Ce jeudi encore, Chris Froome a géré. Il n’a pas gagné et a même concédé un peu de temps sur Quintana et Rodriguez. Mais qu’importe, il a conforté son avance sur son premier poursuivant. Ce n’est plus Mollema, qui a craqué. Contador, lui aussi fébrile dans l’Alpe d’Huez, est donc pointé à un peu plus de 5 minutes du maillot jaune. Et derrière le Madrilène, il y a trois candidats au podium final : Quintana, Kreuziger et Rodriguez. Les deux derniers jours de montagne s’annoncent donc mouvementés.
Quintana et Rodriguez en forme ascendante
Leur évolution à tous les deux a été impressionnante au cours de ces trois semaines de course. Au départ, Nairo Quintana était là pour épauler Alejandro Valverde en montagne, le leader désigné de la Movistar. Ayant perdu tous ses espoirs sur l’étape de Saint-Amand-Montrond, le Murcian a dû céder les rênes de l’équipe à son tout jeune coéquipier colombien, déjà impressionnant dans les Pyrénées. A 23 ans, Quintana apprivoise alors parfaitement ce rôle inattendu. Longtemps dans la roue de Froome dans le Mont Ventoux, il est celui qui limite le plus les dégâts sur le Géant de Provence. Avant de réaliser un très bon contre-la-montre vers Chorges, et de terminer quatrième ce jeudi à l’Alpe d’Huez. Premier favori au sommet, il se replace troisième au général, à une poignée de secondes d’Alberto Contador.
Du côté de Joaquim Rodriguez, c’est assez différent dans le parcours, mais la finalité est la même : le voilà en pleine forme pour les derniers jours de course. Le Catalan, pas vraiment à son aise dans les Pyrénées, est sorti par moments du top 10 au général. Mais d’abord placé au Ventoux, il a enchaîné avec un superbe chrono mercredi. Toutefois, c’est bien à l’Alpe d’Huez que le leader de la Katusha a fait la différence, terminant à quelques secondes seulement de Quintana, revenant ainsi à la cinquième place du général. A seulement 47 secondes de son compatriote Contador, et avec sans aucun doute l’envie de prendre une revanche après la Vuelta que lui a piqué le protégé de Bjarne Riis en septembre dernier. Sûrement les deux meilleurs grimpeurs derrière Froome, les deux Ibères pourraient bien mettre le feu dans les deux dernières étapes alpestres.
La Saxo peut tout perdre
Avant l’étape de l’Alpe d’Huez, Contador était deuxième, Kreuziger troisième. Oui mais voilà, les deux coureurs ont légèrement craqué dans la deuxième ascension du col isérois. Pas autant que les Hollandais de la Belkin, fort heureusement. Mais assez pour perdre de précieuses minutes. En se sacrifiant pour son leader, le Tchèque perd sa troisième place pour 12 secondes. Elles seront difficiles à reprendre, parce que désormais, il va falloir protéger Contador, menacé par Quintana. Lui aussi en difficulté dans les derniers kilomètres, l’Espagnol sauve sa deuxième place pour quelques secondes seulement. Une sorte de mini défaillance collective dans la montée au 21 lacets qui nous fait se rappeler de l’offensive portée quelques kilomètres plus tôt, dans la descente du Col de Sarenne. Une attaque des deux coureurs de la Saxo qui n’a pas abouti, mais qui leur a forcément coûté.
Alors évidemment, on ne va pas leur reprocher de vouloir faire vaciller Chris Froome, et de tenter chaque jour. Mais c’est un quitte ou double, et pour l’instant plutôt un quitte. On sait qu’Alberto Contador ne court pas pour la deuxième place, mais ne serait-ce pas judicieux de sauver le podium à une heure où la victoire est définitivement envolée sans un énorme problème pour Chris Froome ? Deux théories s’opposent, mais on ne reprochera pas à l’Espagnol d’attaquer encore et encore, avec l’aide du Tchèque, même si au final, ils perdent tout. Parce que concrètement, un podium pour le Pistolero, qu’est-ce que c’est ? Lui qui a remporté deux Tours d’Italie, autant de Tours d’Espagne et trois Tours de France – avant bien sûr qu’on lui en retire certains – n’a que la victoire en tête. Mais dans tous les cas, à trois jours de l’arrivée, bien malin qui peut affirmer sans hésiter de qui sera constituer le podium final.
Nairo Quintana est en très grande forme, il est le meilleure en cette fin de Tour. Cela paraît facile à dire maintenant, mais s’il avait mieux couru lors des premières étapes de montagne, il aurait pu pour moi tenir tête à Froome. On va bien voir aujourd’hui ce dont il est capable mais je suis persuadé qu’il peut mettre finir à moins de 4 minutes du Britannique à Paris.