein de l’équipe Lampre-Merida, mais entre satisfactions et immenses déceptions, elle n’est pas non plus totalement à oublier. D’autant que désormais, la grande révolution promise en 2014 du côté des fuchsias , illustrée par l’arrivée du maillot arc-en-ciel Rui Costa, est imminente…

Une année rythmée par des coups d’éclats

Si le bilan comptable final s’élève à seize victoires au sein de la structure de Giuseppe Saronni, ce n’est pas grâce à une grande constance tout au long de la saison. Cette dernière avait pourtant débuté sur les chapeaux de roues, le prometteur Andrea Palini montrant la voie sur la Tropicale Amissa Bongo. Et alors que le monument Petacchi déclinait, le staff avait préparé le terrain en débauchant l’excentrique Roberto Ferrari de l’équipe Androni. Mais, réputé pour sa fureur lors des dernières lignes droites et ses accrocs durant le Giro de 2012, le natif de Gavardo n’a pas levé les bras une seule fois durant l’exercice 2013, malgré une régularité à toute épreuve. Décevant sur le Tour d’Italie où il s’était pourtant déjà imposé, c’est sur sa première Grande Boucle que le trentenaire a fait illusion, terminant dans le top 5 sur les Champs, à Marseille et à Tours. Son explosivité ne fait pas tout, et il est encore bien un cran en dessous des monstres de la discipline. Malheureusement, les autres sprinteurs ne furent pas non plus à lafête, ne convertissant jamais leurs occasions, symbolisées par l’exceptionnelle série de l’Argentin Richeze durant la fin de l’été, deuxième à volonté mais jamais gagnant. Quant à Ale-Jet, il aura réalisé un véritable camouflet sur ses cinq premiers mois, prenant une surprenante et courte retraite, avant de rebondir en poisson-pilote de luxe du ManxExpress chez OPQS…

Mais, dès que la route s’est élevée, ce qui correspond au principal terrain d’expression des transalpins, les résultats sont – périodiquement – arrivés. Impériaux sur la Semaine Coppi & Bartali, les pièces maîtresses de l’équipe se sont véritablement régalées. En démonstration tout au long de l’épreuve, Diego Ulissi s’est imposé facilement, alors que l’illustre Petit Prince s’est adjugé l’étape reine. Adriano Malori, le rouleur maison y est aussi allé de sa touche personnelle sur le chrono final, mettant fin au carton collectif. Soulignons aussi la victoire au général de ce dernier en Bavière, fin mai. Mais la suite fut nettement plus irrégulière, Cunego n’ayant plus pointé le bout de son nez au fil de la saison, d’une manière assez inquiétante ! Heureusement pour Lampre, Ulissi s’est réveillé. Et de quelle manière ! Vainqueur d’étape sur le Tour de Pologne, il fut surtout l’homme de fin de saison, en devenant imbattable sur les classiques italiennes automnales, alignant coup sur coup Milan-Turin et les Coupes Sabatini et d’Emilie. Également présent en chasseur d’étapes sur la Vuelta, il n’aura pas réussi à s’y illustrer, au grand désespoir de ses directeurs sportifs, désireux de plus sur les grands tours.

La progression de Niemiec, et un Scarponi encore placé

Car les courses de trois semaines n’auront pas tourné à l’avantage des Italiens cette saison. Sur son Tour national, Michele Scarponi fût proclamé leader, mais ne pu rien faire contre un Nibali survolté, et a même montré des signes de faiblesse au cours d’une troisième semaine éprouvante en raison des conditions épouvantables. Son lieutenant Niemiec l’a supplanté, ramenant à eux deux les quatrièmes et sixièmes places finales. Un échec pour toute la troupe du vainqueur du Giro 2011. Mais c’est surtout l’accumulation de podiums qui peut être source de remords chez la hommes de Saronni, puisque Scarponi aura pris la troisième place du Tour de Catalogne, la cinquième de Liège-Bastogne-Liège, avant un anectodique top 15 sur la Vuelta, où il se sera fait battre par Barguil et Geniez dans l’obtention de victoires d’étapes. Et ce n’est pas l’honorable performance de l’expérimenté colombien José Serpa, vingt-et-unième du Tour de France, qui sauvera le tout… Vous dites passation de pouvoir ?

On pourrait résumer ainsi le problème des Lampre, qui n’arrivent pas à marcher aussi bien sur les grands événements qu’à domicile. Car c’est bien chez eux qu’ils auront forgé leurs succès, dont un triplé sur le GP des côtes Étrusques. Pour cela, ils auront pu compter sur leur recrue phare, Pippo Pozzato. Moins fringuant qu’en 2012, étant invisible sur les flandriennes – en raison du froid (?) – il aura néanmoins gagné sur le Laigueglia, sur la Coppa Agostoni, et surtout remporté la plus belle victoire de l’année des maillots roses à Plouay, au terme d’un sprint incroyable. On remarque aussi les belles progressions du Croate Durasek, vainqueur des Trois Vallées Varésines et du jeune sprinteur Cimolai. Les jeunes, justement, sont bel et bien l’avenir de la structure, et Rui Costa incarne parfaitement le futur, à court et moyen terme. Lampre voit l’avenir en rose et n’a pas hésité à sortir le chéquier pour se donner les moyens de remporter le Tour de France d’ici les trois prochaines années ! Exit Scarponi qui s’en va jouer les gregarii chez Astana, et place à Sacha Modolo qui renforcera l’effectif de sprinteurs afin de décharger Pozzato. Alors, réalisable ? On les suivra de près…

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.